Sense8
7.3
Sense8

Série Netflix (2015)

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Je vais sûrement faire quelques spoilers ci et là, alors voici en préambule un résumé des qualités et défauts de cette série, comme ça tout le monde peut le lire sans problème. En gros, Sense8 c'est à la fois génial et complètement nul. Mais le génial l'emporte tout de même, donc je reste sur un "petit" 7/10 ici.


Au rayon des trucs cool, on note :
- un concept scénaristiquement très accrocheur
- un mélange assez réussi entre action, humour, thriller et tranches de vie
- une variété des situations qui fait plaisir
- quelques scènes WTF qui rendent la série culte
- un message positif qui fait du bien (mais pas que, on va y revenir)


Et au rayon des trucs moins cool, on note :
- un message trop appuyé qui en devient parfois contre-productif
- un côté larmoyant trop prononcé, qui rend certaines scènes assez bidon (mais d'autres bien, bizarrement)
- des situations mal expliquées et qui paraissent parfois incohérentes
- un côté globalement manichéen (même si c'est plus nuancé que cela).


Bon maintenant j'y vais dans le détail, donc ça peut spoiler attention.


Cette série représente finalement assez bien les Wachowski (pour ce que je connais d'eux : les Matrix, Speed Racer, V pour Vendetta et Cloud Atlas), on y retrouve beaucoup leur patte, leur côté fascinant, mais aussi les choses que je leur reproche assez régulièrement.


Sense8 nous raconte la "naissance" d'un cercle de 8 personnes ultra-sensibles, inter-connectées par leur psyché. Ces personnes se trouvent aux 4 coins du monde et ont pour la plupart une marque identitaire bien identifiable, et parfois bien appuyée. Nous avons :
- Will, un flic white male cis hétéro (cette dernière notion est toute relative) de Chicago, mais plus idéaliste et progressiste que la plupart de ses collègues
- Nomi, une femme transsexuelle (anciennement homme donc), peu acceptée par ses parents mais soutenue par sa sœur. Elle vit en concubinage avec une femme noire (métisse), dont la mère blanche est juive et dont le père noir, non identifié biologiquement, est l'un des 3 anciens (ou actuels ce n'est pas précisé) amants de la maman. Nomi est très forte pour tout ce qui est catalogué "geek" (avec l'aide d'un autre personnage appelé "Bug")
- Wolfgang, un allemand (white male cis again) très porté sur la violence et le vol de bijoux, mais qui fait preuve en même temps d'un stoïcisme à toute épreuve, ce qui le rend des plus intrigants
- Kala, une indienne issue d'une famille bourgeoise qui va se marier avec un homme issu d'une famille encore plus aisée (homme très sympathique malgré ses défauts). Malheureusement, elle ne l'aime pas (en tout cas pas assez) et se sent enfermée au sein de sa famille et de sa condition. C'est l'experte en médicaments (talent à préciser !)
- Capheus "Van Damme", un conducteur de bus à Nairobi très optimiste sur la vie, et méga fan de JCVD (c'est un point important du scénario, oui). Sa conscience politique, plutôt en retrait au départ, s'affirmera peu à peu. C'est l'expert en conduite et en mécanique, mais il reste humble.
- Sun, l'experte coréenne en arts martiaux, qui doit faire face à l'indifférence (relative) de son père, et aux conneries de son (détestable) frère au sein de l'entreprise familiale, spécialisée dans la finance.
- Lito, le beau gosse bodybuildé mexicain, acteur célèbre de films d'action (nanars ou chefs d'oeuvre, on ne saura jamais vraiment), qui n'ose pas assumer en public son homosexualité, de peur de perdre sa crédibilité et ses contrats.
- Riley, la DJette islandaise passablement camée, qui retourne le dancefloor comme pas deux, mais qui souffre d'un terrible passé.


Comme vous l'avez peut-être constaté, le casting est très diversifié, car ce cercle représente l'idéal d'une société multiculturelle, multi-genrée, et non hétéronormée. C'est à mon sens une belle chose (en idéal et dans la théorie, puisqu'on sait que c'est beaucoup plus compliqué dans les faits), et on verra que l'intrigue joue beaucoup là-dessus. Malheureusement, la série souffre également d'un gros problème à ce niveau-là, car les personnages ont tendance à se confondre avec leur identité, et à, parfois, ne représenter presque plus que des clichés sur pattes, alors qu'ils auraient pu plus se défaire de cela.


Parlons du scénario maintenant : Une certaine Angelica est dans la mouise mais on ne sait pas trop pourquoi. Il y a son pote Jonas à côté qui est un poil plus serein mais qui sue pas mal du cul tout de même. Bon ben Angelica est tellement dans la mouise qu'elle se tire une balle pour faire chier le méchant qui arrive un poil trop tard. Le méchant est un vieux blanc riche mâle cis hétéro bien sûr, sinon on sortirait trop des sentiers battus (je précise cela pour montrer qu'à force de progressisme bien pensant, on en arrive parfois à répéter les mêmes clichés inversés)


Ensuite ça part en cacahuètes car elle donne en même temps naissance à un nouveau cercle de Sense8, nos fameux héros cités ci-dessus.


Eux découvrent peu à peu leur nouvelle caractéristique, et passent de l'incompréhension de voir leurs copains imaginaires lointains, à l'acceptation, et l'apprivoisement de leur nouveau pouvoir.


Cela donne au départ un concept sympa : chacun aide l'autre dans ses galères, grâce à ses compétences : Will est un bon flic qui connaît les situations compliquées, Sun est une tarée en arts martiaux, Capheus sait conduire comme pas deux, Wolfgang est LE badass du groupe qui casse des tronches, Lito sert à tromper ses adversaires en jouant la comédie, Nomi craque des codes de sécurité à distance, Kala sait fabriquer des médocs et s'y connaît un peu en médecine, enfin Riley n'a pas trop de compétences particulières, mais possède ses entrées dans de nombreux clubs de musique, ce qui est un atout pour la préparation de plans élaborés.


Par ailleurs, quelques amours se forment à distance, ce qui donne lieu à des sessions sympathiques "par la pensée" (mais on voit tout, je précise pour les âmes prudes). On découvre d'ailleurs que derrières des semblants hétéros ou homos, leur sexualité est plus fluide qu'il n'y paraît (je spoile même un peu plus : vous aurez droit à 3 gangbangs géants au cours de la série, scènes absolument WTF et presque risibles, mais en même temps assez fascinantes car osées et peu communes). Sûrement une volonté de l'équipe de la série, pour toujours aller dans le sens des "avancées" sociétales actuelles (après on adhère ou pas, mais cela est à souligner).


Pour revenir au scénario, en plus des problématiques de chacun, en partie résolues grâce à l'aide des autres, un fil rouge se suit constamment, montrant la lutte entre nos héros et le méchant qui veut récupérer leur corps pour des raisons plutôt floues.


Le ton d'ensemble oscille entre le dramatique et le très léger, pour un résultat efficace mais aussi très inégal. Certaines scènes sont très poignantes, d'autres carrément ridicules. J'ai particulièrement adoré la scène "flash-back" de l'accouchement des mères de chacun, mais je pense que certains ont pu lâcher la série à ce moment-là. J'ai trouvé nul par contre la scène de danse indienne à la Bollywood, qui m'a rappelé les pires heures de Matrix 2 (même si ça se justifie plus ou moins). Et au niveau des personnages, s'ils sont assez caricaturaux, ils restent attachants. Ma préférence va peut-être pour Lito, car il apporte une touche légère plus que bienvenue à l'ensemble, qui a tendance à parfois trop se prendre au sérieux.


Pour continuer sur le développement de l'intrigue, j'ai pour ma part apprécié la saison 2, peut-être plus que la première. Néanmoins, le premier épisode "spécial" (de la saison 2 donc) est extrêmement long pour pas grand chose. Heureusement, ça s'arrange par la suite. Un problème réside sur l'appréciation de l'épisode final. La série ayant été annulée (même si j'apprécie la série, je peux comprendre en partie pourquoi elle n'a pas eu plus de succès que cela - sûrement pour des bonnes ET des mauvaises raisons), ils ont dû condenser une conclusion en 2h30 alors que plusieurs autres saisons auraient pu venir. Et bien malgré ce côté partiellement inachevé, l'épisode est en soi très bien, et si on sait à quoi s'attendre, ça passe.


En conclusion, je dirais que cette série mérite clairement d'être vue, mais qu'il faudra passer outre certains moments un peu nuls doublés de quelques longueurs énervantes. Il faudra aussi accepter un scénario fascinant mais en dents de scie, et ne pas être trop regardant sur le message politique, sympathique mais parfois simpliste. Tout de même, si on apprécie l'originalité et le mélange des genres, on en ressortira (plutôt) conquis.

joseaxe9
7
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le 19 nov. 2018

Critique lue 246 fois

1 j'aime

Jojo's Jar

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