Acide assidique

Vision de confinement, j'ai englouti les trois épisodes de Unorthodox.

Film portrait et film à charge.

Portrait d'une communauté assydique de New York, fermée et encore sous le trauma de la Schoha qui marque tous les esprits de ces survivants dont la vie entière s'est construire en réaction à l'extermination.

Il faut faire des enfants pour rebatir le peuple élu, il ne faut pas faire confiance aux voisins, aux étrangers à la communauté qui ont aidé les tortionnaires et les pogroms...

Film à charge car il montre peu de joie dans cette communauté qui sent si fort la naphtaline. Le propos sur l'émancipation est assez simpliste, le contraste avec le Berlin "libre" est d'autant plus fort, montrant une capitale de l'acceptation et de la diversité (ce qui n'est pas complètement exact, Berlin se construit aussi pas mal en guetto, homosexuel ou turc, par exemple, comme Brooklyn abrite ces communautés traditionnalistes).

Quoi qu'il en soit, Berlin reste un cadre bien exploité qui donne un contrepoint fort à l'étouffant carcan new yorkais d'où sort la jeune fille. On regrette que l'histoire se termine si tôt et que bon nombre des personnages secondaires ne soient pas mieux exploités pour aboutir à une histoire moins manichéenne.

Reste que les trois épisodes s'enchainent sans couac, avec des tableaux impressionnants de reconstitution de la communauté hassidique. Le documentaire l'accompagnant est pour cela éclairant sur la volonté de faire quelque chose de fidèle.

Je déplorerais une fin en queue de poisson qui manque d'une vraie ponctuation, d'un point final, et d'une conclusion sur deux personnages secondaires sur lesquels on aimerait que la caméra s'attarde un peu avant de s'éteindre.

Enfin, à titre personnel, quand on est amoureux de Berlin, et même si la plupart de l'action se passe plutôt à l'ouest (pas ma partie préférée), c'est quand même une grande joie de voir la capitale du Brandebourg sous beaucoup de points de vue, en évitant, pour le coup, beaucoup de clichés... Grossartig!