Réalisé et produit par la même équipe que le chef-d'oeuvre Band of Brothers, j'y suis allé les yeux fermés.
Le moins que l'on puisse dire est que j'ai été déçu ! Il n'y avait a priori aucune raison pour que ce soit le cas, le principe étant le même que la mini-série qui précéda ce Pacific.
Le même, vraiment ? Eh bien, non, pas tout à fait, et c'est là que le bât blesse. L'individualisme est passé par là, et, à l'image de la gangrène qui ronge notre société, a détruit la magie qui avait presque réussi à nous transporter dans la tête des protagonistes de Band of Brothers. Car au lieu de suivre une compagnie du début à la fin de la guerre, le réalisateur a choisi pour cette nouvelle mini-série de s'intéresser cette fois-ci au parcours de quelques hommes en particulier, qui naviguent d'affectation en affectation tout au long de la guerre.
La délicate alchimie qui mène le public à éprouver de l'empathie pour les personnages et qui m'avait personnellement prise aux tripes à l'époque de Band of Brothers, est rompue par ces incessants revirements, d'autant qu'on ne parvient pas à s'attacher aux héros mis en exergue.
L'examen d'un détail permet d'appréhender toute la différence: les longueurs dans le scénario de quelques épisodes sont une caractéristique inhérentes aux deux mini-séries. Seulement, dans Band of Brothers, elles ont lieu sur le front, dans les tranchées, de manière à nous faire ressentir l'angoisse et la frustration générées par l'attente insupportable; dans The Pacific, passez-moi l'expression, on s'emmerde à suivre les permissions au pays des héros, avec des heures de retrouvailles et de promotion de la guerre.

The Pacific témoigne tout simplement d'une tout autre philosophie.
Dans Band of Brothers, les hommes disparaissent, les uns après les autres, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une poignée pour témoigner lors de l'épilogue; dans The Pacific, lorsque les hommes tombent, d'autres viennent simplement les remplacer.
Dans The Pacific, certains hommes sont des héros; dans Band of Brothers, toute la compagnie est héroïque.

Alors, bien sûr, cette oeuvre sauve des points par sa réalisation toujours impeccable des scènes d'action et sa justesse historique et technique. Elle demeure une mini-série efficace sur la seconde guerre mondiale, mais franchement, quand on a vu ce qu'il est possible de faire avec Band of Brothers, on ne peut qu'être déçu de cette petite soeur.
lavoisier
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le 24 mars 2012

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