Stranger Things, ou comment une seconde saison peut être meilleure que sa première

Je vais être franc : je n'ai pas apprécié la saison 1 de Stranger Things.

Alors oui c'est plutôt bien réalisé et les acteurs sont bons dans l'ensemble, mais c'était vide de tout intérêt. J'y voyais plus un pastiche de séries et films des années 80 qu'une vraie série, avec une vraie ambition. De plus, elle avait un peu le syndrome "Marvel", c'est à dire insérer de l'humour dans du """dramatique""" (c'est très vite dit), qui est pour moi qu'une faiblesse d'écriture dans certaines productions que l'on peut voir de nos jours, alors que raconter une histoire humoristique en rajoutant du réel et de la tragédie est diamétralement différent (cf The Nice Guys de Shane Black). Bref, une première saison beaucoup trop "surcotée" pour moi et presque inutile d'intérêt.

Et puis, le 27 Octobre 2017, débarque la saison 2 de cette série qui m'avait laissé un mauvais sentiment. Le début de la saison 2 reste dans les carcans de la saison 1 et ne s'en échappe pas trop (sauf grâce au personnage de Bob joué par Sean Astin par moments).
Tout d'un coup, l'épisode 4 débarque. Et la querelle entre Hooper et Eleven commence à me faire apprécier la série. L'épisode 5 me surprend avec sa fin "all is lost", puis les épisodes se poursuivent et les deux derniers sont presque parfaits. Pour moi, ça y est, Stranger Things a réussi à me captiver. Surement puisqu'il arrive à se détacher de ses références et proposer une histoire originale et très bien réalisée, comme dans l'épisode 7 qui est très bon à ce niveau là, et qui permet une fraîcheur dans cette angoisse permanente d'Hawkins en prenant le parti pris de raconter une histoire que je n'aurai jamais cru voir dans cette série si vide d'intérêt auparavant.
L'épisode 8 a une montée dramatique qui est vraiment bien écrite, même si très prévisible, et l’événement tragique de l'épisode est marquant, pour sûr. Le jeu d'acteur est passé à un niveau supérieur, surtout pour Will et ses crises très bien retranscrites par Noah Schnapp que je trouvais un peu faux au début. Mais aussi, la révélation de cette série c'est bien sûr Sadie Sink et son personnage qui apporte une fraîcheur dans cette série qui sentait le réchauffé. Je pense que ce personnage montre bien la maturité qu'a pris la série, qui ne se complaît pas dans sa famille de "rêve américain" et qui ne se laisse pas faire. Cette maturité se ressent aussi dans la fin de saison, avec cette fameuse ligne délivrée par le personnage Nancy, interprété par Nathalia Dyer, à Dustin, interprété par Gaten Matarazzo : "Girls are dumb at your age". Pour moi, c'est une preuve que la série à évolué et est passée de clichés et d'ambiance retro 80's pour se trouver son propre genre et se libérer de cette obligation de donner envie au public de la voir. Le seul problème pour moi est que la musique n'est plus composée par Johann Johannsson, qui délivrait des très bon thèmes, alors qu'ici la musique ne fait qu'accompagner le récit et non le transcender.

Une série qui me laissait indifférent m'a finalement surpris, grâce à une libération artistique et une vraie preuve de maturité, autant dans le scénario, que dans le jeu des acteurs que dans le design. Stranger Things, tu as toute mon attention.