Repenser complètement le format qui a fait le succès de Bref était un pari audacieux. Avec Bref 2, Kyan Khojandi et Bruno Muschio tentent de renouveler leur approche tout en conservant un rythme effréné.
Ce choix de refonte narrative est intéressant : la mise en scène regorge de bonnes idées, jouant habilement avec les décors et les mouvements de caméra. Certaines séquences évoquent le dynamisme de certains montages YouTube, et les métaphores, bien que parfois trop appuyées (comme la voiture pour illustrer une relation), permettent d’aérer le récit. Les choix musicaux sont également pertinents, renforçant certaines émotions sans jamais en faire trop. Cependant, la série souffre aussi de ses ambitions. En multipliant les apparitions de caméos, mais aussi en voulant trop souligner ses bonnes intentions et son scénario pseudo-déconstruit, elle finit par perdre en authenticité
L’un des problèmes majeurs de Bref 2, c’est son recours excessif au pathos. Plutôt que de trouver une subtilité dans l’émotion, la série cherche systématiquement à émouvoir de manière frontale, optant pour la solution de facilité. Cette lourdeur se retrouve dans le jeu d’acteur, inégal : si Bérangère Krief, Baptiste Lecaplain et Keyvan Khojandi s’en sortent bien, Laura Felpin ou Kyan Khojandi livrent des performances plus limitées (même un enfant ne croirait pas les larmes de Kyan). Certaines expérimentations visuelles et surtout narratives, trop poussées, deviennent lourdes, et les passages à effets spéciaux rappellent trop l’esthétique du Studio Bagel, ce qui nuit à l’identité propre de la série.
L’ensemble manque de naturel, avec une écriture qui sur-explique chaque évolution du personnage et des thématiques consensuelles qui, malgré une narration déconstruite, peinent à surprendre. Là où un film comme Comment c’est loin par exemple captait une sincérité brute, Bref 2 semble trop calculé. Si l’énergie et la créativité sont toujours là, elles s’accompagnent de nouvelles limites qui rendent l’expérience tout aussi inégale.