Sense9
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Comment se fait-il que cela n’ait pas été imaginé plus tôt ? L’idée que huit personnes, dans le monde, sans liens apparents, puissent les unes et les autres agir ensemble. Chacune ayant la possibilité de profiter des connaissances et capacités d’une autre, à tout moment. Comme si les Wachowski (créateur de Matrix ou de Jupiter Ascending) avaient décidés, avec l’appui de J. Michael Straczynski (créateur de la série Babylon 5 et de comics variés) de pousser encore plus loin l’expérimentation de Cloud Atlas. Ce dernier, adaptation d’un best-seller mettait en scène six personnes toutes liées, d’une manière ou d’une autre, par le destin ; récit humanitaire qui s’échelonnait sur six générations. Par conséquent, le frère et la sœur les plus connus d’Hollywood restent en terrain connu, pour mieux développer leur mélange artistique et élaborer l’idée que l’humain est une créature riche de potentialités. Pour autant ils ne recyclent pas leurs idées, ils s’auto-référencent, remettent au goût du jour le concept qu’une poignée d’êtres humains se trouvent sous le joug d’une société qui les rejettent, autant pour leurs dons que leurs différences.
Sense8 démarre par le récit différé de huit personnes, en apparence différentes, qui seront ‘’recrutées’’ par un ‘’terroriste’’ recherché, leur révélant qu’ils sont des ‘’sensates’’, des êtres à la sensibilité exacerbée. Parallèle facile avec Matrix, sans rester au ras des pâquerettes car le duo a résolument changé le ton de son message, notamment en ce qui concerne la sexualité. Sense8 est alors, entre autres choses, un plaidoyer pour la cause homosexuelle ou encore le multiculturalisme. À une époque où les tensions sont de plus en plus présentes, que les goûts et les couleurs sont discutés par chacun, faire de personnes sensibles des rebuts de l'humanité est intelligent. Procédé qui permet au trio de créateurs d'exprimer leur profonde humanité, ainsi que leur théorie comme quoi plus les êtres seront mis à l'écart, plus la tyrannie pourra s'exprimer. Au final pour les Wachowski comme pour Straczynski, on ne peut s'éveiller à la conscience de l'autre qu'en acceptant ses différences, ce qui par conséquent, nous permettra de nous élever moralement. En outre, chaque personnage devra s'élever, sortir de sa place sociale pour s'unir en un être unique et enrichi.
Pour autant, une union de plusieurs êtres ne signifient pas la mise à mort de leurs origines. Chacun se verra attribué un récit bien précis, qui servira de fil directeur sur les deux tiers de la saison, permettant d'offrir aux réalisateurs la possibilité de rendre compte de la variété du monde (d'autant qu'ils ont tenus à tourner les scènes sur place, à Séoul, Bombay, Nairobi ou Reykjavík).
Dans cette philosophie de l'Union, presque utopique, on retrouve tout ce qui fait le sel des créateurs de Cloud Atlas : une multitude d'endroits, d'histoires et de destins entremêlés qui forment un canevas d'une grande précision. Sans céder aux appels des effets spéciaux, préférant un rendu organique et des trucages réels, mais surtout un grand usage du montage, les Wachowski créent un Cloud Atlas en plus fort, plus long. Sans oublier d'y insérer quelques détails, comme leur goût pour les arts martiaux en place des super-héros (Vandamn VS Batvan) ou encore la capacité, le culot, qu'ils ont de faire des scènes de partouze ou d'humour assumé, Sense8 représente la liberté qu'ont désormais les Wachowski et Straczynski à la télévision, quand Hollywood les a lâchés sous prétexte que leur projets sont invendables.
Un film de douze heures, en décalage total des séries misérabilistes et sordides (The Walking Dead, Game Of Thrones), ce qui ne l'empêche pas d'être mature et en avance sur les autres. Pas besoin d'effusions de sang ou de grandes scènes dramatiques pour réussir son coup.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 14 sept. 2015
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