Une saison finale qui aurait mérité plus d'explications

Cette critique contient des spoils.

L’arc Aliciziation s’est fini il y a quoi quelques semaines désormais, de quoi me laisser digérer cette dernière saison pour mieux revenir dessus. Sword Art Online ne fait nullement partie de mes licences phares. J’ai suivi en diagonale la série au gré des diffusions de Game One. Je me suis donc très surprise d’accrocher à cet arc et le suivre assidûment. J’avais fait un résumé de mon impression et de mes attentes sur l’ultime saison.

Au final, si dans l’ensemble j’ai bien apprécié cette ultime saison j’ai tiqué sur plusieurs points et je trouve que la saison aurait mérité un ou deux épisodes de plus pour développer certains éléments.

On quittait la saison War of Underworld avec un Kirito prisonnier de sa propre psyché, laissant les rênes à Alice tandis que la guerre contre l’Underworld fait rage. Les compagnons de Kirito (et les membres de son harem) sont venus prêter main forte et secourir leur camarade. L’occasion de revoir certains personnages combattre comme Shinon et Leafa qui ont droit à des scènes entières où elles peuvent déployer toutes leurs compétences.

Shinon aura droit à un affrontement façon Gal Gun en se confrontant à Gabriel dans la peau de son avatar de sniper. Gabriel étant connu comme un grand gagnant du Bullet of Bullet, le duel se pare d’une dimension toute particulière pour Shinon. Sans compter que son dernier face à face avec Gabriel lui a laissé de graves séquelles. Rien qu’en voyant Gabriel, elle s’étouffe, revivant l’instant où l’homme a étranglé son avatar.

Du côté de Leafa, ce n’est guère plus reluisant. La jeune femme se confronte à la cheffe des mages noirs qu’elle défait d’un tour de main (après avoir subi une séance d’humiliation et avoir gagné le respect du chef des orques). Elle tiendra ensuite tête à toute une armée de joueurs, se soignant continuellement tout en subissant la douleur. Leafa souffre psychiquement et physiquement tout en démontrant qu’elle est loin d’être une faire valoir.

En fait voir Shinon et Leafa en baver autant rend les actions d’Asuna encore plus minimes. Si la jeune femme a droit à son moment de grâce avec ses souvenirs de Yuuki, je l’ai trouvé beaucoup moins mis en avant que ses consoeurs. Après cette impression peut venir de mon attrait pour le personnage. J’ai toujours trouvé qu’Asuna est un personnage qui n’évolue guère depuis l’arc Aincrad et dont le rôle se résume à être le love interest de Kirito et le soutenir de temps à autre.

Cet aparté effectué, revenons à l’intrigue. On ne va pas se leurrer : un des grands intérêts de cette saison était de savoir quand et comment Kirito allait revenir à lui. On a donc droit à ses compagnons tentant de tenir tête à des joueurs étrangers (américains puis coréens) manipulés par PoH. D’ailleurs aucun joueur ne réagit alors que PoH maltraite un handicapé mis à terre et que son influence n’est plus déployée. Un des multiples couacs de la saison qui m’ont fait tiquer.

Si l’éveil de Kirito est amené avec logique, il aurait mérité d’être davantage développé. On a droit à quelques brefs flash-back mais je trouve que ça aurait été l’occasion de les détailler et de montrer un Kirito plus fragile qu’à son accoutumée. Cette dernière saison possède quelques scènes en ce sens et c’est toujours appréciable de voir qu’un héros n’est pas dénué de failles. Le poids de ses anciens actes, tout ce que Kirito a vécu dans les précédents jeux depuis Aincrad est dévoilé durant cette introspection démontrant que, sous sa couche de joueur cheaté, se cache un adolescent torturé par ce qu’il a dû commettre et vivre. Mention spéciale d’ailleurs à la scène où Kirito se sacrifie pour rester dans le monde virtuel, quitte à se séparer à jamais de ses amis, ou encore celle où il parle d’Eugeo à Leafa non sans avoir craqué une fois de plus.

Cette ultime saison apporte aussi des réflexions sur la place des intelligences artificielles dans notre société. Une question qui est posée depuis des années mais qui n’est de cesse renouvelée tant nos avancées à ce sujet sont nombreuses. Le discours d’Alice sur ce thème est fort bien venu : simple mais efficace. Je trouve d’ailleurs que le personnage a énormément évolué au sein de l’arc. Elle rejoint elle aussi le harem (c’est assez classique dans SAO malheureusement) mais au vu de ce qu’elle vit aux côtés de Kirito, je lui pardonne d’être victime du syndrome de l’infirmière. D’autant plus que, malgré tout, Alice demeure une chevalière et une combattante, torturée de devoir perdre ses proches (dont son maître Bercouli) et encore plus de devoir fuir le champ de bataille.

C’est d’ailleurs un des points forts de cette saison : l’animation des combats. L’affrontement entre Bercouli et Gabriel (encore en empereur à ce moment-là) reste d’une maîtrise absolue avec un choix graphique percutant. Les traits sont accentués pour mieux rendre la puissance de ce duel où Bercouli donnera tout jusqu’à sa propre vie et réussira à détruire l’avatar de l’empereur. L’affrontement final entre Gabriel et Kirito n’a pas à rougir.

J’anticipais d’ailleurs beaucoup l’évolution de Gabriel ou, du moins, les explications à son sujet. Au final la saison se concentrant surtout sur l’éveil de Kirito, la psyché de Gabriel n’a pas le temps d’être traitée à sa juste valeur. Si j’en crois la fanbase, le light novel apportait plus de densité au personnage grâce à des introspections. On a rien de tel dans l’anime probablement pour ne pas briser le rythme ce qui est fort dommage. Du coup Gabriel devient un énième adversaire aux intentions obscures, prompt à la violence exacerbée. Un gros point noir pour moi.

Si cet arc comporte des défauts (dont des absences d’explication qui rendent des points confus tels que les intentions de Gabriel, la disparition de PoH, les souvenirs des “morts” de l’Underworld) il arrive tout de même à conclure proprement l’arc. On pourra reprocher un épilogue assez obscur avec un Underworld qu’on soupçonne avoir évolué avec des protagonistes qui semblent être les descendantes de Tiese et Ronnie tout en semblant avoir les souvenirs de leurs ancêtres puisqu’elles ont l’impression de connaître Kirito (et que Tiese voit Eugeo). Tout ceci est bien trop confus !

Sword Art Online ne va pas monter dans mon top-tier des animes mais je garde un très bon souvenir de son arc Alicization. J’espère que le prochain, Unital Ring, va amener la série à sa conclusion et surtout à le lier enfin, en bonne et due forme, à Accel World histoire d’officialiser enfin qu’Accel World se situe bien dans le futur de Sword Art Online.