Vous saviez que "Buffy" c'est le diminutif de "Elizabeth" ?

Ah que j'aimais bien cette série ! A la fin des années 90 faut se rappeler qu'il y avait pas encore de plateformes de vidéos à la demande ni d'internet illimité grand public : les gens regardaient la télé.


Et à la télé, le samedi soir sur M6, y'avait la Trilogie du samedi. Quand j'étais petit, j'aimais beaucoup deux des séries qui y étaient diffusées : le Caméléon et Buffy contre les vampires. Pour voir Buffy, fallait parfois subir un épisode de Sentinel, de Charmed ou de Stargate SG-1 (ouh je vais pas me faire que des amis en disant ça !), mais tant pis j'étais prêt à tous les sacrifices.


Le synopsis : on est dans un monde qui semble réel et contemporain, mais dans lequel il y a plein de créatures toutes plus vilaines les unes que les autres qui cherchent à nous trucider. Il y a les vampires évidemment, mais aussi toutes sortes de démons, être maléfiques, sorciers et j'en passe. En face d'eux : une adolescente dotée d'une super force, d'une maîtrise de kung fu et d'une bande de copains.


Cette petite bande inclut un ami fidèle mais un peu inutile (Alex), la geekette de service qui développe des pouvoirs magiques au fil des saisons (Willow), le bibliothécaire expert ès créatures maléfiques (Giles), la peste du lycée d'abord ennemie puis amie (Cordelia), le beau gosse ténébreux vampire repenti (Angel puis Spike), et plein d'autres un peu plus secondaires (Anya, Tara, Oz...).


La construction narrative classique était la suivante : un épisode, une nouvelle menace à combattre arrive (un démon, un vampire, un sortilège qui fout le bordel...), la menace est combattue (à coups de pieds par Buffy ou par la magie) et vaincue. A la fin des années 90 avant l'essor de la VOD, les séries fonctionnaient encore beaucoup avec ce système d'épisodes "stand alone".


Alors pourquoi à mon avis Buffy était une si bonne série ?


Déjà car la série était bourrée d'imagination. Les diverses menaces qui arrivaient à chaque épisode me laissent un très fort souvenir de créativité, à la fois car elles revisitaient avec originalité les mythes classiques (les loups-garous, Dracula, Frankenstein, les sorcières, les philtres d'amour, etc...) mais également quand elles créaient des méchants de toutes pièces. Beaucoup de "méchants" étaient vraiment hyper stylés et originaux. Souvent effrayants, parfois grotesques, toujours dangereux. Les "gentlemen" par exemple m'ont bien traumatisé... Gloria et son mélange de puissance, de sexytude et de grotesque, Les Turok Han dans la dernière saison... Juste les vampires de base, du reste, ils étaient bien foutus et ils me foutaient les jetons. Plein d'épisodes sont excellents, je ne saurais tous les citer. D'ailleurs la série a encore une grosse communauté de fans. Il y a des classements des meilleurs épisodes.


Ensuite, si la série avait format d'épisodes stand alone, chaque saison avait un fil conducteur avec la menace grandissante d'un grand méchant qui montait en puissance jusqu'à l'affrontement final de la saison. C'était soit un très vieux vampire, un démon à l'apparence humaine (Aaah le maire), soit carrément une déesse ou le mal incarné lui-même... Cette continuité scénaristique apportait beaucoup et accrochait vraiment l'intérêt du spectateur. Il y avait aussi beaucoup de cohérence et de continuité inter-saisons.


En lien avec cette cohérence scénaristique, la série avait instauré un très bon niveau de character development. Au fil des saisons, tous les persos évoluaient intelligemment, gagnant parfois en puissance (Willow), en moralité (les redemptions arcs compliqués de Faith, Spike, Angel...) ... voire simplement en responsabilités professionnelles dans le monde normal. Alex qui devient chef de chantier, ça montre que les persos ont une vie dans le monde réel. C'est intelligent, ça ancre les persos dans le réel. J'ai beaucoup aimé par exemple la saison où Buffy doit faire serveuse chez Mac Do parce qu'elle n'a pas de tunes. A un moment un vampire avec qui elle se bat se moque d'elle car elle sent le Big Mac. C'est bête, mais ça marche bien.


Et oui car Buffy c'était aussi beaucoup d'humour et de situations burlesques. Très souvent, l'humour fonctionnait bien soit car il prenait le contrepied des clichés habituels soit car il offrait des chutes inattendues. Dans un épisode qui m'a marqué par exemple, les méchants essaient pendant tout l'épisode d'invoquer un ancien et puissant démon. A la fin, ils y arrivent et patatras le grand méchant est invoqué. Là, tout le monde réalise qu'il est certes très méchant mais ne que mesure que 5cm de haut : Buffy l'écrase d'un coup de talon. C'est con mais ça surprend et ça marche très bien! La série était pleine de retournements de situations de ce type.


Ah et le générique. Oh purée qu'il était bien ce générique ! Les bruitages, le rock, les extraits choisis d'épisode... Le top du top de l'époque. D'ailleurs, tout l'esthétique gothique un peu punk de la série est une vraie bouffée d'air venu des années 90 !


Enfin, dernier gros point positif, la série a réussi à tenir sur la durée. Hormis une saison que j'ai détestée (la saison 4 avec les militaires de l'Initiative), toutes les autres saisons étaient constantes en qualité. Certes les thématiques devenaient moins légères et plus sérieuses à mesure que les personnages quittaient le lycée, mais la qualité est restée bonne. Et ça permettait de montrer les personnages qui faisaient face à des accidents de la vie (pertes de proche, difficultés à joindre les deux bouts...). C'était habile et jamais de l'émotion achetée pas cher.


Il y a quand même quelques points négatifs à retenir.


Déjà il faut bien avouer que la série a pris un (léger) coup de vieux. Alors si les effets de maquillage résistent plutôt bien au temps (les vampires restent flippants en 2023), c'est plutôt les combats qui ont mal vieilli. Dans les bagarres, c'est surtout à base d'arts martiaux filmés façon années 90 : pas toujours assez de champ de caméra et des coups de pied qui ont l'air peu dangereux. Les bagarres qui sont dangereuses c'est quand il y a des armes : là il arrive que des personnages meurent. Sinon, les personnages se content souvent de faire des projections ou des coups où on ressent peu les impacts. Les armes restent assez rares d'ailleurs. Il faut attendre la fin de la saison 6 pour qu'un méchant ait l'idée toute bête juste de juste acheter un flingue pour canarder Buffy.


Enfin, la série est légèrement inégale. A cause du format d'épisodes "stand alone", certains épisodes mettent en scène des menaces que j'ai trouvé moins réussies (genre la momie inca, les mutants aquatiques de la piscine, l'épisode musical...) - même si au global la série est très bonne avec plein d'épisodes puissants.


Je déteste particulièrement la saison 4 avec Frankenstein et l'Initiative car les intrigues me semblent plus faibles et que j'ai globalement eu du mal à adhérer avec le concept de base militaire secrète sous leurs pieds. De plus, cette saison venait après la géniale saison 3 (celle du Maire et de Faith). Heureusement la série a su rétropédaler et nous offrir ensuite encore trois bonnes saisons avec des méchants originaux (Gloria, le Trio, la Force).


Bref, une putain de bonne série !

Jean-Michel-Cinema
9

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Créée

le 29 juin 2023

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