Constellation
6
Constellation

Série Apple TV+ (2024)

Voir la série

Il faut parfois savoir s'incliner devant une œuvre qui ose. Et c'est le cas de Constellation. Cette série ouvre la porte au risque, et le fait de manière brillante et intelligente.

Il y a tout d'abord le risque - minime en apparence, mais sincère, sérieux, existant - d'une délocalisation de l'histoire. On n'est pas aux USA, on n'est pas aux mains de la NASA, et les américains n'ont pas pour vocation de sauver le monde. Et ça, déjà, c'est à noter.

Mais il y a aussi le risque de l'angle pris. On n'est certes dans l'espace, mais nous ne sommes pas dans un drame planétaire, dans une guerre avec des extra-terrestres ou dans un scénario catastrophe.

Enfin, il y a le risque énorme de la mise en image de lois physiques qui, encore aujourd'hui sont à peine comprises. Et ça, bordel... C'est un pari aussi osé que réussi.

Et c'est sans doute cette compilation de risque qui rend la série si puissante. Car Constellation est une réussite sur chacun des points relevés. Le scenario est prenant, au même titre qu'il est audacieux, presque fou. Mais on plonge allégrement dans cette folie : on veut comprendre, on veut savoir. C'est d'ailleurs même pire que cela. On comprend le lien entre l'histoire de ce personnage et les lois de la physique quantique, on le comprend aussi bien qu'elle. Mais on est saisi, on veut comprendre ce qu'elle a compris, et où l'emmènera cette compréhension.

Et on est bien obligé de tirer son chapeau à la réalisation. Car si on est embarqué dans une histoire pourtant si complexe, si folle avec autant d'allégresse et de volonté, c'est parce que la réalisation est intelligente. Elle est même géniale, au sens où elle fait preuve de génie, en parvenant à jouer avec les temporalités, les effets de miroirs, les rebours...

C'est pourquoi la série me paraît fascinante, autant à suivre (à comprendre) qu'à regarder (à admirer). La double scène du chalet, avec la présence d'un chat mort et d'un chat vivant ; la discussion de cette petite fille avec elle-même dans l'armoire ; la scène de la soirée suivant l'enterrement ; la discussion sur la balançoire entre la petite fille et Jonathan Banks... sont des scènes d'une puissance visuelle, symbolique et scientifique incroyable. Tout est fait dans la justesse.

En parlant d'ailleurs de justesse et de Jonathan Banks il faut également souligner le jeu de Noomi Rapace qui me paraît très fin, élégant et tenu.

Bref, c'est à s'arracher les cheveux face à la décision prise de ne pas poursuivre la production de cette série.

THobbes
9
Écrit par

Créée

le 14 mai 2024

Critique lue 17 fois

1 j'aime

2 commentaires

THobbes

Écrit par

Critique lue 17 fois

1
2

D'autres avis sur Constellation

Constellation
Claudeuh
4

Apple Code Quantum

La physique quantique, c'est très pratique, ça sert à cuire des oeufs, à utiliser des téléphones, et à regarder Ehrmantraut siffler entre ses dents et nous sortir les théories de Schrödinger pour...

le 26 mars 2024

6 j'aime

1

Constellation
DosageSalahmi
6

Vise la lune, au pire, tu atterrira dans ... l'incompréhension ?

Constellation est une série SF au postulat de base sympathique. l'ISS en perdition, un équipage piégé dans l'espace qui doit absolument chercher à redescendre. Pour autant, cet aspect du récit n'est...

le 2 avr. 2024

4 j'aime

Constellation
EricDebarnot
6

De l’autre côté du miroir ?

Jo Ericsson est une scientifique travaillant à bord de l’ISS, quand la station est heurtée par un projectile non identifié : l’un de ses collègues meurt dans l’accident, et Jo a bien des difficultés...

le 31 mars 2024

3 j'aime

Du même critique

Ava's Possessions
THobbes
7

La réussite sans budget

Après le visionnage de ce film, deux idées s'imposent à notre esprit, qui n'en forment plus qu'une à la fin : d'abord, l'œuvre est bourrée de bonnes idées ; ensuite, ça sent la production low cost...

le 24 avr. 2024

3 j'aime

En un combat douteux
THobbes
6

Un roman difficile

John Steinbeck est mon auteur préféré : Des souris et des hommes m'a d'abord subjugué ; c'est en lisant A l'est d'Eden que j'ai sincèrement pu comprendre la portée et la puissance d'une œuvre d'art,...

le 26 mai 2024

1 j'aime