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Dark Laughter, Bright Truths
Il faut le dire sans détour : Bad Thoughts n’est pas une série, c’est une expérience sensorielle et psychologique. Tom Segura réussit ici un pari risqué : donner forme à ce qui, d’ordinaire, reste enfoui — ces pensées fugaces, cruelles, absurdes, parfois dérangeantes, que nous préférons refouler derrière le masque du quotidien.
Le génie de la série tient justement à cette audace : au lieu d’édulcorer ou de polir l’humour pour plaire au plus grand nombre, elle assume le chaos, la brutalité, le grotesque, et transforme nos zones d’ombre en un carnaval visuel à la fois hilarant et perturbant. On rit, parfois jaune, on a des haut-le-coeur, mais on rit d’abord de nous-mêmes.
Bien sûr, comme pour toute plongée dans l’inconscient, il y a des séquences qui séduisent moins, qui mettent davantage mal à l’aise, voire qui lassent. Mais n’est-ce pas là le cœur même de la proposition ? Nos “mauvaises pensées” ne se valent pas toutes : certaines sont légères et supportables, d’autres sales, cruelles, difficiles à regarder en face. La série en épouse la logique — et c’est précisément ce qui la rend authentique, presque cathartique.
Là où beaucoup n’ont vu que du désordre, il faut reconnaître une logique tordue : celle d’un esprit humain livré à ses pulsions et à ses délires les plus incongrus. Ces pensées surgissent sans prévenir, traversent notre cerveau comme des intrus impolis, parfois à des moments totalement inopportuns — penser à un membre de sa famille au pire moment possible, s’imaginer des scénarios absurdes ou morbides, rire intérieurement de ce qu’on ne devrait jamais penser. Elles nous traversent, nous secouent, nous font grimacer ou éclater de rire… et c’est bien là tout leur pouvoir : une méthode comme une autre de se décharger émotionnellement, sans violence, juste en laissant le chaos de notre esprit s’exprimer.
Frais et libérateur, parce qu’ici, penser fort et mal est une thérapie… pas un délit.
Créée
le 21 août 2025
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