Si vous comptez regarder cette série, je vous déconseille de lire ce qui suit, car il est impossible d’en parler sans spoiler.
Bon, je vous aurais prévenus.
Alex Drake (Keeley Hawes), femme flic des années 2010, se fait tirer dessus, et comme Sam Tyler quelques années auparavant (voir la série LIFE ON MARS), elle se retrouve propulsée dans une vie de flic du passé. Ici, les années 80 remplacent les années 70, la pop anglaise (bande originale juste exceptionnelle) de ces années supplantent le rock, les fringues évoluent, et les coiffures aussi.
Et quand elle débarque, elle tombe sur Gene Hunt (Philip Glenister), taulier du commissariat de Londres, le même sur lequel était tombé Sam Tyler à Manchester. Sauf que la Ford Cortina a laissé la place à l’Audi Quattro, les méthodes à l’ancienne ont laissé une petite place aux idées de Sam Tyler et sa vision police (bon, il y a toujours des violences non maîtrisées, des interrogatoires musclés et de la menace sur les personnes).
Et la tension sexuelle inexistante dans la première série va être un des moteurs de celle-ci.
Chaque saison a un arc narratif, avec comme fil conducteur la volonté par Drake de revenir auprès de siens, comme Tyler en son temps. Sauf qu’ici, elle connaît ce qui est arrivé à ce dernier et son suicide, et les noms des flics (Hunt et sa brigade) ne lui sont pas inconnus. Car on retrouve Ray et Chris, les bras droits de Gene. Elle va s’appuyer sur eux pour essayer d’accomplir sa mission, voyant que Gene cache quelque chose sur la mort de Sam (la mort dans le Manchester des années 70, car celle dans les années 2000 est actée). Et le fantôme de ce dernier va hanter la série sur les 3 saisons, car elle est la clé pour Drake dans la compréhension de ce qui lui arrive. Et la résolution au cours d’un dernier épisode très émouvant nous laisse un goût amer, car, paradoxalement, elle est très réussie. Et quitte tout ce petit monde à regret. Le début de la saison 2 est une remise en perspective totale de ce que l’on pense savoir du récit depuis le début (et c’est très jouissif).
Et cet épisode explique aussi les flous sur LIFE ON MARS. On a ainsi une explication à ce décor très minimaliste des rues de Manchester (et de Londres) où l’on croise quasiment personne.
ASHES TO ASHES joue en contrepoint de LIFE ON MARS. Là où les épisodes étaient souvent très rudes avec des fins souvent amusées, voire amusantes, ici, on a des épisodes souvent légers (jouant sur les codes des séries d’action 80’s anglaise, telle MISSION CASSE-COU, singeant les génériques (sauf dans le tout dernier épisode), et assumant les gimmicks des actionners, qui ont des conclusions amères (on est dans les années Thatcher, avec la guerre des Malouines, la peur de l’IRA, le SIDA qui pointe son nez).
Les acteurs sont excellents, car leurs personnages sont bien écrits, permettant une vraie évolution de ceux-ci : on se rend compte que Ray (Dean Andrews) est plus complexe que sidekick bourrin qu’il semblait être, Chris (Marshall Lancaster) va peu à peu fendre l’armure et se montrer plus dur qu’il n’est, porté par son amour pour la belle Shaz (Monserrat Lombard).
Et Gene Hunt va se révéler plus émouvant que ce qu’on en imaginait. Et Philip Glenister est en ce sens exceptionnel de justesse, en équilibre permanent entre mélancolie, brutalité cachée et dégainage de la réplique qui fait mouche.
Une belle série en deux parties (une de 2 saisons, et une de 3 saisons, car vous l’avez compris, il est dur de se départir de LIFE ON MARS), qui garde une certaine cohérence, et surtout avec des musiques parfaitement utilisées.