A la lecture du pitch, on aurait pu se retrouver avec une version série de cannibal holocaust. Les ingrédients de départ étaient bien présents: la forêt amazonienne, un homme porté disparu et le périple de l'équipe venu au secours de ce dernier.
Après avoir pris connaissance du passé du duo des réalisateurs, on passe du gourdin à la demi-molle. Ben ouais les paranormal activity ce n'est pas vraiment des modèles en terme d'horreur ni en terme de réal'.
Se sera donc quitte ou double: soit les deux compères vont de l'avant et tente de créer un univers complexe pouvant se dérouler sur plusieurs saisons (la 1ére ne comportant que 8 épisodes) soit ils continuent sur leur lancé et accouchent d'un paranormal activity version série.
Alors ?
Ben on reste le cul entre deux chaises et cela en devient frustrant!
On peut lui accorder quelque bons points:
- les personnages sont bien travaillés et chacun à le temps de s'exprimer, s'affirmer, se révéler au fur des épisodes et quelques flashbacks,
- certains moments sont délicieux telles que la forêt de poupées,
- le suspense est assez bien géré
A part ça, rien de plus et les quelques défauts assez flagrants entachent sérieusement l'ensemble. Ces points négatifs sont principalement du à des choix artistiques des réalisateurs et de la ABC.
La chaîne, diffusant à une heure de grande écoute, ne pouvait pas se permettre de produire quelques choses de trop hardcores de peur de perdre leurs spectateurs. Forcément quand on gave ces derniers de séries plus ou moins tout public, du style desperate housewives, grey's anatomy ou cougar town, il est difficile de leurs vendre un produit plus original niveau concept.
On essaye d'édulcorer l'ensemble par différents procédés désespérants:
- dixit les grossièretés, on nous assène un bip retentissant à chaque parole déplacée prononcée et pour montrer qu'on censure bien on pixélise le bouche aussi...
- si vous ne supportez pas les scènes hardcores, n'ayez crainte il n'y en aura pas ou peu et les pauvres moments "chocs" seront bien évidemment pixélisées afin d'apaiser vos délicates pupilles.
L'utilisation abusive de la pixellisation rendrait jaloux un réalisateur de films pornos japonais, en terme de comparaison.
Cette volonté de ne pas vouloir déranger la base de son public rend certaines scènes totalement ridicules. Citons en exemple ce moment où un des protagonistes est face à sa phobie ultime, il dégaine un flot d'injures continu pendant quelques minutes, on a donc droit à un bip sonore continu pendant quelques minutes!
Le dernier point négatif est le choix quand à la façon de filmer l'ensemble: le found footage genre permettant à un manchot de réaliser un film juste en posant son caméscope dans un coin. Du coup, on ne trouve aucune idée de réalisation un tant soit peu original.
On peut déplorer aussi le fait de ne pas utiliser à fond son environnement, la forêt amazonienne étant peu exploité dans le domaine du fantastique/horrifique, alors que celle-ci semble avoir de nombreuses légendes plus qu'alléchantes. Pire encore, malgré ce contexte peu commun, les réalisateurs arrivent à privilégier des situations ultra-classique telles un pseudo-exorcisme ou à la confrontation d'infectés.
La série est donc intéressante mais ne captive pas.
Mention spéciale à la scène finale mettant en avant un protagoniste assez inattendu et laissant au choix: une fin ouverte ou une nouvelle saison.