Daredevil m'a fait l'effet d'une prise d'otage.
Si l'on est plongé directement dans la série dès les premiers épisodes, c'est grâce à une mise en scène osée qui nous fascine dès les premiers instants. La saturation des couleurs qui renforce ces décors surréalistes, doublé d'une lumière tout aussi irréelle donne un cachet très particulier à l'oeuvre. Elle nous permet de se plonger dans cet univers fantasmé de Matt Murdock qui, aveugle, ne peut qu'imaginer ce qu'il perçoit grâce à ses autres sens. Cette mise-en-scène a ce petit quelque chose qui démarque Daredevil des productions Américaines habituelles.
Et puis c'est le drame. La série retombe dans les conventions standardisées de la série holywoodienne avec une rigueur d'école qui rend celles-ci si insipides. On recommence à filmer le réel, à reproduire la lumière du jour dans des décors urbains classiques. Même l'appartement de Murdock, superbement mis en scène dans le premier épisode avec ces éclairages publicitaires qui envahissent tout l'espace, devient simplement "trop éclairé".
Alors on se rend compte de la supercherie. Daredevil n'est qu'un Marvel classique. On a un héro, torturé entre son envie de sauver l'humanité et son aversion pour la violence. Ses sidekicks qui vont l'aider dans sa quête de justice. Et le grand méchant, grand classique du philanthrope incompris pour qui la fin justifie les moyens. S'en suite une histoire d'enquêtes entrecoupée de scènes bastons interminables.
Les-dites scènes de combat étaient déjà très longues dans les premiers épisodes mais elles étaient tellement bien mises en scène qu'on prenait plaisir à les regarder. Dans la suite, ça devient juste ennuyeux au possible. Sans parler de la règle habituelle de l'histoire de super héro qui veut que tout ennemi a appris le Kung-Fu dans sa jeunesse et est un combattant à main nue hors pair.
Mais on regarde. Parce qu'on a été happé dans l'intrigue grâce à cette fabuleuse mise-en-scène des premiers épisodes. On baille, certes, mais on regarde.
Puis on soupire de soulagement une fois le dernier épisode terminé, on se sent enfin libéré de l'emprise de cette série qui nous a bien roulés et on passe à autre chose.