Caprica
6.2
Caprica

Série SyFy (2010)

Caprica, mort prématurée d'une oeuvre culte

Faute d'audience, la préquelle de Battlestar Galactica a dû être annulée à l'issue de sa première saison, pourtant Caprica vaut vraiment le coup d'y jeter un oeil et s'inscrit parfaitement dans la mythologie BSG. Beaucoup moins ancrée science-fiction que son aînée, Caprica délaisse les vaisseaux spatiaux et les dogs fights pour rester un peu plus terre à terre. Se tournant plus vers le drame familial, Caprica décrit un futur proche et aborde des dilemmes éthiques auxquels notre race pourrait être confronté.


Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...

Se déroulant une cinquantaine d'années avant la destruction des douze colonies par les Cylons, Caprica suit deux familles qui auront des rôles capitaux sur l'avenir de l'humanité entière. D'un côté la famille capricane Graystone et de l'autre la famille Adama originaire de Tauron. N'ayant à première vue rien en commun, ces deux clans vont voir leur destins se lier suite aux agissements terroristes d'un groupuscule qui revendique un dieu unique face à une société polythéiste.

CEO de Graystone Industries, Daniel Graystone, est devenu richissime grâce à l'invention d'un monde virtuel que les douzes colonies s'arrachent. Il est le père de la jeune surdouée Zoé Graystone qui a réussi à digitaliser entièrement sa propre personne. Malheureusement, lorsqu'elle est tuée dans un attentat, Zoé se retrouve ressuscitée malgré elle par son père alors qu'il tente de créer le premier robot douée d'une intelligence propre.

En face, nous trouvons Joseph Adama, un avocat immigré de Tauron, qui se trouve mêlé à ces évènements. En effet, l'attentat qui a tué Zoé Graystone, a aussi emporté sa femme et sa fille. Se retouvant seul avec son fils William, Joseph va rencontrer Daniel Graystone et découvrir que sa fille Tamara peut être elle aussi digitaliser à l'intérieur de ce monde virtuel.

En tentant de ressuciter Zoé sous la forme d'un robot, Daniel va implanter la version digitale dans le cerveau d'un androïd qui deviendra alors le tout premier Cylon.


Capricaaaa, ton univers impitoyaaaableuh !

Voilà pour le pitch qui résume par la même occasion le pilote de la série. Comme précisé plus haut, le ton dramatique est donné dès le départ. Le rythme est beaucoup plus posé par rapport à Battlestar Galactica. Un peu trop d'ailleurs car l'un des défaut de ce spin-off est qu'il a un peu de mal a trouver ses marques. En effet, malgré un pilote qui pose bien les bases, les premiers épisodes pataugent un petit peu. Caprica dispose un peu trop de personnages principaux et on ressent une trop grande inégalité dans le traitement de certains. L'exemple le plus probant est celui de Tamara, la fille de Joseph Adama. En effet, son rôle n'a pas énormément de sens et tout au long de la saison elle apparaît, disparaît puis réapparaît sans trop de raison pour être complètement oublié par les auteurs à la fin. Ainsi cette inégalité de traitement pour certain personnages perd un peu le spectateur.

Même si ces éléments sont un peu déroutants, le contexte quant à lui permet de bien rester accroché. En effet la présentation des colonies de l'avant guerre est très intéressante. On y découvre un peu plus leurs traditions et cultures, en particulier celles de Caprica et de Tauron. Le background est très réussi, on y retrouve un style vestimentaire et une ambiance très années 50 tout en étant mêlé avec de la haute technologie. Tout comme dans Battlestar Galactica, l'aspect religieux est très présent et on voit se développer les courants monothéistes au sein d'une majorité polythéiste. Il est amusant de voir à quels points les détails ont été peaufinés pour rendre ces sociétés totalement plausibles et réalistes.

Si la série se focalise essentiellement sur Caprica qui est le centre névralgique des douze colonies, la série s'étend aussi sur les Taurons dont les us et coutûmes sont très marqués. Peuple très fier et respectueux de leur code d'honneur, cette colonie est surtout connue pour l'étendue de leur mafia. Très proche de cette mafia, Joseph Adama en sera d'autant plus impliqué au fur et à mesure de l'histoire. Associé à cette ambiance très fifties, cela donne un petit côté Le Parrain / Les Affranchis à la série qui est plutôt appréciable.

Présenté à tort comme un soap-opéra, Caprica est bien loin de ce raccourci. En effet même si la série tourne essentiellement autour du couple Daniel & Amanda Graystone, de leur relation avec leur fille ou bien des magouilles entre Joseph Adama et son frère Sam, les thèmes principaux restent avant tout la religion, l'extrémisme, le terrorisme, ou encore le deuil. Et comme toujours avec Ronald D. Moore, ces sujets sont traités d'une main de maître avec subtilité et justesse.


La Force est très puissante dans ta famille.

Malgré son destin funeste, la recette qui avait fait le succès de Battlestar Galactica était toujours présente. Les faits sont là : les comédiens sont excellents, la réalisation est superbe, l'écriture est de qualité et les thèmes abordés sont d'une grande pertinence. Mais le dictat de l'audience fait toujours office de bourreau, et la sentence sera sans appel. Pourtant malgré son annulation, Ronald D. Moore, Remi Aubuchon et David Eick réussiront un tour de force en nous offrant un final à la hauteur de la saga. Rien que pour ses cinq dernières minutes, la série vaut le coup d'être vue. Petit bonus supplémentaire, l'OST de la série est toujours dirigée par Bear McReary qui nous offre encore une fois une bande sonore magnifique.

Dans le paysage de la série SF, ça me tue qu'on annule des séries de la trempe de Caprica lorsque je voie la nullité médiocrité de certaines séries qui se font renouveler. Je pense notamment à la saison 2 de V que je suis actuellement en train de regarder et qui me fait regretter à chaque épisode le décès de Caprica, mais j'y reviendrai dans un billet ultérieur.


Il y a un bug dans la matrice.

Alors malgré ses nombreuses qualités, pourquoi Caprica n'a-t-elle pas marché ? Le soucis c'est que Caprica savait très bien où elle allait, mais les producteurs n'ont pas réussi à quantifier combien de temps ils leur fallaient pour y arriver. C'est pourquoi ça patauge un peu au début. Mais pour les téléspectateurs américains, suivre Caprica était loin d'être simple. En effet la diffusion des épisodes fut plus que chaotique. Les neuf premiers épisodes ont été diffusés entre janvier et mars 2010 sur Syfy, puis quatre supplémentaires sept mois après et enfin les cinq derniers lors d'une soirée marathon début janvier 2011. On comprend un peu mieux pourquoi les audiences n'ont pas suivi.

Paradoxalement, le lien de parenté avec Battlestar Galactica a aussi fait défaut à Caprica. En effet, les fans de Battlestar ne s'attendaient peut être pas à une orientation plus calme et le manque d'action a sûrement fait lâcher le fil aux amateurs de la première heure. Dommage, Caprica gardera tout de même un succès d'estime dans le coeur des vrais fans.


Il y a un autre Skywalker.

Maintenant que Caprica a mis la clé sous la porte, on peut désormais sécher nos larmes car l'univers de Battlestar a plus d'une corde à son arc. En effet, tout comme Volvic qui nous rappelle que lorsqu'un volcan s'éteint, un autre s'éveille (c'te vieux slogan XD), la saga nous réserve un troisième chapitre. Intitulé Battlestar Galactica : Blood & Chrome, ce nouveau volet suivra Bill Adama pendant la première guerre alors qu'il n'a tout juste qu'un vingtaine d'année. On le découvrira ainsi faire ses premières armes sur un Battlestar Galactica flambant neuf. J'espère que ce coup ci l'aura de Battlestar sera bénéfique pour ce second spin-off et qu'on y retrouvera l'intensité et la qualité des BSG et de Caprica. On croise les doigts.

So say we all !
Kothlis
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le 22 févr. 2011

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