Black Sails
6.8
Black Sails

Série Starz (2013)

« Two birds with one stone. »


Ces deux séries sur la piraterie ont fait leur apparition sur les écrans Américains à quelques mois d’intervalles au cours de l’année 2014. Une critique en comparaison semble donc de mise pour en comprendre notamment tous les tenants et aboutissants.


La première citée ici, créée par Neil Cross pour la NBC, chaîne publique, fut diffusée en Mai 2014 jusqu’en Aout 2014, pour dix épisodes. La seconde par Jon Steinberg et Robert Levine sur la chaîne payante Starz, diffusée à partir de Janvier 2014 jusqu’à aujourd’hui. La distinction faite entre ces deux chaînes a une pertinence quant à la continuité d’une série. En effet, bien qu’une chaîne publique aie les moyens de recourir à des subventions auprés d’un tiers, une chaîne payante posséde en soi plus de moyens et de soutiens pour subvenir à ses besoins de productions, fait qui semble avoir une relative importance dans les cas traités aujourd’hui.


Crossbones est basée sur le roman « The Republic of Pirates« par Colin Woodard dont l’intrigue traite de la République des Corsaires (1706 – 1718). Une institution auto proclamée constituée d’anciens marchands, marins, corsaires en sécession de l’empire Birtannique, de l’abscence d’information et de soutien résultant de la fin des conflits rageant à cette époque avec l’Espagne et la France et des conditions de vie en mer comme dans les plantations. Devenus pirates, ils établirent dans le port de Nassau sur l’île de New Providence (Bahamas, Caraïbes) une république qui, sans être un état à proprement parlé, était tout de même soumis à un Code de Conduite, et dans laquelle le système de vote était utilisé pour élire et choisir son corps dirigeant. Faisant partie d’une des montée de l’âge d’or de la piraterie, elle fut cause de nombreuses vocations dans l’ancien comme le nouveau continent et le berceau de grands noms de la piraterie.


Parmi ceux ci, Edward « Black Beard » Teach qui est ici incarné par John Malkovich en tant que leader de cette principauté. Bien qu’historiquement indéterminé comme tel, Barbe Noire a été un pirate connu et craint durant ses quelques années de capitaine, il a eu une influence notable dans la région notamment à travers le blocus du port Charleston en Caroline du Sud. Il semble donc de prime abord pertinent et intéressant de placer cet homme à l’intelect qualifié de remarquable en tant que meneur de cette insitution et plus particulièrement sous la houlette d’un acteur ayant déjà fait ses preuves.


L’intrigue de la série se développe au départ sur un objet, le chronomètre marin qui permet de mesurer la longitude par rapport à la navigation céleste (l’utlisation de mesures d’angles entre diffèrents corps célestes et l’horizon visible.) et son créateur fictif Frederick Nightingale (Henry Hereford). Dans le même temps, un espion du nom de Tom Lowe (Richard Coyle) se faisant passer pour un chirurgien est chargé d’abattre le Commodore de Santa Campana, supposé être Barbe Noire. Tout deux à bord d’un navire attaqué par des pirates, ils se retrouvent rapidement au mains d’Edward.
Il est important de préciser que l’homme ainsi mis en scène est décédé en 1718, tandis qu’au cours de la série, le personnage est encore en vie en 1729. Ce choix scénaristique permet une opportunité de création, une liberté de faire vivre cette légende qui a passionnée bien des historiens et des lecteurs. Cependant, aussi inventif qu’ait pu être ce choix quant aux manipulations ingénieuses dont le personnage s’avère capable, il s’égare rapidement, et la série avec lui, dans des intrigues amoureuses bien trop ressassées pour être crédible, une folie causée par une maladie cérébrale rendant la présence du chirurgien/espion soudainement indispensable, des intrigues politiques et des choix personnels et moraux plus ou moins prévisible.
Tout au long de ces épisodes cousus d’un certain fil blanc, la surprise et l’intérêt s’efface doucement pour laisser place à une certaine déception quant à voir un personnage et acteur d’une telle stature tomber en désuétude. Le jeu n’est pas en cause ici, mais plutôt la direction d’acteur et les situations choisies. Loin d’être mal faite, bIen qu’à la hauteur des moyens investis en terme visuels et de décor, l’ensemble est au final assez terne, manquant du réalisme maritime de l’époque; le spectateur passant plus de temps à voir l’intrigue être ralentie par des discussions prémâchées qu’à être développée concrétement. Son annulation avant même la fin de la diffusion de la série n’est donc pas sureprenant mais tout de même regrettable quant au potentiel qu’elle pouvait avoir et développer par la suite avec éventuellement un autre héros.


L’un des aspects marquant d’une série, ce qui peut en faire sa marque et sa publicité, c’est son générique. Nombreuses sont celles qui se démarquent par la qualité autant visuelle que musicale de ce dernier (True Blood, Vikings, Six Feet Under, Rome, …). Black Sails fait partie de celles ci, Des images de maquettes, statues montrant des batailles, des navires, des visages, des corps accompagnés d’une musique entrâinante posent d’emblée les moyens et la qualité souhaitée pour ce programme.
On y suit le Capitaine Flint (Toby Stephens), personnage fictif crée par Robert Louis Stevenson dans son livre « l’Ïle au Trésor » (1881). Les évenements de la série sont supposés se passer 20 ans aprés ceux du livre, plaçant donc Flint dans un aspect éventuellement inexploré de l’histoire de Stevenson.
A travers l’influence grandissante en 1715 de New Providence et Nassau sur les activités marchandes britanniques, les membres connus de cette organisation sont qualifiés d’ ‘hostis humani generis » (ennemi du genre humain), les poussant ainsi eux mêmes à se déclarer en guerre comme le monde entier.
Le capitaine Flint est à la tête d’un équipage chargé de faire prospérer et défendre Nassau des diffèrentes entités légales voulant mettre un terme à son existence. A l’intelligence et discernement stratégique aiguisés, il s’impose très vite comme un personnage charismatique mais également profond à travers le développement de son histoire personnelle. Sans connaissance du passé du personnage de Stevenson, celui ci était anciennement un membre de la marine britannique, qu’il a fui lorsqu’incriminé pour certains de ces choix. L’un de ses buts, qui le servirait autant lui que Nassau que l’intrigue de Stevenson, est sa quête pour un trésor de la marine Espagnole : Urca de Lima.
D’autres personnalité fortes se manifestent tout au long de la première saison, Eleanor Guthrie (Hannah New) inventée pour l’occasion, Charles Vane (Zach McGovan), Jack Rackham (Toby Schmitz), Anne Bonny (Clara Paget) tous des personnages ayant réellement existés qui ont vu leurs histoires forcément adaptées pour l’occasion. Chacun avec ses qualités comme défauts, ils participent à donner une profondeur et une teneur au développement de l’histoire et à la cohérence du scnéario. Et bien qu’adaptés, ils contribuent à renforcer l’aspect fortement réaliste de la série déjà bien mis en valeur par la qualité des costumes, des décors, des situations.
La nudité à la télévision américaine a toujours été source de débat, particulièrement depuis Game Of Thrones. Certaines chaînes peuvent se le permettre, d’autres non ou ne préférent pas. Cependant, étant un fervant admirateur du réalisme de la vie portée à l’écran, elle participe à rendre un programme plus palpable, auquel on peut s’identifier à travers notre propre expérience, sans pour autant être indispensable non plus, devenant rapidemment un recours facile pour le plaisir des yeux. C’est simplement une plus value pour ce programme qui s’attache autant à montrer la réalité envisagée d’une époque et d’une population que l’on n’a pu connaitre mais qu’on perçoit plus ou moins de la même façon. D’autant plus qu’au fur et à mesure de son avancée, il ne montre pas simplement des corps dénudés, il fait étal d’une certaine humanité que ce soit par rapport aux abus perpétrés à l’encontre des femmes et à leur combat pour une place dans la société sans oublier l’importance des sentiments dans la vie.
La première saison nous avait laissés dans l’expectative quant à Flint et aux autres membres de son équipage, isolés sur une île, coincés entre la mer et un opposant de taille tandis que le pouvoir chancelle à Nassau. L’arrivée de la saison suivante en Janvier 2015 a tenue toutes les promesses posées en elle, et bien au delà même. Cette série fait excellement bien la part belle aux hommes et femmes de cette époque, tout en nous permettant d’entrevoir les enjeux économiques et géopolitiques de l’époque. Sans être un chef d’oeuvre, c’est un divertissement passionnant teinté d’humour gras comme subtil, de twists savoureux, de charisme et de qualité.


https://desartsrois.wordpress.com/2015/02/27/crossbones-vs-blacksails/

AlixFort
9
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Créée

le 26 févr. 2017

Critique lue 885 fois

AlixFort

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