True Detective par Yoann Eki
Étant un grand fan des productions HBO (GoT, Oz, The wire, etc), je me suis lancé a corps perdu dans True Detective.
Et bordel quelle baffe, habituellement allergique a toutes les séries policières type les experts et tutti quanti, ici on en est très loin.
8 épisodes de 1h (Format anglais), d'une qualité cinéma exceptionnelle, photographie (Le plan de fin de l'épisode 3 <3), bande-son, plan séquences (celui de la fin de l'épisode 4 d'une durée de 6 minutes est particulièrement exceptionnel), acteurs (Matthew McConaughey récemment oscarisé, au top, surement un des meilleurs rôles que j'ai jamais vu), et j'en passe, dans tous ces domaines True Detective enfonce tout ce qui a été fait récemment.
La série emprunte quelques éléments a Twin Peaks de D.Lynch ou à Seven de D.Fincher, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
L'intrigue part d'une façon plutôt classique et les 2 premiers épisodes prennent leur temps, ils sont plutôt lents, il prennent le temps de nous raconter une histoire, une vraie. 2 flics que tout oppose se retrouvent partenaires pour enquêter sur un meurtre mis en scène, et qui va les mener au cœur d'eux mêmes pendant près de 17ans. L'un, Martin, est un père de famille plutôt classique, un peu bourru (télé, bière, foot), qui a tendance a loucher sur les jeunes filles, l'autre, Rust, est un nihiliste, sans famille (divorcé et fille décédée), égoïste et quelques peu philosophe.
On en a eu des anti-héros récemment (Bbad, Dexter etc), c'est même plutôt la mode, mais la, le personnage de Rust, campé par Matthew McConaughey, sait renouveler les codes du genre et nous livre une performance exceptionnelle de réalisme. Ce monsieur est bourré de talent, sincèrement.
Dans une ambiance de Louisiane profonde, ou la nature tiens encore les rênes, ou la consanguinité est présente, on sens la moiteur et la sueur sortir de l'écran. C'est crade, sale, mais sans tomber dans le trop habituel, c'est réel ici. Cela nous rappelle un peu les thèmes abordés par l'écrivain HP.Lovecraft et on y viens.
L'intrigue est centrée autour de "carcosa" et "le roi en jaune", et cela ne viens pas de l'imaginaire des scénaristes, mais d'un obscur recueil de nouvelles bien réel de la fin du 19ème siècle de R.Chambers, Chambers lui-même qui a été l'inspiration de l’œuvre de Lovecraft, et dont Lovecraft a repris des éléments dans sa propre mythologie.
HBO arrive maintenant a faire vendre par camions ce recueil de nouvelles sur amazon, connus par très peu de gens, qui est la base même et l'arbre généalogique de la peur américaine, de shining et autres.
Comme quoi c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe.
Les sujets ici sont matures, dérangeant, graves (Pédophilie et j'en passe) suscitent le malaise sans quasiment jamais rien montrer de concret, a la manière de Oz la série nous frappe en dedans.
Signe qui ne trompe pas la série explose tous les scores (Critiques, IMDB, audience), et quand la critique et l'audience vont de pairs, on est la devant un œuvre réelle, de l'art cinématographique même.
On ne peut pas trop développer sur cette série sans spoiler, je ne peux que vous conseiller de foncer, et vous plonger dans l'intrigue et les personnages, rendez honneur a une série qui se donne enfin la peine d’être indépendante et originale.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Séries