Misfits
7.2
Misfits

Série E4 (2009)

Ca commençait bien mais ça finit mal...

Misfits, c’est l’exemple même de la série à succès, avec tout ce que cela comporte de bonnes et mauvaises choses. Grande gagnante au BAFTA Television Award de la meilleure série dramatique, Misfits est l’œuvre de Howard Overman, déjà créateur de séries telles que Hôtel Babylon, Merlin ou plus récemment Atlantis. Clairement tournée vers un public d’adolescents, empruntant autant à Skins qu’à Heroes, la série aura su compenser son manque de budget par d’excellentes idées et un casting de premier choix. Après un démarrage en trombe et une promo réussie sur les réseaux sociaux à base de faux profils reprenant les personnages, Misfits souffre malheureusement du même syndrome que bon nombre de séries à succès : quand ça marche et que ça permet d’engranger un max de pognon, on étire sur la longueur. Parfois ça passe… Mais parfois ça casse…


Alors oubliez ici tout ce que vous connaissez des super-héros classiques de chez Marvel et DC Comics, Misfits se rapprocherait plus dans son ambiance et dans son approche du thème d’un Chronicle (2012) de Josh Trank, il y a d’ailleurs fort à parier que ce dernier se soit inspiré de la série anglaise.
On y suit donc les « aventures » de cinq petits délinquants condamnés à des travaux d’intérêt général (TIG), cinq « branleurs » (wankers), comme ils sont souvent appelés au fil des épisodes, qui vont se retrouver affublés de super-pouvoirs plus ou moins utiles. Des (anti)héros semblant au départ assez lambdas tant on retrouve les habituels personnages clichés du genre. Mais la métamorphose qu’ils vont subir va les rendre bien plus intéressants, les enfonçant encore plus dans leur situation marginale à tel point que leur pouvoir en devient parfois un handicap. La bimbo Alisha va provoquer des envies perverses à son égard dès que quelqu’un la touche, le discret Simon va se voir doté du pouvoir d’invisibilité, le honteux Curtis va pouvoir remonter le temps mais sans en contrôler le déclenchement, ou encore Kelly, très bavarde, va pouvoir entendre les pensées des autres.


L’idée de départ est somme toute assez simple, mais le traitement qui en est fait est des plus intéressants. Plutôt que de faire œuvrer nos héros pour le « bien », ces nouveaux pouvoirs vont faire basculer leur vie dans un enchainement de situations inattendues, parfois rocambolesques, mais toujours bien trouvées. Malgré une trame narrative générale qui suit son cours, de nouveaux « super-héros » vont faire leur apparition pour un ou deux épisodes, avec des pouvoirs prêtant parfois à rire (le contrôle du lait par la pensée…), contrairement à l’utilisation qui en est faite. En résulte des épisodes souvent bien barrés, à l’image des personnages, arborant constamment un coté excessivement trash. Outre des scènes de sexe et un coté gore généralement assumé, c’est surtout au niveau des dialogues que Misfits se révèle savoureux. Ils sont extrêmement bien écrits, à base de punchline délicieusement vulgaires, sortant essentiellement de la bouche du héros Nathan, qui est par ailleurs le seul dont on ignore le pouvoir tout au long de la première saison (même si un gros indice est présent dans l’épisode 4). Le tout est accompagné d’une bande originale aux petits oignons : The Prodigy, The Chemical Brothers, Justice,…


Deux premières saisons extrêmement réussies, grâce à leurs personnages donc. Mais c’est alors qu’on apprend que l’acteur principal décide de quitter la série. Et dès lors la dérive va commencer. Au lieu d’arrêter la série sur une note positive, quitte à décevoir tous les fans, les producteurs décident de remplacer le personnage de Nathan par un nouveau venu en TIG, Rudy, qui bien entendu possède lui aussi un pouvoir bien à lui. Forcément, au début, on reste sur la défensive tant Nathan était LE personnage emblématique et on se dit que sa disparition soudaine va donner un coup dans l’aile à la série. C’est effectivement le cas mais pourtant, cette saison 3 fonctionne encore tant le personnage de Rudy est tout aussi barré que Nathan bien que dans un autre genre. Il était encore temps d’arrêter la série là… D’autant que les autres acteurs annoncent leur départ de la série. Mais non, toujours plus avides de pognon, les producteurs décident de continuer la série et c’est le cast dans sa quasi intégralité qui change. De nouveaux personnages, de nouveaux pouvoirs, et tout l’attachement qui s’était créé pour les anciens s’envole et disparait comme un pet dans le vent. Surtout que les nouveaux sont bien moins réussis, que seul Rudy persiste, et force est de constater que la sauce ne prend plus.
Même les épisodes eux-mêmes ont du mal à se renouveler, aussi bien l’intrigue principale que les sous-histoires de chaque épisode. Le désintérêt du public commence à arriver, et c’est clairement justifié. Une cinquième saison voit tout de même le jour, dans la continuité de la quatrième, c’est-à-dire juste passable, et la série en restera là. Et il valait mieux.


Misfits est une série qui commence très haut mais qui finit malheureusement très bas. Le besoin d’engendrer encore et toujours plus d’argent lorsque le public répond présent aura une fois de plus pris le pas sur le reste. Alors que Misfits était bien partie pour devenir une série culte, elle ne sera qu’une énième série qui, à trop vouloir s’étirer en longueur, décevra une majorité de son public. Dommage.


Critique avec trailer et images : ICI

cherycok
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le 15 déc. 2015

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