Death Note
7.9
Death Note

Anime (mangas) NTV (2006)

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Je tiens premièrement à dire, pour avoir suivis la version papier et la version animée, que je reconnais le travail graphique, esthétique et singulier de l'univers Death Note.
Ma critique est d'ordre subjective et ne constitue pas un absolue, dans la mesure où chacun est en droit de penser et ressentir les choses à sa manière.
Je dois avouer que j'attendais beaucoup de Death Note, peut-être trop, tant je l'avais entendu se faire encenser. Pourtant ce dernier constitue pour moi une douce déception, ni plus ni moins.
Je vais donc rédiger ma critique en développant point par point les différents défauts que j'ai pu trouver à ce que certains nomme une "claque monumentale".


Premièrement, l'histoire en elle-même laisse à désirer. Je ne parlerai pas du concept surréaliste car l'originalité du projet est tout de même intéressante. Un monde de Shinigami (Dieux de la mort) condamner à se faire royalement chier pour l'éternité grâce à leur Death Note, et un protagoniste décidant de s'amuser un peu en laissant tomber la sienne dans le monde des humains.

Par le plus GRAND des hasard, cette dernière se retrouve dans les mains d'un jeune étudiant, fort d'intelligence et rempli d'amertume envers un monde monstrueusement sombre. En même temps, il faut bien développer une histoire, ce qui aurait été difficile avec un(e) héros(ïne) idiot(e). Mais que dis-je héros ? Non, Death Note c'est avant tout l'archétype même de l'anti-héros, ce qui m'amène à parler des morales sous-jacentes qui peuvent être interprétées.
Quand on regarde DN, et si l'on fait abstraction de l'interminable "blabla" pseudo-intellectuel des dialogues, on retrouve quand même différentes critiques sur la nature humaine et questions éthiques. Y a-t-il un droit à tuer ? Le mal doit-il être combattu par le mal ? La justice est-elle une notion d'ordre universelle ? Peut-on l'imposer ? Ou encore à vouloir combattre le monstre il faut faire attention à ne pas en devenir un (raté pour Kira), etc. Cependant la morale se perd, à mon goût, au fur et à mesure que l'histoire se développe. On assiste alors à un interminable combat entre deux grands cerveaux (L et Kira), qui chacun a un sens de l'anticipation sur l'action de son adversaire extraordinaire mais pour le coup peu crédible. D'autre part, plus qu'un combat pour sa vision de la justice, on assiste en fait à une guerre purement orgueilleuse, tant l'égocentrisme de chaque personnage atteint un paroxysme inégalable. Doit-on peut-être comprendre de ça que l'Homme est avant tout un être égoïste ? Question qui mérite réflexion, je ne pense pas que cette œuvre en soit le meilleure reflet de part son aspect unilatérale et son penchant pour la diabolisation de l'Humanité.
Plongé dans une angoisse permanente notre cher anti-héro trouvera du moins toujours le moyen de s'en sortir.


Ce qui nous amène à mon second point, essentiellement accès sur le personnage de Light. Il nous est au début présenté comme un personnage ennuyé par ce qui l'entoure et spectateur d'un monde malade qui le dépasse. Être de raison et de logique, il se retrouve lié à un univers incroyable au travers d'un pouvoir des plus pratique. Pratique car le fameux cahier n'est à aucun moment présenté à hauteur de ses actes néfaste, perçu comme il devrait l'être : une arme de destruction. Finalement on ne prend pas réellement conscience de la gravité du meurtre de par la banalité de l'arme, ce qui est intéressant mais insuffisamment approfondit, relégué au second plan pour laisser place à un Light mégalomane. Le personnage n'évolue que dans un sens jusqu'à atteindre le point de non retour, allant jusqu'à commettre le parricide. Il ne fait que sombrer dans la folie convaincue jusqu'à la fin du bien fait de ses actions. En plus de le rendre particulièrement pathétique, cette pâle copie d’Œdipe à l'inverse de ce dernier ne prendra pas conscience de la démesure dont il fait preuve, se complaisant à priori dans le déni le plus profond. J'aurai en effet apprécié un certain électro-choc, un rappel à la réalité pour la mort de Light, ce qui l'aurait rendu plus dramatique et moins pitoyable. J'aurai souhaité un mélange du Light conscient d'être Kira et de celui ne l'étant pas, développer pour rien au final pendant une partie de l'histoire. Par ailleurs, malgré son baratin à rallonge ce n'est pas à lui, ni à aucun des autres personnages, que j’attribuerai la palme de l'intelligence mais plutôt celle de la fausse prétention.


Finalement je terminerai sur le seul point positive de cette série (justifiant en parti le 4/10), qui est pour moi le personnage de Ryuk. Bien que censé être un des protagonistes principaux et à mon sens moteur même de l'histoire, je regrette sa quasi inexistence. Moralisateur malgré lui, il a une position neutre sur le cours des événements n'étant que simplement amusé par l'espèce humaine qu'il qualifie souvent d'« intéressante ». Car finalement c'est l'un des seul dialogue qu'on lui accorde, à mon plus grand regret. Sorte de Socrate modernisé, il offre un côté sarcastique au récit, faisant appel le plus souvent à un questionnement et pratiquant une certaine forme d'ironie. Cependant de part le peu d'approfondissement qui lui est accordé, on ne prend pas suffisamment conscience de l'apport morale dont il fait preuve. Rappelant dans ses dernière parole (« On s'est bien amusé hein ? ») l'insignifiance de l'Homme, il propose un réel regard critique sur la nature humaine malheureusement gâchée par un auteur qui a préféré mettre en avant une sorte de parti d'échec interminable au détriment de la morale censée être véhiculé. Car oui, au fond tout ça ne ressemble qu'à un jeu où l'on attend avec ennui de savoir qui en ressortira victorieux.


En conclusion, je recommanderai tout de même cet anime aux amateurs de la Japanimation, pour son aspect visuel soigné et son originalité. Les thèmes musicaux sont par ailleurs très appréciables et la série en elle-même regardable à condition d'être bien réveillé.


PS : Vous aimez les œuvres d'Obha et Obata ? Retrouvez dorénavant ma chroniques sur Platinum end : https://youtu.be/KTzPA1JYqno


Matane !

PaulineDMR
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le 23 janv. 2016

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PaulineDMR

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