Je n’avais jusqu’ici jamais entendu parler de la servante écarlate. Que ce soit du roman de Margaret Atwood ou de l’adaptation cinématographique de volker schlöndorff.
Je suis tombé par hasard il y a quelques semaines sur une affiche en plongée sublime avec une femme vêtue de rouge sur ce qui semble être une rose des vents. C’est alors que le synopsis m'apparaît.


Dans un futur qui nous semble proche, les hommes et les femmes deviennent de plus en plus stériles. Face à cette dure réalité, les États-Unis se sont petit à petit transformé en une société totalitaire suivant les lois bibliques sans que personnes ne réagissent véritablement. Le droit des femmes est alors bafouées et celles-ci sont ramenées à l’état de simple faire valoir dans une société gérée par les hommes et la morale. Tous les opposants aux Saintes Écritures sont exterminés et tous les œuvres jugés impurs sont brulés.
Les femmes sont classées selon trois ordres et officient au sein d’une demeure : les épouses (femme de patriarche qui domine la maison), les marthas (celles qui s’occupent des tâches ménagères) et les servantes écarlates ( femmes fertiles, utilisé uniquement pour la reproduction de l’espèce).


Nous suivons alors l’histoire d’Offred, servante écarlate affectée à la maison des Waterford.
Les femmes sont renommées à leur affectation et ne portent pas leurs vrais noms. Notre héroïne s’appelle en vérité June et l’auteur nous renvoie à des flashbacks sur son ancienne vie, ce qui nous permet de davantage comprendre le personnage et les éléments qui ont amené la société à en arriver là.
Offred est interprété par l’excellente Elisabeth Moss qu’on connaît surtout pour son rôle de Peggy Olson dans Mad men et son role de Robin Griffin dans la série Top of the lake, réalisé par Jane Campion (seule femme à avoir reçu la palme d’or à Cannes). On retrouve aussi dans le casting: Alexis Bledel en dissidente, le classe Joseph Fiennes en patriarche et la sublime Yvonne Strahovski en épouse tourmentée.


L'atmosphère de la série est pesante et tourne souvent en huis clos entrecoupé de flashbacks. Les personnages sont ici très peu nombreux nous permettant de nous concentrer essentiellement sur Offred et sa relation avec les différents membres de la maison Waterford. Une véritable tension psychologique se met en place. Les couleurs chatoyantes et les ruelles de quartiers huppés servent de décors idéalisés pour nous dépeindre une société prospère. Mais une fois le vernis gratter, la porte de la maison poussée. Nous découvrons toute l’horreur des relations entre les personnages. Que cela soit derrière les rituels archaïques ou la surveillance omnispresente pour instaurer la sécurité.
Tout ceci laisse entrevoir la folie des hommes quand ils sont face aux désordres et à la disparition de leurs espèces. Comme pouvait le souligner Simone de Beauvoir «N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant.»


Côté esthétique, la photographie est ici somptueuse. La couleur rouge forcement très présente nous fascine autant que peut nous fasciner la femme fertile capable d’engendrer la vie sur terre. Le rouge adoucit ainsi la tension comme pour nous montrer la violence qui se cache derrière la naïveté de vouloir un monde parfait. La réalisation est lente et soignée ce qui laisse une grande place à l’esthétisme et à la psychologie des personnages quitte à manquer de dynamisme. The handmaid's tale est comme une grande fresque chatoyante qui par son sujet nous ramène à l’effrayante réalité des choses.


Cette série est sans aucun doute l'une des meilleures séries de dystopie que j’ai pu voir jusqu’à présent. Elle sonne comme une hymne à l’éveil face à un monde troublé, qui perd ses repères dans l’ultra libéralisme. L’hymne nous invite à réfléchir sur l’avenir que l’on souhaite pour nous et nos enfants, avant que les dérives libérales nous ramènent vers une époque archaïque où les femmes et les hommes seront éteints par la morale. Il est évident de souligner que The handmaid tale est une série profondément féministe qui tend à prouver que si le monde sombre, elles seront les premières à en souffrir. C’est pour cela qu' hommes et femmes doivent marcher ensemble vers l’amour. Avenir commun qui permettra à chacun de vivre Libre.


«nolite te bastardes carborundorum»


(note 8,5/10)

Erwan_o_gara
9
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le 26 mai 2017

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Erwan_o_gara

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