Silicon Valley n'est pas une série révolutionnaire, encore moins une série qui tient la vérité absolue sur la silicon valley. Mais cependant Silicon Valley est peut- être de loin la série sur les starts- up la plus intelligente jamais vue sur le petit écran : Mike Judge et sa clique de showrunners ont réalisé un superbe travail, et on se demande pourquoi Silicon Valley n'a plus de succès, même si elle en a un, celui de l'estime.
Que ce soit les dialogues souvent savoureux, le scénario très bien travaillé qui permet d'entrevoir toutes les facettes d'une nouvelle start- up composée de petits génie de la com' et de l'informatique mais aussi tous ses défauts, le générique très court mais qui résume très bien l'esprit "nouveau" de la série, mais aussi les différents personnages très sympas malgré leurs stéréotypes et leurs interactions qui semblent normaux, sans trop en faire.
Contrairement à Big Bang Theory, cette série comique ajuste la bonne dose d'esprit novateur et retro- geek sans trop en faire, ce qui la permet d'être très juste et très réaliste dans son propos. L'ambiance est particulièrement réussie, à la fois lente, posée, et aussi excellente dans la narration de l'histoire, oscillant entre moments de déprime absolue et moments de joie absolue, on s'identifie complètement aux personnages qui ne sont pas caricaturaux pour un sou et dont certains sont déjà mémorables.
Le montage, la musique, et la photographie sont de très bonnes factures, dont certains fins d'épisodes aussi originaux qu'inattendus nous offrent des moments cultes, d'autres carrément légendaires (vous verrez si vous n'avez pas vu^^).
La direction d'acteurs est impeccable, avec des interprétations grandioses avec des personnages bien mieux traités que l'on croit : si Thomas Middleditch, Armanda Crew, Josh Brener font le job en tant que jeunes geeks irresponsables et petits génies maladroits ayant aucune expérience du monde impitoyable des affaires, c'est bien T.J Miller qui est la révélation de cette série, il crève littéralement l'écran, aussi hilarant que cassant, il nous amuse aussi bien qu'il nous irrite, et nous délivre des vérités farfelues qui malheureusement se révèlent souvent justes, et les seconds rôles Martin Starr et Kumail Nanjiani sont absolument géniaux dans leur rôle, leur duo est instantanément culte.
Les showrunners n'hésitent pas à dresser une critique particulièrement "acide", noire et très cynique du milieu de la start- up américaine, transformant notre rêve américain en rêve inaccessible, bouchée, perclus d'épreuves et de défis impossibles, où les jeunes doivent en "chier" un max pour arriver au poste de "digne héritier des 2 Steve : Jobs et Wozniak". Là, au fil des épisodes, la mise en scène fluide et quand même très classique (je n'ai pas dit que c'était un gros mot !) appuie une véritable critique du capitalisme américain dans son état le plus pur : un million de dollars vaut maintenant un clic, tout est purement virtuel, et complètement immatériel, parfaitement complétée par le discours très floue de la série entre cynisme et comique (l'épisode de la mort de Peter Gregory est l'apogée de ce discours de façade, de cette illusion puisque l'acteur est réellement mort à ce moment- là). Tout est illusion, il n'y a que ceux qui l'assument et ceux qui ne veulent pas l'accepter, mais Silicon Valley, en plus d'être la revanche des geeks, est la sublime métaphore de la loi du plus fort : tous les coups sont permis, tout ce milieu des affaires est absurde, seul le plus fort peut survivre dans cet jungle de tous les excès qu'est Silicon Valley.
C'est alors que Silicon Valley prend tout son essence et tout son propos en développant avec pertinence sa réflexion sur les nouvelles technologies et le monde de demain : la frontière entre monde virtuel et monde réel semble anoblie, qu'est- ce que le réel aujourd'hui ? qui sont ces personnes, ces génies invisibles, excentriques et barrés, qui gouvernent et qui vont gouverner notre monde ? et au fait, avons- nous réellement le choix de choisir un autre mode de vie que celui imposée par la silicon valley sous peine de se faire exclure de la société ?