Ou comment transformer un héros antipathique en héros touchant

Probablement l'une des séries TVB les plus marquantes de son temps.

Et pour cause, l'évolution de Ho Nam, le personnage principal interprété par Deric Wan, est excellente (et l'injustice de certains événements aura marqué les téléspectateurs à vie).

Ho Nam nous apparait d'abord comme un jeune homme froid et assez antipathique. Il délaisse sa copine, il n'esquisse jamais un sourire, et on dirait que tout ce qui compte pour lui en dehors d'être digne de la confiance de son père, ce sont ses poissons tropicaux.

En bref, c'est compliqué de s'y attacher.

Et pourtant, au fur et à mesure que l'histoire avance, c'est l'inverse qui se produit. Ho Nam se retrouve dans des situations qui le forcent à sortir de sa zone de confort et à s'ouvrir à des étrangers, alors que son père lui a toujours appris à se méfier des autres. Et cette transformation nous fait réviser notre jugement sur lui. C'est là qu'on réalise que le gamin, en fait, c'est foncièrement quelqu'un de bien. Si on trouvait que c'était un connard froid au début, c'est surtout parce que son père l'avait élevé comme ça. Il ne se défera jamais tout à fait de son côté distant (après tout, on ne se défait pas d'une éducation de plus de 20 ans en claquant des doigts), mais on le retrouvera dans des situations qui mettront à mal son jugement, et c'est là que les choses deviennent franchement intéressantes. On voit clairement son évolution en tant qu'individu, et ça c'est cool.

Mais ce n'est pas le seul personnage à évoluer. En arrière fond de la trame principale, il y a une ribambelle de personnages secondaires très intéressants également, et qui, eux aussi, ont dû s'adapter face aux événements implacables de la vie.

Et c'est ça que j'adore dans cette série : tous les personnages, même les secondaires, sont développés, ont un background bien établis, évoluent et dévoilent plusieurs facettes. Et la façon dont ça s'est goupillé dans le scénario est très bien foutue:

Il y a quand même un personnage qui n'évolue pas des masses, et c'est celui de Maggie Siu. Elle reste une forte tête, ancrée sur ses principes du début à la fin. Mais loin d'être un défaut, c'est une force pour la narration. Ca permet à Ho Nam d'avoir un point fixe auquel se raccrocher dans les événements qui foutent le bordel dans sa vie.

Et puis il faut rendre aussi un hommage à l'alchimie entre Deric et Maggie. Ces deux-là font vraiment un beau couple. Ca fontionne bien à l'écran.

Un mot également sur le père de Ho Nam, qui est sans doute l'un des meilleurs méchants de série TVB que j'ai vues. Dans les autres séries, ce type de personnage est souvent un connard fini pour en faire un antagoniste clair et sans ambiguité. Ici, on a droit à un connard aussi, maiiiis avec beaucoup de nuances et avec qui on arrive à compatir. Le gars fait peut-être des crasses sans nom en affaire, mais il est extrêmement protecteur envers sa famille, son "clan". Il les aime profondément. À plusieurs reprises, on nous raconte son background d'orphelin sans racine, trahi par son "frère", et ça nous fait comprendre ses actions. Au fond, il n'a toujours désiré qu'une chose: avoir sa famille à lui, qui l'aime et lui reste fidèle. Du coup, ça tombe sous le sens qu'il pète un câble en voyant son fils chéri qu'il a élevé depuis toujours s'éloigner peu à peu de lui. Et plutôt que de ressentir de l'antipathie envers lui, on a tendance à ressentir un profond gâchi. On aurait même presque envie que tout s'arrange entre lui et son fils, alors que c'est un manipulateur sans scrupule. Et ça, ça démontre que c'est un antagoniste extrêmement bien écrit.

Qu'on se le dise, cette série est clairement un drame. Si vous préférez les petites comédies légères, passez votre chemin. Par contre, si vous aimez les polars dramatiques avec une touche de romance qui finit mal et des personnages à multiples facettes, je vous le recommande vivement. Je l'ai regardée plusieurs fois depuis que je suis gamine, et j'adore toujours autant.

On n'en fait plus depuis longtemps des séries TVB de cet acabit, et c'est bien dommage.