Born Again
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Born Again

Drama KBS2 (2020)

Born Again, c'est probablement le drama le plus insensé que j'ai eu l'occasion de voir. En entier. Je me suis infligé (il n'y a pas d'autre mot) près de dix-neuf heures de dialogues et d'images incohérents. L'histoire est à ce point bancale qu'il est difficile, dans les vingt-cinq premiers épisodes, de comprendre qui tient le rôle titre. Le diffuseur laisse penser que c'est Jang Ki-Yong, mais c'est bien Lee Soo-Hyuk qui paraît le plus souvent à l'écran, et à juste raison puisque ses personnages sont les plus normaux. Alors je vais parler de lui en premier.


Lee Soo-Hyuk incarne à la fois l'inspecteur Cha Hyeong-Bin, dans le passé, et le procureur Kim Soo-Hyuk, dans le présent, puis un avoprocuspecteur, un être magique, capable de tout faire : tabasser des brutes, conduire à une main, arrêter les méchants, tricher avec la justice pour la bonne cause, séduire la fille, plonger en eaux moyennement profondes, s'habiller avec goût, tirer huit balles en plein cœur, ressusciter. Il est tout bonnement fascinant, et c'est uniquement pour ses beaux yeux que j'ai regardé les trente-deux épisodes (je ne doute pas que vous ferez de même).


Plus le drama avance, plus j'en viens du reste à m'interroger : Est-ce que, pour la première fois de ma carrière de spectatrice, je souhaite voir le héros ne pas finir avec la fille ? C'est un grand oui ! Deux grands oui ! Oui, c'est lui le héros. Oui, je lui souhaite d'échapper aux griffes du personnage féminin le plus inconsistant jamais écrit. Elle s'appelle Jung Sa-Bin, elle est jouée par Jin Se-Yun, une actrice qui pense que susurrer toutes ses répliques la rend charmante (alors que ça donne tantôt envie de la gifler, tantôt de dormir). Sa-Bin, c'est une Temperance Brennan ratée qui discute avec les squelettes et caresse leurs os tout en faisant de l'ASMR avec un dictaphone. Influencée par sa vie antérieure, elle voue à Kim Soo-Huk un amour éternel assez tôt dans l'histoire, alors même que le pauvre homme est fiancé à une psychopathe (la première que je mentionne, mais ce drama en est plein ; patientez un peu, j'ai tout un paragraphe prêt à ce sujet). Je me dis assez tôt, oh ! un amour éternel, que c'est beau ! Et c'est ce qui me tient, qui tient mon cœur sensible.


Mais Sa-Bin, c'est aussi celle qui pense qu'il faut plaindre d'abord le meurtrier, la victime ensuite ; celle qui est incapable de reconnaître son propre visage sur une photographie, encore moins celui de son grand amour dans une reconstitution en 3D ; celle qui te dit au début qu'elle ne voit pas la couleur rouge, sans trop d'explications ; celle qui se dit qu'un stalker et meurtrier peut être séduisant, même s'il passe tout son temps à grimacer et à lui mentir.


Le stalker, c'est Cheon Jong-Beom, un paumé que Jang Ki-Yong essaye tant bien que mal de rendre attachant mais qui est en réalité détestable du début à la fin. Il m'intéresse si peu que je n'ai même pas envie de développer sur lui. Comprenez toutefois qu'à partir de l'épisode 24, par là, il remplace Soo-Hyuk dans les pensées de l'héroïne, après une ellipse qui est mal signalée. Passons.


Oui, passons au grand problème de ce drama : le scénario. Je connais quelqu'un sur ce site qui a une dent contre les scénaristes crétins des dramas coréens, et je ne peux m'empêcher de l'imaginer en train d'aboyer contre celle qui a pensé ce foutoir. Parce que Born Again est un foutoir. Le cœur de l'histoire est la réincarnation de deux amants maudits et de leur persécuteur... qui sont apparemment chrétiens (les cathédrales, les crucifix sont nombreux dans cette série) ; c'est là une première incohérence puisque la réincarnation est un concept bouddhiste (il me semble), en tout cas pas chrétien.


Autour de cette histoire d'amour se construit un thriller habité par une quantité de méchants. Tous les personnages sont en fait cinglés. TOUS. Même l'élégant Soo-Hyuk a ses moments d'obsession (pour la justice). Ainsi, on trouve une dame obsédée par les psychopathes, qui a une fille psychopathe issue d'une relation avec un psychopathe, et qui a écrit un livre sur un psychopathe fils du psychopathe avec lequel elle a eu une relation. Cette dame a aussi fait tuer son beau-père et effectué un échange d'échantillons de sperme, mais c'est accessoire. On trouve donc la fille de cette dame, une fille dérangée fiancée au séduisant Soo-Hyuk pour on ne sait quelle raison, qui est obsédée (je la comprends un peu pour le coup) par cet homme, au point de l'épouser sachant qu'il ne l'aime pas et de vouloir tuer tous ceux qui l'approchent. On trouve d'autres parents perturbés, dont une femme qui invite son fils à tuer les autres tant que ça lui permet de montrer son génie ; son autre fils est un garçon dérangé qui déteste l'aîné et lui fait boire du détergent. On trouve un gentil policier témoin de la réincarnation qui ne questionne pas sa santé mentale. On trouve une femme qui tue son bébé. On trouve un homme interné à cause de ses hallucinations. On trouve un artiste peintre tueur en série entouré d'hommes de main (je ne parviens toujours pas à expliquer pourquoi il a une meute). On trouve un riche détenu dont le frère pédophile est mort en prison et qui a une dent contre Soo-Hyuk. Et d'autres moins importants.


Tous ces personnages interagissent de façon déraisonnable, au point qu'on se demande ce qui se passe dans la tête de la scénariste. Ce que je peux comprendre, c'est qu'elle a voulu reproduire le succès de Come and Hug Me qui déjà utilisait le minois expressif de Jang Ki-Yong. Sauf qu'elle a fait n'importe quoi. Dès l'épisode 4 on sent poindre les premiers problèmes d'écriture. Difficile alors de suivre ce qui se passe, d'être certain de l'identité de tel ou tel personnage, de saisir leurs motivations. Certains personnages meurent, puis ne meurent pas tout à fait, avant de ne pas mourir du tout malgré une balle en pleine tête. D'autres meurent hors champ à cause d'une seule piqûre. D'autres changent de personnalité d'un épisode à l'autre, voire même d'identité. D'autres portent un bob ignoble.


À ce point-là, je me dis que rien de plus insensé ne peut plus se produire... mais c'est sans compter sur un personnage qui débarque d'on ne sait trop où et qui meurt en mangeant de la salade.

Hillja
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le 15 juil. 2021

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Hillja

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