Bref. C'était la critique d'une série.

* Critique originale disponible sur Duotaku no Sora *

La vie, c'est de la merde. Parcequ'au début, on nait. À la fin on meurt. Et entre les deux, il ne se passe rien.

Bref. C'est l'histoire d'un gars.

Dans Bref, on suit la vie d'un mec appelé "Je" dans des mini-épisodes de 2 minutes racontés dans un format atypique comme celui du résumé de la série juste au-dessus. "Je" portera différents noms au cours des épisodes comme Vincent, lorsque la fille dont il est amoureux se trompera de prénom, ou Éric Dampierre lorsqu'il travaillera comme téléconseiller pour une entreprise. On suit donc la vie de ce gars qui vit en colocation et sa vie quotidienne après sa rencontre avec Sarah au cours d'une soirée chez son frère. La série se découpera en deux parties, la première nous montrera la vie de tous les jours de ce gars qui s'articule autour de ses potes, son plan cul régulier et ses déboires dans sa recherche de travail. Une première partie axée sur l'humour qui nous montre l'univers de la série et l'entourage proche – et moins proche – du héros ainsi que ses divers traits de caractère.

La seconde partie pour sa part, bien qu'elle conserve toujours l'humour caractéristique de la série, s'assombrira nettement puisqu'après avoir suivi l'ascension du héros pendant 40 épisodes, celui-ci fera maintenant des erreurs de plus en plus fréquentes jusqu'à la fin de la série où le ton sera bien plus sombre. Enfin reste le tout dernier épisode appelé "BREF" qui nous aura laissé dans la frustration durant ces 13 longues années vu qu'il n'y avait tout simplement pas de fin ! Pour faire simple, la série terminait un arc centré sur la chute de son personnage principal, mais cet épisode final ne raconte rien sur lui. Nous terminions donc la série sans savoir ce qu'il est advenu de son entourage, de sa relation avec ses proches, ou des conséquences de ses actes, l'épisode se finissant simplement sur la fameuse réplique du personnage principal : « On se retrouve au cinéma. ».

Une suite sur grand écran avait donc été teasée mais sans jamais parvenir à voir le jour. Jusqu'à ce 31 janvier dernier où Bref 2 est annoncé sur Disney+ avec 6 épisodes au format 30 minutes. Un nouveau format déroutant pour cette série minimaliste, mais nous en reparlerons dans la critique de ladite suite.

Ainsi si la série part à l'origine sur des mini-sketchs humoristiques basés sur la vie d'un trentenaire largué aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle, elle parvenait dans sa seconde moitié à nous raconter quelque chose, et à montrer que même si en apparence une personne semble aller bien, elle peut du jour au lendemain détruire le bonheur et la stabilité qu'elle a tant recherchée.

Bref. Y'a beaucoup de personnages.

Bref comptera malgré son format court une bonne palette de personnages récurrents, à commencer par le personnage principal ("Je") campé par Kyan KHOJANDI à travers duquel on suivra majoritairement le point de vue. Un personnage qui se définit lui-même comme égocentrique, maniaque, impulsif, frustré, égoïste, menteur... Quelqu'un donc avec pas mal de défauts et qui se complaît dans sa vie assez banale jusqu'à ce qu'il remarque "cette fille" (Sarah) lors d'une soirée. Ainsi il essaiera de la revoir tout en cherchant à faire des efforts et en cherchant à trouver un travail. Et si du point de vue de l'adolescent que j'étais, le personnage semblait drôle à toujours galérer, de mon point de vue maintenant plus adulte, certaines situations m'apparaissent autrement. En effet, il est difficile de trouver des objectifs clairs dans sa vie, donc bien que tous les choix du personnage ne soient pas véritablement justifiés, d'autres pourront au contraire résonner en nous. De plus, c'est bien son absence de prénom qui permettra à chacun et chacune de se reconnaître en partie en lui, faisant de lui l'une des plus grandes forces de la série !

Outre son personnage principal, il y aura Baptiste (Baptiste LECAPLAIN) son colocataire qui ne fait pas grand-chose et qui peut s'avérer super flippant lorsqu'il a une petite amie, Kheiron (Kheiron) son ami de toujours qui lui conseille de coucher avec des meufs quand il n'a pas le moral ou aussi quand il l'a, ou encore Julien (Dédo), son ami qui lui donnera de bons conseils mais sous certaines conditions. Une bande de potes aux personnalités variées et clichées à première vue mais qui ne manqueront jamais de nous faire penser à quelqu'un de notre entourage.

Enfin il y aura Marla (Bérangère KRIEF), définie comme le plan cul régulier du personnage principal, qui ne pourra s'empêcher de dire "T'es qu'un con." au héros dès qu'il dira un truc de travers. Une fille à l'apparence totalement banale mais qui est en réalité imprévisible et assez colérique, et qui prendra davantage d'épaisseur dans la seconde partie de la série. Et enfin difficile de ne pas parler de Sarah (Alice DAVID) dont le personnage principal tombera sous le charme au premier regard. On découvrira d'abord son personnage à travers le héros pour qui elle représente son idéal avant de passer par quelques épisodes qui nous feront comprendre ce qu'elle ressent pour lui au fur et à mesure de la série.

Et il restera la famille du héros, à commencer par ses parents en plein divorce car son père a préféré partir avec une fille plus jeune car, je cite : "Elle me comprends elle au moins.". Et Keyvan (KEYVAN KHOJANDI), le frère aîné parfait du personnage principal et qui le comprend mieux que personne. Celui-ci est en couple avec Maud (Maud BETTINA-MARIE) qui adore faire des soirées !

Ainsi on a de nombreux personnages mais qui se révèleront d'abord assez simples. Si certains sortiront un peu de la case stéréotype dans laquelle ils sont ancrés à mesure que la série prend de l'épaisseur, la majorité cependant resteront très classiques, se cantonnant souvent à un rôle prédéfini (le fainéant, le lourd, le pleurnicheur, etc.).

Bref. C'est TikTok avant l'heure.

Au niveau de sa réalisation, Bref fut novateur. En effet, si aujourd'hui nous sommes habitués au format court avec les shorts et les réseaux comme TikTok, à l'époque Bref faisait office de précurseur dans le domaine ! En effet, chaque épisode conte une histoire de deux minutes, la thématique est donc à chaque fois très simpliste avec des titres très explicites comme "Bref. Je remets tout à demain." ou encore "Bref. Je suis allé à ce mariage.".

Des épisodes au format court mais qui parfois se permettront de changer de point de vue avec par exemple l'épisode "Bref. Je suis vieille." qui nous fait suivre le point de vue d'une dame âgée dans son quotidien. Les changements de ton également feront leur apparition de temps à autre. Si la série est principalement axée sur la comédie, elle ne s'empêchera pas de nous livrer aussi des épisodes parfois émouvants voire tristes selon notre degré d'attachement aux personnages qui vivront parfois des déceptions ou des coups durs. La narration se permettra aussi de briser le quatrième mur avec l'incursion de publicités dont le fameux "Énergie 3000 ! La boisson des vrais bonhommes !".

Mais si Bref a aussi bien marché à l'époque, c'est parce que la série parle de situations qui sont déjà arrivées à tout le monde. Comme l'épisode centré sur le métro parisien par exemple, ou sur les gestes et tics de langage que l'on peut apercevoir chez les autres. Ainsi la série se joue des clichés du quotidien pour mieux nous faire rire.

Bref. C'était la critique d'une série.

Ainsi Bref est une shortcom qui est excellente et que je conseille vivement !

Si aujourd'hui elle peut paraître désuète tant nous sommes habitués au format court, la série pour l'époque était un ovni et demeurait très bonne aussi bien dans son humour que dans son écriture. On peut déplorer un traitement de ses personnages assez simpliste, mais elle demeure encore une série à voir avec enfin une suite et fin qui, on l'espère, sera aussi qualitative que l'originale !