Misfits
7.2
Misfits

Série E4 (2009)

Les Super-Héros anglais sont des fookin' bastards. Épatant et très malin.

Le bouche-à-oreille fonctionne petit à petit pour Misfits, et il faut reconnaitre que cette série britannique est épatante, que ce soit dans son esthétique, sa modernité, son ton résolument crue et graveleux, et surtout, dans le développement touchant de ses personnages principaux.

Saison 1: Cette première fournée, d'abord un poil maladroite, lente et poussive (le beau-père loup-garou, le tuteur zombie....) gagne vraiment sur la longueur, les menus défauts du début étant rectifiés.
C'est à dire que progressivement, et comme dans les meilleurs comic books, les pouvoirs des personnages servent de révélateurs de leurs états d'âmes, et creusent superbement leurs psychologies.
Cela, de manière originale et atypique tout en étant riche en émotions: par exemple, ce superbe moment à la fois romantique et glauque quand Simon, profitant de son invisibilité, espionne la tutrice chez elle, après la fin de leur rendez-vous.
Ou l'épisode tour de force, véritable temps fort de la saison, où Curtis s'acharne à se servir de sa capacité à voyager dans le temps pour changer la destinée de ses proches, avant de comprendre l'importance, le poids, de ses choix. Cette narration folle fait d'ailleurs penser aux meilleurs moments de Desmond dans Lost.

Et le ton étant maintenant trouvé, c'est en toute logique que l'épisode final force ces « anti-super-héros » à assumer leurs différences en affrontant une horde de zombies de la bien-pensance. C'est naturellement à Nathan, le roi des glandeurs, qu'incombe de clamer haut et fort, dans un super monologue sur la nécessité d'être des ratés, la profession de foi de la série. Jouissif.

Saison 2: Cette deuxième saison marque très clairement un bond qualitatif en avant, les persos étant bien définis, les créateurs, sûrs d'eux, peuvent se lâcher. Exactement ce qu'on attendait, les promesses latentes des débuts sont ici brillamment tenues.
En effet, l'approche de la série, l'imagerie comic book, dans un contexte vraiment personnalisé (x-men chez les lads en gros) est bel et bien là, et c'est chouette.
Cela se retrouve au niveau du style, le groupe étant à plusieurs reprises, de manière sérieuse ou non, filmés comme des icônes (le groupe marchant au ralenti sur fond de prodigy dans une reprise moderne improbable de La Horde Sauvage, le travelling arrière sur le mystérieux protecteur masqué espionnant les héros, le plan drolatique au possible du groupe en costume, bières à la main, la ville derrière eux).

(La suite du billet contient de gros SPOILERS)
D'ailleurs, le flash forward qu'avait eu Curtis, nous mettant l'eau à la bouche en nous suggérant que le délire iconique allait être poussé à fond en leur faisant porter de vrais costumes comme dans les comics, se révèle être un subterfuge. S'il s'agissait en fait d'une scène tiré d'une simple fête costumé, cela aura tout de même rendu possible un chouette clin d'œil.

De plus, cette saison, la série s'assume jusqu'à livrer, non plus strictement des adversaires de la vie réelle comme leur tutrice, mais bien de véritables nemesis aux pouvoirs redoutables: après une shapeshifter flippante semant la discorde dans le groupe, déboule un tatoueur redoutable, un gangster qui se croit dans gta, et pire encore, un laitier!
A priori inoffensif, il va en fait, le temps d'un épisode, devenir une variation autour de magnéto, pouvant dominer le monde grâce à son contrôle du lait! D'abord timide, maladroit et doté du « shittiest power ever », il va se révéler un ennemi absolument machiavélique pour le groupe.

Mais le vrai cœur de cette seconde saison, c'est ce fil rouge autour du mystérieux protecteur masqué, et l'histoire d'amour tragique qui en découle entre Simon et Alisha.
Les créateurs y vont franco avec cette intrigue comic book au possible, ce véritable code du genre vu et revu, que ce soit avec Trunk dans DBZ ou Hiro dans Heroes, mais la narration est intelligente, distillant petit à petit les infos de cette mythologie tarabiscotée. Et une dimension mélodramatique admirable arrive à passer (Alisha qui brûle le corps de son amoureux sur fond du Paradise Circus de Massive Attack).

On notera un parti-pris discret mais assez pertinent: la manière d'intégrer la culture populaire dans la série. Car ces ados ont grandi avec la culture comic book, c'est donc en toute logique qu'on trouve des références aux super-héros, aux bds et films qu'ils connaissent.
Cet élément se retrouve de manière rigolote quand le maigrichon sort une réplique du film Spider-Man à son ami le black, et que l'autre le ressort à la meuf pour réussir à casser avec elle.
Mais aussi sur un plan héroïque, quand le mystérieux protecteur sauve la black quand elle se fait agresser, la musique de Dark Knight se fait entendre, tout comme l'esthétique de son hangar est complètement calqué sur celui du Batman de Nolan. Un détail cohérent, parce que c'est un super héros fonctionnel, ancré dans un parti pris réaliste, tout comme l'est le Batman de Nolan, et en même temps, le fait que Simon se base sur ça révèle sa nature de geek.

En somme, après une saison deux aboutie et sans complexes, déployant avec virtuosité, générosité et émotions des arcs narratifs passionnants, après un épisode de Noël sympathique (mais un poil hors-sujet dans sa mythologie), on attend avec impatience (et aussi quelques craintes, l'interprète de Nathan, pilier comique de la série, ayant décidé de quitter la série) la suite. Vivement.
Dalecooper
8
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le 28 juin 2011

Critique lue 415 fois

7 j'aime

Dalecooper

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7

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