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Qui a dit que toutes les séries TV en sont réellement ? Ici, sous prétexte d'un drama, l'office du tourisme taiwanais vous offre un film promotionnel de 20h en éloge à la culture, aux paysages et à l'histoire des différentes régions qui la composent. Une fois que l'on admet que cette série est avant tout un oeuvre de communication on peut parler du reste.

Et le reste est un peu mince, il faut l'avouer. L'histoire mélodramatique, mise en place dès les prémisses, n'est clairement qu'un prétexte à ce long voyage, lent et chaloupé, au coeur des magnifiques panoramas terrestres et aériens de cette île à l'histoire aussi dense que sa géographie.

D'ailleurs, c'est certainement ce point qui constitue le charme principal de ce drama : la série, tout du long, avec ces magnifiques images aériennes et ses citations en début de chaque épisode, rend un hommage direct au travail du documentariste écologiste Chi Po-Lin qui filma et photographia Taiwain vue du ciel durant toute sa carrière qui prit malheureusement fin lors d'un accident d'hélicoptère en juin 2017.

La série, au niveau visuel, est un vrai bol d'air pur grâce à ses très nombreux plans aériens et à ses innombrables scènes en extérieurs (forêts, villages de montagnes, rues animées, temples, campagne, lacs, champs, etc). On respire ! Et ce n'est pas rien quant on sait que de trop nombreux dramas misent tout (ou presque) sur les plateaux de studio et les décors intérieurs. Ici on sentirait presque le vent dans nos cheveux, la moiteur de l'air, le fraîcheur du vent, les averses de pluie et ça fait vraiment du bien de s'immerger ainsi dans de véritables décors vivants.

Mais malheureusement c'est bien l'atout majeur de cette série. Car la réalisation et surtout la mise en scène, scolaire et souvent purement utilitaire, met surtout en relief la raideur de ses jeunes acteurs et le cabotinage des plus anciens. Côté scénario, les ressorts dramatiques utilisés (morts, deuils, enfants abandonnés, premiers émois amoureux chastes, résilience, quête d'identité et découverte de soi) sont très courants dans l'univers sériel asiatique. Et ils sont, ici, exploités de façon trop consensuelle et presque caricaturale.

De plus, les personnages ne sont pas assez solidement bâtis pour porter la profondeur du récit. Les situations et retournements encombrent par leurs maladresses le fil rouge principal qu'on aurait préféré suivre sans dévier sur d'inutiles intrigues secondaires. Car l'axe central est intéressant, mais le road trip du personnage féminin principal qui se lance dans un voyage pour percer les secrets de son père décédé (alors qu'il débutait ce trajet vers les fantômes de son passé) est délaissé trop souvent pour développer des intrigues secondaires cousues de fils blancs (qui seront d'ailleurs sommairement expédiées dans les derniers épisodes).

Mais, on l'aura compris, l'objectif de cette série est évidemment ailleurs que dans sa charge narrative, ici c'est le discours qui compte. Et chacun des 20 épisodes d'une jolie lenteur (qui pourra, pour certains, facilement remplacer votre somnifère) vous proposera une véritable ode consacrée à ce pays insulaire tout entier.

Si l'invitation vous tente, découvrez Taiwan depuis son patrimoine historique, culturel, architectural, gastronomique, agricole jusqu'aux différentes ethnies et tribus ancestrales qui la peuplent de sa capitale à ses provinces les plus reculées. Et tout en restant dans votre canapé : visitez ses villes historiques, découvrez ses temples et ses kakis séchés, faites l'ascension de ses montagnes, perdez-vous au coeur de ses forêts tropicales, rencontrez sa faune sauvage et sa flore préservée, découvrez la désertification des zones rurales, le vieillissement de sa population dans les régions reculées, etc.

Et si vous avez l'habitude de regarder des séries asiatiques, vous savez que le modèle économique des dramas se construit en partie sur les placements de produits.

Ici, clairement, le produit c'est : la Terre.

Car cette série toute entière semble bien être un appel lancé aux jeunes générations et à la diaspora taiwanaise éparpillée de par le monde, pour leur rappeler que quelque part, en Mer de Chine, dans le sol d'une île à l'âme têtue sont, encore et toujours, plantés les racines de leur identité.

Et si, comme moi, vous n'êtes pas taiwanais, peu importe, cet appel n'aura pas été vain, car pendant 20h vous entendrez une très belle déclaration d'amour faite par des êtres humains pour la Terre qui les porte. Et cette déclaration est valable où que l'on vive sur cette planète... ou presque !

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le 19 janv. 2023

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