Heureusement qu'il y a Kirito et Alice...

Après une deuxième saison bien plus portée sur la science-fiction et le post-apocalyptique que sur la Fantasy, la troisième saison de Sword Art Online renoue un peu plus avec la première saison, dans le sens où l'on laisse de côté les univers alternatifs et n'ayant pas grand rapport avec des univers de Fantasy pour un monde médiéval et des enjeux presque identiques à ceux présentés dans la première saison... En effet, on pourrait croire que cette nouvelle saison n'est qu'un gros copier-coller de la première mais cela serait quelque peu réducteur, facile et de toute évidence à côté de la plaque.

Kirito (Kazuto Kirigaya si vous vous souvenez) se retrouve à nouveau plongé dans un monde virtuel suite à une tentative de meurtre sur sa personne. Son implantation dans un monde virtuel est le seul moyen de le soigner en toute sécurité sauf que cette volonté n'est que la partie submergée de l'iceberg. Alors que dans le monde réel, les esprits s'échauffent, Kirito accompagne un jeune camarade dans sa recherche d'une amie d'enfance, enlevée jadis par des chevaliers.
Pas plus de spoil !

Et le premier point à soulever, contrairement aux deux premières saisons mais surtout jusqu'à preuve du contraire car je n'ai pas pensé à faire des recherches plus poussées, cette nouvelle saison n'est pas découpée en plusieurs arcs ou si elle l'est, on garde le même enjeu, la même intrigue de a à z. Et si la deuxième saison m'a été très agréable, je dois avouer être content de retrouver un univers de Fantasy - ce n'est pas comme si c'était ma drogue ou quelque chose du type. Pour ce qui retourne de l'histoire, si elle s'imbrique parfaitement dans une continuité que l'on peut qualifier de logique, je dois confesser avoir l'impression que le cycle SAO part complétement de traviole : je n'ai presque absolument rien compris, dans l'immédiat, aux enjeux technologiques concernant les mondes alternatifs, le rapport avec les MMO... si ce n'est les questionnements déjà présents dès la première saison. On semble entrer dans une partie bien plus sérieuse et dangereuse de l'animé et on nous le fait comprendre dès les premiers épisodes et "l'emprisonnement" de Kirito dans ce nouveau monde ne fait qu'accentuer cette volonté de sérieux, notamment avec l'effacement de tout ce qui faisait les MMO connus de Kirito, à savoir de simples jeux. Ainsi, tout le côté monde réel est un peu compliqué à comprendre, voire à apprécier. Ce qui n'est pas le cas, fort heureusement, du monde parallèle qui, malgré de nombreuses palabres sur les systèmes virtuels, demeure plus "simple" et accessible, plus divertissant en un sens. Une séparation qui permet une bonne dynamique et vitesse de lecture, d'autant plus qu'elle permet un mariage plaisant entre ces deux mondes. Et malgré les difficultés de compréhension notable, force est de constater que l'on nous réserve toujours de bons et surprenants rebondissements qui accentuent un scénario bien vivant et divertissant. On assiste à d'excellentes nouveautés comme toute la "mythologie" autour des épées qui, je trouve, est le meilleur point de la saison. Bien évidemment, il y a aussi des éléments bien moins réjouissants qui auraient pu être un peu plus détaillés pour ne pas dire complétement supprimés tant ils semblent inutiles ou clichés au possible (l'idée des boss à chaque étage d'un donjon, bon... c'est plus tellement frais et c'est surtout très mal amené dans cette saison) mais dans l'ensemble, c'est une bonne intrigue, de bons éléments scénaristiques qui nous attendent pour cette troisième saison.

Côté personnage, nous retrouvons Kirito à nouveau plonger dans le cauchemar virtuel mais cette fois-ci, sans qu'aucun joueur extérieur ne vienne l'aider dans sa quête. De ce fait, nous a le droit au Kirito à la vision très particulière sur les mondes virtuels pour qui cette nouvelle aventure va laisser des marques. Côté des adjuvants, nous avons Eugeo, un jeune villageois qui désire retrouver son amie d'enfance Alice et je dois dire que ce Eugeo représente à la perfection le personnage secondaire. Il n'a que très peu d'utilité si ce n'est d'être un Kirito numéro 2 et c'est franchement dommage car il aurait très bien pu être utilisé à meilleur escient. Ce qui est le cas de Alice qui doit, contrairement à Eugeo, posséder une évolution bien plus complète et prenante même si de nombreuses imperfections et interrogations sont à relever dans sa façon de se comporter ou de réagir. Outre cette Alice, le seul véritable personnage principal a avoir du relief est notre cher Kirito car même les protagonistes amis de notre héros, que l'on a déjà vu dans les saisons précédentes, sont passés sous silence, ce qui est encore plus flagrant avec Asuna qui, pour le coup, aurait très bien pu être retirée de la saison que cela n'aurait absolument rien changé : elle joue en réalité le spectateur à qui on explique le scénario. C'est triste à dire mais Kirito (et un peu Alice quand même) reste le seul pilier d'action parmi les personnages. Pourtant, ce n'est pas faute d'essayer de présenter des figures emblématiques et attachantes, notamment avec les chevaliers de l'Intégrité ou encore Cardinal, une sorte de Yui mais en 100 fois mieux. Je passerais sur les antagonistes qui ne m'ont laissé ni chaud ni froid et dont je me suis bien plus moqué qu'autre chose. Ainsi, à part deux figures fortes, on sent un répertoire assez faible...

"Graphiquement" parlant, c'est la saison la plus aboutie. L'animation est sympathique, le design agréable, le côté MMO ressort toujours aussi bien, les décors sont un peu plus simples que les saisons précédentes mais demeurent plaisants et l'on a toujours ce curieux mélange de plusieurs modèles 3D au rendu quelque peu original... Sur ce point, pas grand chose à déclarer.
Je profite que cette partie pour parler des génériques de début et de fin. Si on a des jeux visuels intéressants, un peu à la saison deux arc trois, je ne peux m'empêcher de le répéter une nouvelle fois : pourquoi vous spoilez absolument tout votre animé dans les introductions ? D'accord, question rhétorique, moi je m'en fiche mais sérieusement, le plus crétin des spectateurs est capable de décrypter le dénouement en moins de deux...

Pour les musiques, on garde la bande son des premières saisons en ajoutant cependant quelques sons fort agréables et émouvants.

Ce Sword Art Online : Alicization se veut bien sombre. En soi, la volonté est louable mais la complexification - du moins est-ce mon ressenti - du scénario et l'approfondissement des termes scientifiques et techniques sont de sérieux éléments décrocheurs. Si on tente de renouer avec la première saison, les nouveautés apportés peuvent très bien avoir les effets inverses : à savoir des spectateurs plus saoulés qu'autre chose. Pour ma part, grâce aux personnages et à cette fameuse "mythologie" des épées (qui est plus une appréciation personnelle), on garde le cap et on nous propose une saison agréable à visionner malgré de nombreuses interrogations. D'autant plus que la fin est des plus frustrantes et nous laisse sur notre faim : de quoi patienter pour la quatrième saison, ou le deuxième arc de la troisième saison, allez savoir. Une saison qui sent peut-être la fatigue et le manque d'idées révolutionnaires mais qui s'accroche pour nous proposer une histoire forte, loin de la hype des premiers épisodes mais qui parvient encore à nous faire rêver et questionner sur ces univers virtuels.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !