Bon, je ne vous ferai pas le résumé de cette série, dont le synopsis est clairement exposé. Dans cette société où la fertilité est en voie de disparition, on assiste à une organisation politico-religieuse qui impose à des femmes le devoir de se reproduire pour des familles de pouvoir.


Cette société est exposée sur les cinq premiers épisodes environ et apparaît comme un huis clos. L'enfermement est omni-présent dans cette série et impose au spectateur une ambiance pesante et une atmosphère d'insécurité palpable.
Ingénieusement, le récit est relaté par les pensées du personnage principal. Il contient dans le crâne de son auteure, pas de journal intime. Le risque serait trop gros. L'accent est donc mis sur l'intériorité des personnages, leurs émotions, leurs non-dits, leurs secrets, leur passé, leurs souvenirs.
En contrepoint, le quotidien de Handmaids, ce qu'elles vivent concrètement. Un microcosme dirigé par quelques riches businessmen qui ont décidé de s'emparer de la fertilité de certaines femmes pour créer une société où la natalité ne serait plus un problème, sous couvert d'accomplir la volonté de Dieu.


Il y a un réel recul sur le culte dans cette série que je trouve très intéressant. Le culte et le pouvoir sont des thèmes majeurs et sont porteurs de messages forts.
Un autre thème très important est celui de la place de la femme dans la société. Les trois places données à la femme dans cette société font écho a celles des spectatrices dans leur propre société. C'est peut-être aussi le constat général des considérations actuelles de la femme qui poussées à l'extrême, mises en exergue, pourraient mener à de telles atrocités.


Je vous l'accorde le sujet global n'est pas rose, c'est pas le genre de série qui évoque un sentiment de liberté instantané mais met plutôt en position de réflexion et d'empathie. La maîtrise et la rigueur sont aussi présentes dans le fond que dans la forme. L'esthétique est simple et moderne et pose un décor, une scénographie qui évoquent à la fois un aujourd'hui possible et l'époque du puritanisme ou de la prohibition. Dans la réalisation, on nous accorde des envolées vers des souvenirs des personnages qui nous ramènent encore plus à notre réalité. Et le retour à cette société loufoque n'en est que plus lourd à supporter.


L'immersion du spectateur est vraiment réussie, je me laisse emporter par cette série sans cligner, avec impatience entre chaque épisode, et je suis curieux d'en connaître la suite. C'est un coup de coeur, parce que je suis surpris par sa construction, je suis chaque fois émerveillé par son écriture, sa photographie, son rythme si particulier. Lancez-vous.

MatthewOvenson
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le 11 juin 2017

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MatthewOvenson

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