80 % de chômage : l’idée de départ de Trepalium est scénaristiquement bonne et socialement pas si farfelue. Quant à ses conséquences sur les mentalités et la vie quotidienne — individualisme, conformisme, absence d’empathie, obsession du contrôle, etc. —, elles sont remarquablement peintes, jusque dans les détails. (Ainsi les actifs les plus hostiles aux zonards sont-ils les plus pauvres.) Évidemment, Vincent Lannoo ne fait pas dans la demi-mesure quand il tourne des films, il n’allait pas changer s’agissant d’une mini-série. Comme c’est ici de l’anticipation, le manque de nuance ne pose pas tant de problèmes.
Le gros défaut de Trepalium, ce n’est donc pas la toile de fond, mais le premier plan. Et si la série perd progressivement en qualité, c’est précisément parce que le premier plan prend de plus en plus de place par rapport à la toile de fond. Vague histoire de résistance clandestine mâtinée de quête du père, l’intrigue aligne poncif sur poncif, tellement cousue de fil blanc qu’on sait dès le troisième épisode comment se terminera le dernier.
Comme les dialogues sentent le Cinéma Français et que le jeu des comédiens, professionnel et robotique, n’apporte pas le supplément d’âme qui compenserait cette faiblesse de l’intrigue, on se retrouve avec un truc parfois agaçant mais finalement assez quelconque — en tout cas, pas à la hauteur de ce qu’on pouvait en attendre.