Je n’écris jamais d’avis, mais cette fois-ci, je vais le faire. Pour toutes celles et tous ceux qui, comme moi, en regardant les huit épisodes de "Désordres", ont ressenti une connexion avec les douleurs et le chaos que peut nous faire traverser l’angoisse existentielle, l’angoisse silencieuse, l’angoisse parfois toute petite que l’on peine à remarquer, que l’on masque sous des rires et des non-dits, mais qui finit toujours par nous faire exploser en mille morceaux, et nous oblige à tout reconstruire, encore et encore. Et encore.
Alors oui, "Désordres" n’est pas une série avec beaucoup de rebondissements, du suspense, de l’humour à s’en plier en deux, et ce n’était pas le but, d’un point de vue qui m’appartient, bien évidemment.
On suit le quotidien d’une femme, qui, oui, gagne très bien sa vie, qui est entourée de proches qui l’aiment, qui habite dans un très grand appartement parisien, et qui vit des galères qu’on pourrait croire banales et sans intérêt. Si c’est comme cela que vous voyez les choses, pour moi, vous passez à côté de toute la matière que nous offre "Désordres".
J’ai vu, pour ma part, une femme qui, en proie à des angoisses et des peurs qu’elle-même ne comprend pas et qui logent au creux de son ventre depuis des années, se bat pour ne pas retomber dans la douleur indescriptible que peuvent être la dépression et la perte de sens de sa propre existence. Tout en nous faisant, au fil du temps, comprendre que c’est une part de nous et que la détester serait haïr tout ce qui nous appartient.
Notre vie est faite de connexions ; nous n’avons pas le pouvoir de choisir les meilleures parties de nous-mêmes et d’enterrer celles qui nous terrifient loin de nous. C’est là que se passe un long processus qui dure au-delà de la vie.
Florence Foresti n’aurait sûrement pas voulu qu’on voie la femme qui a tout pour elle et qui n’a plus qu’à vivre une existence sans vague, heureuse à jamais. Et surtout, qui n’a pas le droit de souffrir ou de se plaindre.
Avant d’être catégorisés dans des classes sociales, nous sommes des êtres humains, et on fait tous ce qu’on peut pour vivre avec tout ce que ça représente.
Merci à toi, Madame Foresti, d’avoir réussi à faire une série sur le quotidien que l’on vit tous (mais qu’on déteste regarder), tout en faisant passer autant d’émotions dans chaque moment du processus de guérison, et du courage qu’il faut pour se sortir des bras de la douceur que peut nous faire miroiter la mort.
Prenez soin de vous ; avoir la force de vivre est déjà inestimable