La malédiction des suites.

Y’aurait que la saison 1, ma note flirterait avec le 9/10. Malheureusement, la saison 2 vient tout gâcher. La deuxième saison, c’est un peu comment casser son jouet préféré ou la naissance du petit frère débile.

Je suis clairement le public cible. Ayant grandi dans les années 80, j’ai été biberonné à E.T., les Goonies et autres Empire du soleil, bien que celui-ci soit dans un domaine moins fantastique. On retrouve dans la première saison le souffle épique de cette période du cinéma. Ce moment où des mômes hyper attachants tenaient le premier rôle grâce à leur imagination et leurs jeux, face à des adultes terre à terre et vautré dans leur quotidien. C’est la recette classique, ce qui semblait être un jeu au départ va rejoindre le monde des adultes et les enfants, plus habitués à cet univers, vont prouver leurs capacités de réaction et d’intelligence.
La très attachante Eleven va être la clef de voute de ce schéma hyper classique mais très efficace.

Malheureusement, la saison 2 va allégrement se torcher le cul avec les bonnes intentions de la première. Les adultes, omniprésents, brisent la magie de l’enfance et de l’imaginaire. On ne comprend plus très bien le rôle de chacun et les personnages ne seront nullement approfondis. On n’apprend rien de neuf, aucun ne se dévoile. Eleven va bien faire un retour dans son passé mais cela ne sera d’aucune utilité pour le twist scénaristique (qui n’en est d’ailleurs pas un). A aucun moment je n’ai frissonné, eu de l’empathie, où chercher à comprendre au-delà de la surface des événements. Cette saison n’incite à rien. Si l’on rajoute que le tout est servi sur un ramassis de clicheton des années 80 (le punk méchant mais gentil, la mignonnette badass en skateboard, le méchant grand frère caricatural à pleurer qui n’aura servi à rien, le gros black dans le rôle du gentil nounours…) et l’horrible jeu d’acteur du comédien qui incarne Will (je le préférais porté disparu celui-là), on a fait le tour de 10 épisodes réalisés à la va vite, sans âme, sans cœur et surtout sans réflexion autour de ce qui a fait le succès de la première saison. Notons un sympathique clin d’œil avec l’apparition du charismatique Sean Astin qui avait joué dans les Goonies, même si ici, il va crever comme une vieille merde alors que finalement, il apportait un peu de fraicheur dans ce lent massacre.

C’est très dommage. J’ai l’impression que l’équipe de réalisation a voulu montrer les gros bras. Après un unique méchant lézardesque dans la première saison, on va en refiler des dizaines (et même un apprivoisé, my god, que c’était nul), on va rajouter un monstre hyper géant qu’on verra jamais (mais la saison 3 est sur les rails, ouf), Eleven va même saigner des 2 narines tellement c’est plus puissant que jamais.

Mais, à bien y réfléchir, cette suite a le défaut des suites des années 80. Souvent plus mauvaises, plus putassières, très éloignées du propos original, on va en faire des caisses en passant largement à côté du charme désuet du premier opus. On peut prendre à la volé Indiana Jones et le Temple Maudit, Aliens, Retour vers le futur 2 (bien que celui-ci soit discutable) qui sont plus petits que leurs ainés.
Notons que les troisièmes ont parfois été des réussites et nous verrons ce que l’avenir nous réserve. Tout cela me fait me dire qu’heureusement, nous n’avons jamais eu de Goonies 2. Il eut peut-être été préférable de s’arrêter là.