Une drogue pur à 99,1%

J'ai eu cette chance, de découvrir et rentrer dans le monde des séries avec un chef d'œuvre et cela sans le vouloir. Je précise que dans cette critique il y aura évidemment des spoilers pour les gens qui ne l'ont pas encore vu je ne vous conseille donc pas de continuer mais plutôt de commencer de toute urgence cette série.
J'ai découvert l'univers magique des séries avec Breaking Bad, cette série représente à mes yeux une sorte de perfection dans tous les domaines. Elle sort de l'ordinaire pour des dizaines et des dizaines de raisons.

Breaking Bad est une série de 5 saisons (qui se poursuit avec Better Call Saul, focus sur un des personnages de la série) qui nous présente la famille des White, le père et héros Walter, prof de chimie dans un collège lambdas alors qu'il est titulaire d'un prix Nobel de chimie qui pour subvenir aux besoins de sa famille doit cumuler les heures supplémentaires dans une station-service, Skyler la mère qui n'a pas d'emploi depuis la naissance de leur premier enfant vend des soit disant œuvre d'art sur e-bay pour gagner un peu d'argent et le fils Walter Jr. handicapé moteur que l'ont va voir évoluer durant sa période d'adolescence. C'est donc ainsi que cette famille américaine moyenne subsiste tant bien que mal surtout grâce à une entente et un amour sincère régnant entre eux. C'est alors qu'un beau jour à la station de service Walter fait un malaise et est emmené à l'hôpital on lui diagnostique un cancer du poumon plutôt avancé, Walter décide de ne rien dire à sa famille. Après avoir visionné des images d'une descente réalisée par son beau-frère Hank, agent de la brigade anti-stup, Walter va demander à ce dernier de l'emmener à sa prochaine opération. C'est lors de cette arrestation que Walter va rencontrer Jesse Pinkman un de ses anciens élève devenu accro à la drogue ainsi que cuisinier amateur de méthamphétamine. Cette rencontre sera capitale car Walter demandera à jesse de s'allier, Walter étant un chimiste de génie et Jesse possédant l'expérience et les contacts du milieu de la vente de drogue. C'est là que commence la relation la plus complexe et intéressante entre deux personnages qu'il m'ait été donné de voir.
Cette relation qui évolue tout le long de la série ne sera jamais claire, il seront tantôt ami tantôt les pires ennemis, Walter aura parfois un rôle de père mais ce qui est sur c'est que la relation entre ces deux là est un points fort de la série.

Cela m'amène logiquement à l'évolution des personnages qui relève tout bonnement du génie, plus que ça il n'y a pas 3 ou 4 personnages qui sont bien développé au cours de la série mais pratiquement tous . De Walter à Saul à Mike jusqu'à Skyler ils ont tous une âme et une personnalité propre qui évolue avec les événements, les personnages sont donc clé à la réussite de la série car pour une fois la quantité ne nuit pas à la qualité. Si nous regardons l'évolution de Walter il passe d'un gentil père citoyen américain lambda qui ne fera pas de mal à une mouche dans la saison 1, à un père qui n'arrive plus à parler et ne sait plus comment faire plaisir à son fils saison 2, dans la saison 3 malgré son divorce et les mensonges à répétition envers les gens qu'il aime il reste attaché au fait de n'agir que pour le bien de sa famille, avant, dans la saison 4, de devenir véritablement un monstre, "Heisenberg", qui agit de manière égoïste sans chercher à se cacher derrière de nobles intentions. Il deviendra finalement dans la saison 5 un meurtrier rongeur par ses mensonges et ses crimes, trahira alliés comme ennemis, malgré un sursaut d'humanité dans le dernier épisode semblant presque onirique.
Bref un développement et une évolution fantastique du personnage qui se retrouve à échelle pour chaque personnage.

Ensuite, il y a évidemment l'ambiance, Albuquerque, Nouveau-Mexique des paysages aussi désertique que magnifique avec des plans parfait pour nous mettre au cotés des personnages. Du côté de la bande son c'est un sans faute aussi, les musiques nous plongent encore plus dans l'ambiance hispanique de la série, rajoutent du sens à certaines scènes et accompagnent des instants presque magique comme la scène du tonneau dans le désert ou la première scène de préparation de méthamphétamine dans la caravane.

Il y a les coup des génies comme l'épisode de la mouche ou celui de la batterie morte qui casse sans doute le rythme mais allége la série et permettent d'en apprendre plus sur les personnages, ces épisodes de remplissage sont parfaitement maîtrisé et s'imbriquent à merveille dans tout la trame scénaristique. Des dîners chez Gustavo à la chanson d'Heisenberg, ces épisodes et moments créent un véritable univers au tour de Breaking Bad qui en fait un tout très compact et uniforme sans véritable questions laissées sans réponse.
J'en viens logiquement aux antagonistes de la série qui à l'image des protagonistes sont parfaitement réussi et développé notemment l'incontournable Gus Fring qui de sa première apparition à sa mort sublime la séries ainsi que les autres personnages.
Enfin il y a évidemment la présence des nazis qui en soit sont des méchants peu charismatiques et très peu intéressant, ils semblent presque vides et leur introduction dans la série est trop rapide. En aucun cas on ne peut donc s'attacher à ces antagonistes (contrairement à Gus Fring par exemple). L'arrivée de méchant aussi plat est plus qu'intéressante, car finalement ce sont ceux qui font subir le plus de souffrances aux personnages principaux, ces méchants n'ont pas besoin d'être intéressant pour faire du mal, ils sortent de nul part, semblent presque insignifiant comparés aux épreuves passées mais détruisent finalement tour à tour chacun des personnages, cela les rend d'autant plus détestable.

Je vois d'ailleurs énormément de critiques sur le rythme de Breaking Bad, ce que je peux dans l'absolu comprendre mais pour moi ce rythme lent est nécessaire à ce développement si réaliste et si précis des personnages. Vince Gilligan a su prendre le temps qu'il fallait pour construire une évolution des personnages cohérentes, à travers des dizaines de scènes clés qui se récoupent (notamment pour Walter White) attestant de l'évolution du caractère et de la psychologie du personnage.

Pour finir cette critique je voulais juste parler rapidement du jeu d'acteur, de la direction des acteurs et du casting. En un mot, parfait. La performance de Bryan Cranston est légendaire, Bryan Cranston est Walter White. Presque autant que pour Vince Gilligan, c'est l'oeuvre d'une vie pour Bryan Cranston. Une performe si juste et si cohérente qu'elle rappelle celle de James Gandolfini dans Les Soprano.

Je pourrai parler de Breaking Bad et de ses aspects plus philosophique et abstrait ainsi que des anecdotes, rendant l'univers de la série presque magique, pendant plusieurs jours mais ça ne serai pas vraiment utile ici donc pour faire court il ne faut pas manquer ce chef d'œuvre.