Plutôt attendue, l'adaptation par Netflix des romans de Andrzej Sapkowski est pas désagréable à regarder, même si elle est bourrée de défauts. Et attention, lorsque je dis bourrée de défauts, je parle en tant que série et non en tant qu'adaptation car je n'ai pas lu les romans.
D'abord, le gros problème de la première saison : les différentes temporalités. Évidemment, au fil des épisodes, on comprend ce qu'il en est. Seulement, mettre en scène la vie de trois personnages différents à plusieurs décennies d'intervalle sans aucune indication par la mise en scène que l'action se déroule justement à des époques différentes, ça peut perdre le spectateur pas très impliqué dans l'histoire. On a quand même des passages où tout dans la mise en scène pousse à croire que les deux actions se passent en même temps. Par exemple dans un épisode, on voit un barde chanter. Sa chanson continue alors qu'on voit des images d'un autre personnage des années plus tard. En soi, ce n'est pas bien grave, mais comme le son a baissé au moment où on est passé sur le second personnage, on se dit... Qu'ils ne sont pas bien loin l'un de l'autre et vont se croiser. Sauf que non en fait, ce n'est pas du tout ça. C'est juste un leurre. Enfin bon, pour la saison 2 il n'y aura plus ce problème, l'histoire deviendra linéaire.
Ensuite, au niveau de la forme, c'est pas très folichon. La série manque de budget, ce qui ne se voit pas tellement fondamentalement, mais c'est la photographie qui va révéler la supercherie. En effet la photographie est mal fichue : lorsqu'il y a des couleurs vives elles sont trop vives à certains endroits du cadre et pas à d'autres, et lorsque l'ambiance est grisâtre tout est gris et contrasté soudainement, ce qui donne un aspect jeu-vidéo ou film de Zack Snyder (choisissez ce que vous préférez). Parce que forcément, une telle photographie, ça met complètement en avant les fonds verts. Ajoutons à cela une réalisation assez particulière et un tournage en numérique pas très bien géré... Et on se retrouve avec pas mal de plans catastrophiques. Il y a pas mal de plans débullés, ce qui aurait pu donner un style visuel à la série sauf que la photographie ne leur rend pas service. L'action est lisible, mais elle est parfois accélérée lors des scènes de combat par exemple et le rendu devient soudainement kitsch. Kitsch, c'est d'ailleurs le cas de beaucoup de plans.
Pour ce qui est des costumes je trouve ça très bien. Certains reprocheront le fait que les costumes sont souvent trop propres, mais ils sont surtout souvent très colorés contrairement à la concurrence de chez HBO dont la huitième saison s'est terminée en 2019.
Le jeu d'acteurs est correct même si on sent qu'ils ne sont pas particulièrement dirigés. Cavill réussit l'exploit de jouer à nouveau un personnage lisse sans qu'on ait l'impression de voir Superman avec une perruque, les autres acteurs sont ok, mais tout ne va pas ensemble. Certains surjouent, d'autres sous-jouent, il n'y a pas vraiment d'équilibre alors qu'on sent qu'ils ont tous du potentiel. Sans doute la faute à des dialogues qui ne sont pas d'une grande finesse car cette saison fait beaucoup d'exposition, mais ça reste correct.
Et effectivement, malgré tous ces défauts, j'ai passé un très bon moment. Je déteste quand une série ou un film fait énormément d'exposition ou joue à fond sur le fait de se situer dans un univers particulier pour attirer la sympathie du public (typiquement The Mandalorian) et masquer la vacuité du scénario. Seulement cette fois-ci, j'ai vraiment eu la sensation que derrière tout ça il y a de la matière et du potentiel. Du potentiel qui ne laisse pas le spectateur sur sa faim.
Hélas pour moi la saison 2 est des plus anecdotiques et quasiment tous les défauts de la première saison reviennent, hormis la chronologie un peu bâtarde. C'est toujours moche du côté de la lumière, filmé platement, ça donne un aspect faux à l'image que la musique générique au possible n'aide pas. Je pense que The Witcher mériterait une direction artistique bien plus soignée, c'est vraiment dommage d'avoir de l'or entre les mains et de ne pas être fichu de faire grand chose avec. On sent que chaque épisode est étiré avec du dialogue parce que ça coûte pas cher et que ça peut donner l'impression au spectateur qu'il s'attache aux personnages, on sent que tout est faux, que peu d'acteurs sur le plateau croient en cet univers. Quel gâchis.