Ce fut la première série née de l'entente entre Marvel/Disney et Netflix, celle qui a ouvert la voie aux suivantes et lancé le groupe qui se fera plus tard appelé The Defenders. Daredevil avait donc pour mission de fédérer et convaincre un public, jusque là surtout habitué aux grosses productions cinématographiques comme Iron Man ou Les Gardiens de la Galaxie, qu'il était aussi possible de regarder du Marvel sous la forme d'une saison de 13 épisodes, avec un ton plus mature, sombre et violent que celui des films. Cette première série devait suffisamment plaire au public pour lui donner ensuite envie de découvrir Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist qui étaient prêts à sortir eux aussi.
Et on peut le dire, ce fut une mission accomplie avec brio pour la série sur le justicier aveugle. Parmi ses collègues super-héroïques chez Netflix, Daredevil est celui qui a reçu les meilleures critiques et qui a connu le plus grand succès. Un succès pleinement mérité quand on voit à quel point l'équipe artistique s'est impliquée pour créer cette série. Et ce dès la toute première saison. Non seulement l'histoire racontée savait se montrer captivante, mais en plus on notait déjà dès cette première saison un véritable travail de mise en scène qui était jusque là absent dans les autres séries super-héroïques comme Arrow ou Flash. Dans Daredevil, les réalisateurs n'hésitent pas à proposer des plans-séquences pour offrir des scènes d'action fortes et immersives. La violence n'est elle non plus pas négligée. La série est brutale, elle marque par ses séquences de combat et son ambiance très mature. Le casting se montre irréprochable avec notamment un Charlie Cox aussi convaincant en aveugle qu'en justicier maître en arts-martiaux. Et le grand méchant de la série, Wilson Fisk, est campé par un Vincent D'Onofrio exceptionnel. Le calme du personnage n'est tranché que par ses excès de rage et de violence brusques.
La première saison a donc convaincu les spectateurs et rassuré les producteurs qu'il était possible de créer une série super-héroïque de qualité, sombre et brutale, loin du modèle du MCU sur grand écran. Libérées par le succès de la première saison, les deux suivantes se montreront encore meilleures avec des séquences toujours plus impressionnantes, des plan-séquences toujours plus longs et des scènes de combats toujours plus violentes. Contrairement à sa collègue Jessica Jones, aucune des trois saisons de Daredevil ne se montrera décevante. Même la seconde saison marquée par l'absence relative de Vincent D'Onofrio maintiendra un niveau de qualité élevé. Ce qui, encore fois, n'avait pas été le cas chez Jessica Jones après le départ de Kilgrave, son grand antagoniste en saison 1. La série n'a jamais vraiment réussi à s'en relever. Alors que pour Daredevil, ça n'a même pas semblé poser de problème, allant même jusqu'à introduire un nouveau personnage, The Punisher, qui plaira tellement qu'il aura à son tour l'honneur d'avoir une série à son nom, également qualitative.
Depuis que Disney a rompu l'entente pour développer des séries avec Netflix et ainsi récupéré les personnages, Daredevil est le seul du groupe des Defenders dont le futur est teinté d'espoir. Alors qu'il est fort peu probable de voir une troisième saison pour Luke Cage ou Iron Fist sur la plateforme Disney+, il n'a en revanche pas été exclu que Daredevil revienne, peut-être pour une quatrième saison. Ou sous une toute autre forme. Ce n'est pas surprenant de la part de Disney, ils ont bien compris que la série a toujours du potentiel et qu'elle a rassemblé une communauté de fans non négligeable. Les spectateurs ont été au rendez-vous pour cette série super-héroïque qui a vraiment tenté d'apporter du sang neuf sur le petit écran. Réunissant un groupe d'artistes aussi talentueux devant que derrière la caméra, Daredevil a prouvé qu'il était possible pour Marvel de raconter les histoires de ses super-héros ailleurs qu'au cinéma.