The Mist
4.5
The Mist

Série Paramount Network (2017)

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Ça me débecte de voir que toutes les critiques négatives de SC avouent sans la moindre honte avoir abandonné au bout du premier ou du troisième épisode et se permettent quand même de critiquer... rectifions un peu le tir.


En 2017, Stephen King n’a pas chômé entre son propre travail d’écrivain et tous les projets d’adaptation de son œuvre. D’une médiocre Tour sombre à une nouvelle adaptation assez mitigée de Ça, sans parler de l’énigmatique Castle Rock encore en cours de production aujourd’hui, et bien évidemment une nouvelle adaptation en série particulièrement attendue de sa nouvelle The Mist.


Problème dès le départ, le format, qui souffre d’un écueil semblable à la récente trilogie du Hobbit ; plutôt que de condenser 4500 pages en une heure et demi à l’instar de La Tour sombre (ce qui n'est guère mieux), ici les producteurs ont fait l’inverse : à peu près 220 pages étendues en plus de 7 heures de programme. Sur quels aspects de la nouvelle le scénario va-t-il donc s’attarder, que va-t-il développer ou quelles zones d’ombres va-t-elle explorer ? Pas grand-chose finalement… La vérité est que cette série n’a pas grand-chose à voir avec son matériau de base mis à part ses enjeux sociaux.


On ressent les divergences par rapport à la nouvelle et au film de Darabont dès le premier épisode, dans lequel des personnages singuliers et imprévisibles laissent place à des caractères profondément stéréotypés, entre la mère protectrice, la star de football du lycée, le flic un peu trop dominateur, le meilleur ami gothique homosexuel… On serait tenté de leur donner une chance puisque ledit premier épisode a le moindre mérite d’introduire et de contextualiser correctement tous ces personnages, mais plus les épisodes s’enchaînent plus leurs interactions sonnent faux. Toi qui connais et aime les œuvres de King et Darabont, tu sais que la Brume et son caractère anxiogène sont un prétexte pour mettre en exergue les relations entre les individus, mais cette série rate complètement cet objectif.


Le jeu d’acteur n’y aide déjà vraiment pas ; tous les acteurs chuchotent comme s’ils parlaient à l’oreille de leurs interlocuteurs respectifs, les expressions sont figées et toutes les réactions semblent volontairement amenuisées. Jamais on ne ressent le moindre sentiment de panique ni de réelle conflictualité entre les différents protagonistes ; toutes les relations même les plus violentes sont représentées sous un sentimentalisme complètement hors de propos. Les dialogues sont constitués de phrases toutes faites lénifiantes et rabâchées à vau-l’eau ; combien de fois n’a-t-on entendu l’éternel « Everything’s gonna be okay » de la bouche de chaque personnage principal… Même sur le plan cinématographiques les plans d’ensemble sont rares et limitent la densité de chaque parole ou décision à l’échelle des groupes concernés ; sont privilégiés des gros plans sur les personnages concernés par chaque péripétie. Sachant que l’on s’attarde bien souvent sur les mêmes protagonistes, de plus, on a du mal à sentir l’implication des personnages secondaires et surtout tertiaires…


Pour ne rien rattraper, bien évidemment, les effets spéciaux sont horriblement laids, de la brume aussi mal modélisée qu’un décor de Spy Kids : Mission 3D aux blessures sanguinolentes sans la moindre crédibilité (dès la fin du premier épisode, à la vue d’une mâchoire arrachée, on se doute que le gâteau ne sera pas à la crème fouettée…), la tension est quasi-inexistante et le suspense ne vivant que pour faire sortir de la brume des caricatures de créatures de série B. Le rythme en devient lent et assommant, d’autant plus lorsque certains épisodes éludent tout simplement la présence de créatures dans le brouillard. Ça traîne, ça traîne, ça traîîîîîîîîîîne… et pas seulement dans la succession des épisodes, mais au sein même de ceux-ci. Le décuplement de l’attente n’en devient toujours que plus vain et décevant… Surtout avec ces ressorts scénaristiques cédant volontiers à la facilité, interrompant les scènes les plus tendues et dramatiques


(apprendre que le papa du méchant garçon qui aurait violé l’héroïne est en fait aussi son père en plein milieu de leur expulsion du centre commercial ou voir Jonah abandonner Mia alors qu’il hésitait toujours à pleins neurones une seconde plus tôt, quelle classe).


Le dernier épisode est sans doute le pire à tous ces niveaux ; on en vient à être pleinement satisfait que Kevin décide de laisser pénétrer la brume dans le centre commercial et de voir tous ces trous de balle mourir…


Bien évidemment, série tellement nulle que les producteurs l’annulent après un horrible cliffhanger… Pauvre Stephen King.

Aldorus
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le 6 août 2018

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Aldorus

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