"On a qu'à dire que j'étais avocate !"

Disclaimer : Je suis une énorme snob. Je refuse de regarder des films et des séries avec des notes inférieures à 6/10, et j'ai un vrai problème à consommer du divertissement grand public parce que je cours après l'ingestion de connaissance et c'est parfois un problème pour le repos de ma p'tite tête pas assez bien faite pour bouffer autant d'infos random (je retiens très peu de choses). Je palie ce travers en étant une doomscrolleuse de reddit, qui me pousse peu à peu quelques contenus plus légers, sur lesquels je clique parce que je reste humaine quand même. De là m'est venu mon addiction à l'actu des Kardashian, que je ne suis pas sur les réseaux sociaux, ni ne regarde la série (mais j'y songe). Un mélange de fascination et d'atterrement par autant de cupidité, narcissisme, superficialité, stupidité mais aussi génie marketing. C'est un peu mon petit plaisir coupable, d'autant que le subreddit des Kardashian est principalement dominé par les hateurs, qui s'essaient à la critique sociologique et psychologique de la moindre actu, du pain béni pour se br*nler le cerveau sur des choses futiles !

C'est donc grâce à reddit (et à la photo du costume - string de Kim K, je vous laisse chercher) que j'apprends l'existence de All's Fair. Pour UNE FOIS, j'ai vraiment eu envie de regarder cette série qu'on me vendait comme débilitante. "Tu sais quoi Louise toi aussi t'as le droit de te faire du bien avec une ou deux conneries, go girl".

Venons-en à la critique de la série en elle-même (j'ai vu 4 épisodes mais nul doute que le ton est établi pour toute la suite) : alors oui c'est nul, si on reste premier degré. C'est pas bien joué, les dialogues sont random, la psychologie des personnages est éclatée, les cliffhangers sont saupoudrés à la vas-y-que-j'te-pousse, l'image est vulgaire...

Mais mais mais... en fait c'est jouissif ! Le tape-à-l'oeil est assumé, on est à l'intersection d'un Ally McBeal et d'un Sunset Beach, aka mes doudous de sortie des cours. All's Fair reprend pas mal de codes des soap opera, additionné de l'image putassière des téléréalités américaines. Les meufs gèrent des femmes en instance de divorce habillées comme des poufs bling bling, prennent des jets privés d'un claquement de doigt, boivent du vin mélancoliquement dans des maisons anxiogènes remplies de domestiques et de couloirs sans fin, vont au bloc opératoire en full make up pour se faire inséminer leurs ovocytes congelés, parlent de leur procédure chirurgicale sans complexe et crispent la couture de leur visage à chaque fois qu'elles tentent une expression de visage humaine. Un régal vraiment.

Et la cerise sur le gâteau, et qui pour moi apporte tout le sel et ma fascination pour cette série : Kim K est évidemment productrice, tout comme sa mom manager diabolique Kris Jenner. On sait également qu'elle poursuit des études pour devenir avocate. En fait Kim s'est offerte la série de ses rêves, la série où elle peut jouer à être une avocate. Et pas n'importe quelle avocate : une avocate barbie, habillée de la plus extravagante des façons pour une avocate (again, le costard-string, je ne m'en remets pas), qui balance des phrases cinglantes où elle a l'ascendant dans toutes les situations, qui gagne des procès en balançant deux slides bien senties sur un vidéo projecteur... un peu comme moi quand je jouais la maîtresse à 8 ans et que je me trouvais hyper stylée en lançant le cahier de texte à la tronche de mes poupées. Et en un sens, je trouve ça super mignon, elle joue à être l'avocate qu'elle aimerait être, c'est du pain béni à étudier d'un point de vue psychologique. Go girl, franchement t'as la thune et la confiance, mais fais toi plaiz. Moi si je pouvais je produirai une série où je serai une hottie prix nobel de physique qui aurait réussi à unifier les lois physiques et la compréhension philosophique de l’être hein, donc je te juge pas.

Ma conclu donc : si on s'extrait de la médiocrité du jeu, de la vulgarité et de la bouffonnerie qui suintent de chaque épisode, All's Fair est un objet méta et jouissif, qui en dit beaucoup sur les fantasmes carriéristes de Kim Kardashian, et je trouve ça cute et touchant. ET qui dit beaucoup aussi sur le voyeurisme du public (le mien inclus) et donc la cash machine qu'est Kim Kardashian.

Grâce à All's Fair, j'ai compris qu'une série n'a pas besoin d'être bonne pour être très satisfaisante à regarder, et je pense que personne ne l'a release en se disant : "c'est vraiment bon ce qu'on fait". Et c'est pas grave, et c'est trop cool, je suis hooked pour 10 saisons.

Par contre que font Naomi Watts et Glen Close dans ce tableau ?!