Chapitre 1: Matt Groening ? Moui bon, pourquoi pas.
Honnêtement, le travail de Matt Groening ne me fait ni chaud, ni froid. Certes les Simpson sont une référence dans le monde des séries d’animation, devenue culte, mais je n’ai pas nécessairement une grande attache avec cette série. J’ai bien passé mes soirées dessus le samedi soir sur W9, comme beaucoup de jeunes de ma génération. Puis j’ai complètement oublié cette série, puisque la plupart des épisodes sont oubliables, je passais relativement un bon moment devant, mais c’était surtout pour avoir un bruit de fonds entre deux étoiles de Mario 64DS. Je connaissais de nom Futurama, mais je n’avais jamais regardé, pas envie, pas attiré, l’univers ne me parlait pas, les personnages non plus, et surtout, je n’y avais pas accès, mon premier abonnement streaming je l’ai eu courant 2020, et pour chopper les épisodes de Futurama sur la TNT, bonne chance…
Du coup, bien que je connaisse le monsieur de nom et avec quelques épisodes d’une série adulée par la critique que je trouve relativement quelconque, je n’attendais rien de Désenchantée. Pourtant, le côté parodie de monde de conte de fée m’attirait, inexplicablement, le trio de tête m’avait l’air tout à fait sympathique, et surtout la distribution VF (Eric Lemoine pour ne citer que lui) me donnait énormément envie.
C’est donc avec aucune attente que j’ai lancé le premier épisode de la série, sans autre ambition que d’avoir un petit passe-temps dans les transports en commun.
Chapitre 2 : L’humour est une question de subjectivité.
Rarement ais-je failli hurler de rire dans un bus à cause de répliques et de jeux de mots à la con, et pourtant Désenchantée a failli m’en arracher bon nombre… Ne serait-ce que les noms de certains personnages (Homer et Dalors, pour ne citer qu’eux), qui permettent de nombreuses blagues (Lucy in the sky with diamonds, en vf), où le trope de rajouter des O aux personnages elfiques ou humains (Sorcerio, Choquo, Elfo, Fugo), c’est con, c’est simple, mais qu’est-ce que ça marche ! La VF est d’une excellente facture, le travail d’adaptation est vraiment bien fait, ce qui permet des références et des blagues qui ne fonctionnent qu’en VF. Donc pour l’humour, c’est quasi un sans-faute, mention spéciale aux monologues particulièrement long dans le malaise (influence d’Eric André ?), ou les répliques cinglantes et assassines de lucy, le personnage joué par Eric Lemoine (« Certains dirons que ses appels aux secours étaient des appels aux secours, moi je dirais juste qu’elle faisait son intéressante ») qui m’ont fait éclater de rire plus d’une fois. Suis-je bon public ? Peut-être, mais je trouve qu’il y a quand même une certaine subtilité dans l’humour parfois un peu con, parfois un peu enfantin dans la série, mais qui, curieusement, m’ont fait penser plus d’une fois à Kaamelott dans le genre. Pourtant, tout ne fait pas mouche, loin de là.
Elfo me tape sur les nerfs, surtout ses interventions particulièrement lourdes sur tout ce qui porte au sexe, mais c’est le personnage qui veut ça (et qui se fait souvent reprendre là-dessus, donc d’un autre coté...). Parfois, malheureusement, l’humour ne m’atteint pas, mais ce n’est pas grave, je trouve mon compte avec d’autres personnages dans la série. Même dans Southpark, Cartman me gave souvent, sans me faire rire, mais la série n’en est pas mauvaise pour autant. En ce sens, je trouve injuste que l’on juge la série avec la critique du « je n’ai pas rigolé A CHAQUE MINUTE, du coup ce n’est pas une bonne série, parce que dans les autres séries de Groening, j’ai rigolé à chaque minute », ce n’est pas nécessairement une critique valide. D’autant que, à mon sens, la série, au fur et à mesure des saisons, n’avait pas nécessairement prétention d’être constamment une série d’humour…
Chapitre 3 : La continuité narrative.
Désenchantée, contrairement aux Simpson, à des enjeux. Les changements dans l’univers sont permanents (saufs pour certains personnages secondaires, servant de running gag dans plusieurs épisodes, balcon et flèche en feu, par exemple). Cela étant, les ficelles sont parfois grosses (la mère de Bean qui revient 26 fois, ainsi que son oncle et sa tante, ça devient presque risible par moment, et forcé narrativement), mais à ses exceptions près, la mort est permanente dans Désenchantée, surtout quand elle est montrée. A ce titre, certains éléments de Désenchantée sont beaucoup plus adultes que les autres séries de Groening, drogue, sexe, alcool, dépression, maladie mentale, des thèmes parfois présents dans les Simpson, mais beaucoup plus exploitées et mise en scène dans Désenchantée. L’alcoolisme rampant de Bean, matérialisée littéralement par un démon, l’addiction à la drogue d’Ouna, la dépression de Dereck (me dite pas qu’il n’est pas dépressif ce petit), l’arc du syndrome post traumatique de Zog, premier personnage à se remettre entièrement en question dans la série et à subir un changement drastique dans son comportement (ce qui fait que, pour moi, c’est le meilleur personnage de la série pour l’instant). Plus lentement que Zog, Bean, la personnage principale de la série, change pour devenir plus indépendante, plus intéressante qu’au début de la série. A ce propos, au fur et à mesure des saisons, l’humour prend de moins en moins de place, les personnages se développent un peu plus, l’histoire se construit très (trop ?) lentement, l’univers se construit petit à petit, et de plus en plus d’intrigues s’ajoutent (la terre perdue des elfes, la mère de Bean en enfer, le complot de Steamland, etc…), rendant l’histoire parfois confuse, mais toujours (étrangement) cohérente avec son univers. En ça, la construction en « chapitre » de la série fait que chaque épisode est relativement distinct avec le précédent, retranscrit dans la durée des épisodes, certains vont durer simplement 18 minutes, d’autres 28, 25, etc… Ce qui fait que, narrativement, la narration reste cohérente, comme un livre, où des chapitres vont être plus long, d’autre plus courts.
Chapitre 4 : Une animation, parfois aux fraises, parfois exquise.
En parlant de chapitres plus courts, l’animation. Sans trop m’attarder, la série souffre cruellement d’un manque de budget dans le département de l’animation. La série est relativement belle, malheureusement l’animation est très rigide, très statique, et la 3D (pour les plans avec le château par exemple) est parfois très visible (des extraits que j’en ai vu, je trouve la 3D plus subtile dans Futurama). Cependant, certains passages sont visuellement intéressants, les délires sous acides de Bean en sont le parfait exemple, là ça bouge, c’est dynamique, les couleurs sont chatoyantes, l’animation est beaucoup plus fluide, et c’est dans ces moments que les animateurs se font particulièrement plaisirs. Ils sont peu nombreux, mais mémorables.
Conclusion.
C’est bien plus profond que ça en a l’air, ce n’est pas une série pour tout le monde, ce n’est pas révolutionnaire, mais j’ai passé un bon moment.
7/10.