Après avoir travaillé sur la franchise Star Trek, Bryan Fuller s'est tourné vers la production et la création de séries originales... mais qui se sont généralement toutes très vite prises les pieds dans le tapis au niveau audience. Avant de développer Wonderfalls et Pushing Daisies, Bryan Fuller a créé Dead Like Me pour Showtime qui a eu la chance d'aller au bout de 2 saisons et de totaliser 29 épisodes. Il faut avouer que le résumé de la série (une fille qui se prend la lunette des toilettes d'une station spatiale, en meurt et devient une faucheuse d'âme) met de suite le téléspectateur face au ton décalé de la série et segmente forcément l'audience.

En effet, la série traite d'un sujet déprimant (la mort et le deuil) mais avec un humour noir assez délicieux : les morts sont souvent totalement improbables et traitées de manière complètement délirantes (et si les faucheurs d'âmes ont l'heure et le nom de leur victime sur leur post-it, ils n'ont ni leur photo, ni les conditions du décès...). Cet humour noir est d'ailleurs également très présent dans le ton désabusé de la voix off de l'héroïne, George Lass, interprétée par Ellen Muth jeune actrice d'une vingtaine d'années et que l'on a seulement pu remarquer dans des seconds rôles à la télé ou dans Dolorès Claiborne, qui arbore une moue quasi-permanente en 1ère saison avant de commencer à entrapercevoir une relative acceptation de sa condition d'entre-deux ensuite et de la voir découvrir avec amusement sa prochaine "victime". C'est d'ailleurs ce personnage qui peut être un frein à l'appréciation de la série au départ car il est tellement particulier avec sa rancoeur envers sa nouvelle condition et sa vision de la vie très négative et affreusement (ou judicieusement ?) terre-à-terre. Pour ma part, c'est cette vision neutre et terre-à-terre de la vie courante comme une certaine philosophie simple envers le rapport aux autres et à leur absence qui m'a semblé pertinent (même si parfois un peu déprimant). Pour le reste du casting, il est plus effacé malgré le fait que les personnages restent très typés : on notera la bonne prestation de Mandy Patinkin, ancien médecin de Chicago Hope et futur profiler d'Esprits Criminels, et celle de la mère de George, plus dramatique, interprétée par Cynthia Stevenson.

Mais l'aspect déprimant est largement compensé par l'humour de la série : que ce soit pour les dialogues incisifs entre les différents faucheurs d'âmes, les seconds rôles hauts en couleur (comme Dolorès, la responsable de George, qui par exemple a disposé des webcams partout chez elle pour que ses "fans" puisse la voir faire le ménage et lui mettre une note comme maîtresse de maison), les réactions parfois absurdes de la famille de George suite à son décès ou encore les morts hautement improbables comme un retraité exhibitionniste qui meurt en glissant d'un plongeoir sur un autre ou un gars qui glisse sur une peau de banane jusqu'à avoir la tête coinçée contre une porte tourniquet... qu'un pompier viendra tourner involontairement jusqu'à lui rompre le cou ! Le sujet ne fera pas sourire tout le monde sans doute, mais rarement la mort n'a été aussi joyeuse...

Difficile de retranscrire les qualités de cette série à travers une critique, tant celle-ci est atypique avec son ton bizarre, son thème particulier et son univers absurde... L'humour de cette série ne sera pas forcément perçu par tout le monde, tantôt à cause de sa noirceur, tantôt par son absurdité, mais il est très présent. A l'image de ses séries suivantes comme Pushing Daisies, on reconnait la patte d'un auteur dans cette série... D'un auteur d'une série à découvrir.
LeBlogDuCinéma
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 sept. 2011

Critique lue 358 fois

1 j'aime

Critique lue 358 fois

1

D'autres avis sur Dead Like Me

Dead Like Me
EcceLex
8

Critique de Dead Like Me par EcceLex

« George Larris se fait percuter le jour de ses 18 ans par la cuvette de la station spatiale MIR et devient une faucheuse d'âmes ». De ce pitch, Dead Like Me ne retient rien de paranormal et...

le 30 oct. 2010

16 j'aime

3

Dead Like Me
shizumaru
3

La série de toutes les déceptions

Il est difficile de détester une mauvaise série. Si c'était naze dès le début, on aura lâché avant de s'en faire une idée complète, on était pas le public-cible, ou on s'est simplement...

le 29 juin 2010

15 j'aime

3

Dead Like Me
Nomenale
7

Critique de Dead Like Me par Nomenale

J'ai pris beaucoup de plaisir sadique à regarder ce bijou d'humour noir et à tenter de deviner la façon dont telle ou telle personne allait mourir... L'idée de départ est originale, les personnages...

le 12 nov. 2012

8 j'aime

1

Du même critique

Buried
LeBlogDuCinéma
10

Critique de Buried par Le Blog Du Cinéma

Question : quels sont les points communs entre Cube, Saw, Devil, Frozen et Exam ? Ce sont tous des films à petit budget, dont le titre tient en un seul mot, et qui tournent autour du même concept :...

le 21 oct. 2010

43 j'aime

4

The Big Short - Le Casse du siècle
LeBlogDuCinéma
7

Critique de The Big Short - Le Casse du siècle par Le Blog Du Cinéma

En voyant arriver THE BIG SHORT, bien décidé à raconter les origines de la crise financière de la fin des années 2000, en mettant en avant les magouilles des banques et des traders, on repense...

le 16 déc. 2015

41 j'aime

Un tramway nommé désir
LeBlogDuCinéma
10

Critique de Un tramway nommé désir par Le Blog Du Cinéma

Réalisé en 1951 d’après une pièce de Tennessee Williams qu’Elia Kazan a lui-même monté à Broadway en 1947, Un Tramway Nommé Désir s’est rapidement élevé au rang de mythe cinématographique. Du texte...

le 22 nov. 2012

36 j'aime

4