Grand fan du personnage de Daredevil et de ses itérations comics, je me devais de voir cette série, d'autant qu'elle jouit d'une bonne réputation. Malgré ma méfiance grandissante envers tout ce qui sort des usines (n'appelons plus ça des studios) Marvel / Disney, j'ai donc tenté le coup. Après en avoir vu la première saison dans son intégralité, j'en ressors content mais assez dubitatif.
Le choix de se baser principalement sur la mini-série Man without fear de Frank Miller est justifié, mais une saison entière d'introduction, c'est un peu long, d'autant que certains événements vont paradoxalement un peu vite : ainsi le tout jeune empire de Fisk s'écroule en deux temps trois mouvements et sans réelle ampleur dans la chute. De plus on ne comprend jamais vraiment ce qui pousse Matt Murdock à doubler sa profession d'avocat intègre le jour à celle de justicier violent la nuit. Tout juste quelques phrases en cours de saison, mais c'est tout - d'ailleurs lorsque la série commence, Matt se balade déjà la nuit en justaucorps pour tabasser les vilains. Normal quoi.
De même, l'idée de prendre un costume est surtout justifiée par le besoin de sécurité du personnage (après avoir passé 10 épisodes à se faire recoudre la peau quotidiennement, il était temps), et lorsqu'il s'agit de passer commande au "tailleur", la question du design est rapidement expédiée par le besoin d'un "symbole" (en gros faire peur aux méchants) - alors même que la dichotomie diable / héros catholique, avocat / vigilante est pourtant bien amenée tout au long de la saison, et constitue sans doute l'un des points les plus fascinants du personnage de comics.
Et ce costume, finalement révélé dans les dernière minutes du dernier épisode... qu'il est laid vu de près... d'agile et insaisissable dans son simple habit noir, le personnage devient une sorte de brute renforcée de kevlar dans son costume final. Qui, sacrilège, n'est même pas rouge... Plutôt que d'un masque, Daredevil est donc affublé d'un casque. Triste, et peu engageant pour la saison 2.
D'autres problèmes tels que la difficulté à faire ressentir la cécité du personnage ou la représentation paresseuse de ses hyper-sens sont récurrents (en gros il entend super bien), sont parfois gênants autant pour un aficionado du personnage que pour un novice, et parfois corrigés le temps d'un épisode, le tout donnant surtout une impression d'impasse pour les créateurs.
Il y a quand même de nombreux bons points : l'interprétation est convaincante, voire remarquable pour Murdock et Fisk (ça tombe bien) et l'alchimie au sein du trio Matt / Foggy / Karen fonctionne à merveille. Les combats, trop longs et chorégraphiés en début de saison, deviennent plus sobres et du coup plus impressionnants au fur et à mesure que la série avance (et que Murdock évolue ?). Quelques épisodes tentent des choses visuellement (plans séquences) ou narrativement (flashbacks et présent qui se répondent), ce qui permet d'oublier un peu l'étirement de l'intrigue.
La série reste donc fréquentable, et propose une version honnête du personnage, jonglant assez bien entre l'hommage aux principaux temps fort du comics et l'affirmation d'une identité propre, ce qui, au sein d'une série qui, à tout prendre, est assez distrayante à regarder, est déjà pas mal.