Sense8
7.3
Sense8

Série Netflix (2015)

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 * Attention, quelques spoilers se trouvent ici et là. *

La sensation d'être seul(e), isolé(e), insignifiant(e), sans valeur.
Et malheureux(se).
Quels que soient son origine, son sexe, sa sexualité, son passé, son entourage, ses conditions de vie, sa spiritualité (ou son absence de), son nombre d'amis réels et virtuels, de posts, de likes, qui n'a jamais éprouvé cette détresse ?


C'est le cas, plus ou moins, et à différentes étapes de l'intrigue des personnages de Sense8, qui, devinez quoi, sont au nombre de 8.


S'il y a plusieurs leçons à retirer de cette série, c'est que nous avons toutes/tous une place, nous avons toutes/tous de la valeur, nous sommes toutes et tous lié(e)s.
S'il y a un mot pour résumer cette série, ce serait : empathie, un mot que j'ai énormément utilisé ces derniers mois. Et comme par hasard, Sense8 déboule pour nous en faire une belle démonstration.
L'empathie, c'est la faculté de se mettre à la place d'une autre personne et de percevoir ce qu'elle éprouve (merci M. Larousse.) C'est ce qui se passe ici, précisément, dans Sense8.


La série nous propose une jolie galerie de personnages, au traitement inégal toutefois (j'y reviendrai plus tard). Aussi les 2-3 premiers épisodes peuvent-ils paraître lents, ennuyeux. Mais que c'est bon de prendre son temps ! On prend plaisir à rencontrer ces êtres, à voyager, aussi. On se laisse porter par ce rythme doux et ça fait du bien. On peut croire que rien ne se passe, mais il se passe toujours quelque chose, regardez, patientez.


Et puis, ça s'accélère, doucement. On commence à découvrir d'autres facettes des personnages, leurs tourments. Ils se rencontrent, se déplacent d'un pays à l'autre, développant ainsi un réseau qui dépasse de très très très loin toute face de bouc. Quasiment une famille. Ce que j'ai beaucoup apprécié, c'est que les Huit prennent conscience de leur faculté et l'assimilent rapidement, sans se poser trop de questions, ce qui laisse la part belle à leurs interactions.


Les méchants arrivent. Le grand méchant loup qu' "il ne faut pas regarder dans les yeux", succincte et sublime mise en garde qui fait référence à nos peurs les plus enfantines.


Les scènes d'action sont toutes formidables. J'avais quelquefois l'impression de retourner dans un MMORPG où différents personnages peuvent s’entraider grâce à leurs compétences propres. La première baston en Afrique où Sun intervient et combat à la place de Capheus est géniale à mes yeux. Et la poursuite dans San Francisco, au montage implacable.


D'autres scènes sont un peu moins utiles, par exemple la tentative d'assassinat du futur beau-père de l'indienne. Cette dernière n'est d'ailleurs pas le meilleur personnage, un peu trop pleurnicharde, un peu fadasse. Le flic américain manque un chouïa de charisme aussi, à mon goût. Et la petite-amie de la hackeuse est trop parfaite, un pur cliché.


Sun et Capheus, par contre. La guerrière qui met ses émotions dans ses poings. Le toujours souriant chauffeur et fan de Jean-Claude Van Damme. Et puis Wolfgang, qui m'a bien donné envie de me remettre à l'allemand.


Cerise sur le gâteau, on le voit tout nu, le teuton. Et ça fait plaisir. Encore plus lorsqu'il participe à une orgie sexuelle entre "sensates", scène très troublante, qui brise les limites des sexualités traditionnelles, et encore une fois, admirablement montée (sans jeu de mots coquin, promis, juré, craché).


D'autres "communions" sont tout aussi marquantes : un lever de soleil, un film de JCVD, un chagrin d'amour (scène dans le musée mexicain qui a vite fait d'embuer mes lunettes).


Enfin, il y a CETTE scène qu'on pourra trouver boursouflée, comme certains dialogues, mais c'est ça les Wachowski, c'est couillu au risque d'en faire trop. Mais non, ici ça marche, petit miracle, cette scène des accouchements sur une musique enchanteresse sera un des moments forts de mon année. C'est cru, magique, bouleversant, transcendant.


Une autre scène d'accouchement est plus dramatique et néanmoins tout aussi inoubliable. Elle concerne Riley, l'Islandaise mélancolique dont le regard et les rares sourires cachent une tragédie. Après quelques réminiscences lors d'épisodes précédents, on revit ce drame, du début à la fin dans le dernier épisode. Chair de poule, larmes, espoir, horreur.


Le mélange de scènes de pure baston et celles reposant sur le partage d'émotions, de sensations qui culminent donnent à Sense8 tout son potentiel.


Cette série donne envie de croire en soi, en l'autre, d'apaiser sa propre colère et celle des autres. Elle donne envie de partager. Elle donne confiance en soi et en son potentiel.


Souvenez-vous, nous avons toutes et tous une place. A nous de la trouver / de la laisser nous trouver. Quelquefois, elle est déjà là, sous notre nez. Et laissons-nous guider.

LeslieLou
8
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le 2 juil. 2015

Critique lue 1.5K fois

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LeslieLou

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