Bon. On va le dire une fois pour toutes : cette série est problématique sur tout un tas d'aspects. En même temps, l'idée d'une comédie romantique polyamoureuse (si on veut être gentil) ou infidèle (pour être plus en phase avec le propos) destinée à des hommes au milieu du Los Angeles des années 2000 a de quoi faire peur - à raison.


Et pourtant, et cela malgré ses évidentes fautes politiques, je passe systématiquement un bon moment au visionnage de Californication. Peut-être est-ce à cause de son cadre, ou du nombre de références à la culture du rock dont la série transpire. J'évoquerais également le nihilisme de Hank Moody, très justement interprété par David Duchovny qui semble taillé pour le rôle, qui m'amuse et me fait rire jaune. Essayons de tirer le clair de tout cela.


La première chose qui frappe dans cette série, c'est l'absence de tabou sur la sexualité. Autant je n'apprécie pas quand la narration d'une fiction se perd dans des détours romantiques dispensables, autant Californication excelle dès lors qu'il s'agit de faire de l'intimité de ses personnages la substance même de son propos. Et c'est terriblement rafraîchissant. C'est même pornographique à certains moments - et c'est tant mieux. A titre d’anecdote, le ton est fixé dès l'ouverture du pilote de la saison 1 sur une fellation réalisée par une femme d'église. On sait tout de suite dans quoi on s'engage.


Une chose est sûre : Californication est une œuvre clivante qui n'est pas faite pour plaire à tout le monde. De fait, Hank Moody y est érigé en véritable icône de la masculinité. Cela rend Californication accidentellement intéressant pour un public plus progressiste en quête d'un visionnage analytique. C'est un excellent cas d'école pour étudier la construction de la masculinité et les contradictions qui la traversent. Car il touche à l'intime, le propos devient donc plus subtile qu'il n'y parait. Comment tel personnage justifiera tel acte ? Quelles sont ses motivations ?


Et c'est d'ailleurs ce qui rend cette production aussi dure à noter ! L'adolescent en moi voudrait lui offrir le monde sur un plateau, ne serait-ce que pour le pamphlet individualiste qu'il représente, mais le militant freine des quatre fers de ne lui donner plus de visibilité.


Il n'empêche que l'adulte y reviendra critiquement pour y trouver un repos stimulant et indulgent. Car, finalement, Californication ne saurait être rien de plus qu'un éloge de l'indulgence.

Elies_Button
7
Écrit par

Créée

le 9 sept. 2023

Critique lue 20 fois

Elie's Button

Écrit par

Critique lue 20 fois

D'autres avis sur Californication

Californication
Mattchupichu77
6

Hank Maudit ?

Il n'est pas évident d'écrire sur Californication tant la série suscite chez moi des sentiments contradictoires. Aussi, commençons peut-être par ce qui m'apparaît comme positif : -La série est...

le 27 juil. 2013

55 j'aime

6

Californication
Julien82
6

Dream of Californicatiooooooon (Red Hot Chili Peppers copyright)

Cette série sert strictement à rien, les persos passent leur temps à faire croire qu'ils sont rebelles et cool alors qu'en fait leur souhait le plus cher est de finir ensemble comme dans les contes...

le 1 avr. 2011

31 j'aime

2

Californication
Godspeed_Ya_SoB
7

LA-Files.

A peu près le même verdict pour les 3 saisons, un Duchovny excellent (mais vraiment) dans son rôle quasi-autobiographique de looser charismatique et classieux ; N'importe qui se damnerait pour avoir...

le 15 oct. 2010

22 j'aime

2

Du même critique

Jawan
Elies_Button
10

Hollywood est mort. Vive le cinéma.

Soyons clairs : personne, y compris moi, y compris vous, n'est prêt pour autant de coolitude. Quelque raisons :La réal est on fire. C'est terriblement bien référencé. La direction s'est faite plaisir...

le 20 avr. 2024

1 j'aime

Oppenheimer
Elies_Button
2

Pétard mouillé

Les dialogues sont mauvais. Vraiment mauvais. A y ajouter la véridicité scienctifique, biographique et historique aux fraises et un rythme inexistant. Le film pue le patriotisme américain cheap et...

le 22 déc. 2023

Grand Theft Auto: Online
Elies_Button
1

The Paywall.

Bon Dieu que c'est mauvais. C'est absolument le pire jeu vidéo qu'il m'a été donné de jouer. Fourni " gratuitement " avec la formidable (mais datée) campagne de GTA V, GTA : Online se voulait être à...

le 5 août 2023