Utopia par Na Nou

Topo : Une mystérieuse BD apparait dans la vie d'une bande de jeunes geek. Tirée en moins d'une dizaine d'exemplaire, elle semblerait être le reflet d'un complot bien réel, et bien plus...

Non, en fait, c'est l'histoire d'une série qui voulait être cool, et touché les jeunes qui écoutent de l'électro tout en retouchant leurs photos sur Instagram, qui s'habillent comme dans les années 90s depuis que c'est la mode, et qui aiment bien les trucs fluos.

Bon j'exagère, mais mon premier avis n'était pas très éloigné : " Attention bombe à hipster ! "

Malgré tout ces à priori, il faut reconnaître qu'au moins, la série affichait dès le premier épisode un ton particulier, et pour le coup, totalement assumé. Enfin même, d'une cohérence assez appréciable, on sait qu'on va avoir droit à une esthétique ultra travaillée les 3 / 4 du temps, que les acteurs auront tous l'air d'être sorti d'une revue de mode, mais bon, c'est annoncé très clairement, et ça se veut être une ambiance à part entière. Soit, on fait avec.

Et puis force est de constater qu'ils se sont un peu fouillé le crâne pour le scénario. Les rôles ne sont pas prédéfinis, dur de catégoriser les personnages tant ils seront amenés les un et les autres, à commettre des actes inhumains ou à l'inverse, se montrer d'une humanité insoupçonnée.
La violence est bien sûr, un des thèmes les plus poussés du scénario et de la mise en scène, ainsi que le plus critiqué. Omniprésente au début, elle s'étoffe beaucoup plus sur la saison 2, en perdant un certain voyeurisme et prenant plus de complexité.

A l'opposé du montage ultra-rapide, ultra-cohérent et transparent des séries américaines ultra-normés , Utopia tranche par un rythme plus lent, qui laisse s'imposer des silences beaucoup plus pertinent, et le jeu d'acteur. Venons-en : si la série n'échappe pas aux grosses ficelles narratives, l'interprétation des rôles est relativement inégale, et la fulgurance de certains, le frère de Jessica Hyyyde, le rôle principale de l'enfant cobaye relativement un peu toquée, le tueur à gage aux tenues de clown malfaisant, le gamin surdoué où à l'inverse, l'intrigue sentimentale du couple, le " vieux savant fou " déjà vu 20 fois… Il n'en reste une galerie de personnage haute en couleurs, et des rôles secondaires tout aussi convaincants.

Le jeu sur l'étalonnage est poussé, parfois grossier mais volontairement outrancier, voir " futuriste " : ici, kitsch et Royaume Uni se réunissent encore et c'est addictif. Totalement décomplexé, volontiers influencé par le clip vidéo, Utopia bénéficie, à défaut d'une trame solide, d'une forme quasi-parfaite.

En bref : Une série qui tranchait dans le panorama des séries à succès du moment, de par ses codes, son concept et le public visé.
Il n'en reste pas moins un petit goût de déception quand à une certaine prétention esthétique, la série devant beaucoup à sa forme ultra-travaillée, à sa B.O démentielle mais peu à sa subtilité ou sa finesse…
Quelle déception également d'apprendre qu'il n'y aura pas de 3ème saison ! Car à défaut d'être un chef d'oeuvre, Utopia vous agrippe volontiers dès le premier épisode : les règles du jeux sont fixées, dès le départ, et la série sait user de sa bonne mise en scène pour promouvoir un suspense franchement agréable. Addictif , décomplexé, et n'excluant pas une certaine note d'humour noir et de cynisme, cette enquête en terres Britanniques vous promets quelques bonnes surprises et une B.O qui risque de vous trotter dans la tête pendant un petit bout de temps.