Plébiscite certain des derniers Emmy Awards, The Handmaid's Tale (ou "La Servante Écarlate" au pays d'Emmanuel) nous plonge dans une dystopie qui ne nous aura jamais semblé aussi plausible qu'auparavant. Après un coup d'éclat mené par de fervents Protestants, c'est une société menée par les hommes qui s'érige aux États-Unis, les femmes n'ayant plus de droits. Ou du moins, ceux qu'on leur accordent selon leur "utilité" à ladite technocratie masculine.


Plongées dans un monde où la fertilité est en chute libre à cause des changements climatiques et écologiques, elles sont divisées en catégories distinctes. Chacun a son ton chromatique : habillées de vert émeraude, elles sont les épouses fertiles, en gris calcaire, ce sont les cuisinières ; en marron effacé, les tantes qui supervisent les servantes écarlates sous leurs cloches. Ces dernières, au coeur du récit, sont en réalité des femmes destinées à être fécondées par les maris des premières lors de cérémonies pendant la période idoine.


Si la situation peut sembler surréaliste et pencher donc vers la dystopie, il est bon de rappeler que l'auteure s'est inspirée de faits concrets ayant un jour ou l'autre existé. Et d'ailleurs, à maintes reprises, le récit parait tout à fait envisageable par les temps qui courent et c'est ce qui le rend d'autant plus oppressant et glaçant.


Narrativement, on s'attarde sur l'évolution du personnage de June - désormais connue comme DeFred ("OfFred" en anglais, manifestant l'appartenance à son propriétaire nommé Frédéric), son quotidien en temps qu'objet de fécondation, seule signe extérieur de richesse dans son statut.


Afin de comprendre comment les États-Unis en sont arrivés à une telle situation (c'est d'autant plus ironique vu le POTUS du moment), la série fait appel au désormais traditionnel procédé de flashbacks qui permettent de relier tous les fils décousus d'une histoire moins manichéenne qu'on ne pourrait le supposer.


Cette première saison de dix épisodes pose volontairement un rythme lancinant sans pour autant plonger le spectateur dans l'ennui grâce à une évolution des personnages excellemment dépeints et interprétés.


Certains pourront taxer de féminisme le propos, pourtant c'est tout l'inverse que l'on doit saisir : la place de la Femme et la considération que l'on peut et doit lui accorder. Terriblement d'actualité au final malgré l'aspect dystopique original.


Elizabeth Moss fait plus qu'incarner June (ou DeFred), elle lui offre un souffle incandescent, une justesse des regards qui nous touchent à bien des moments.


The Handmaid's Tale mérite que l'on s'y plonge allègrement, c'est formidablement écrit, réalisé et monté. Et aussi parce qu'il y a cette part de réalité dans ce qui est dépeint qui nous éclabousse en pleine figure et nous fait réfléchir sur l'évolution des moeurs actuelle...

Angel
9
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le 18 oct. 2017

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