Mais comment ai-je fait pour ne pas regarder plus tôt cette excellente série ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, après être sortie sur Hulu où je n'avais aucune chance de la voir, elle est à présent disponible sur Disney +.
On est pourtant loin du divertissement familial, ou de Mickey, Pluto et Dingo.
Toutes proportions gardées Dopesick, c'est le Chernobyl de l'épidémie qui fait – encore – rage aux États-Unis, l'Erin Brokovich des opioïdes, le Dark Waters du flot boueux charriant les victimes de ces painkillers.
Qui ne portent pas pour rien le nom de killers.
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Depuis un certain temps, la mort de Michael Jackson par excès de fentanyl je pense, je suis sensible au sujet des ravages des opioïdes aux États-Unis, équivalent à ceux de l'alcoolisme en Russie.
Autrement dit, des ravages dignes d'un pays sous-développé, dénué de système de santé, d'intervention des pouvoirs publics, et qui laisse prospérer sans contrôle des firmes pharmaceutiques manipulatrices et roublardes, dont le seul objectif, au prétexte de santé, est : le fric à tout prix.
Quand bien même cela signifie s'enrichir sur un monceau de cadavres.
Le plus impressionnant dans cette série, récit d'une enquête menée par des procureurs opiniâtres contre la firme toute-puissante, c'est à quel point ils sont démunis de moyens d'action pour, même pas faire condamner l'entreprise, mais seulement encadrer son activité.
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J'aimerais parler des acteurs, ou du moins rappeler leurs noms. Michael Keaton, à son meilleur comme dans Spotlight, en médecin démarché par le commercial de la firme Sackler, qui prescrit à ses patients la dope dont il sera lui-même accro ; Rosario Dawson, ma chérie, mon amour, épouse-moi, dans le rôle de l'enquêtrice tenace de la Drug enforcement administration (DEA) ; et les acteurs jouant les deux procureurs adjoints, ainsi que leur US attorney, dont les noms ne sont pas connus, mais qui sont remarquables.
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La victoire à la Pyrrhus sur laquelle s'achève la série — et qui n'est sans doute pas le dernier épisode de la série, de la terrible litanie de morts qu'ont entraînée les actes de dealers en col blanc —, cette conclusion, parce qu'il faut bien conclure, témoigne du fait qu'en aucun cas la hiérarchie de la firme Sackler — par ailleurs, une famille de riches mécènes d'art, dont une aile du MET porte le nom —, ni en particulier le PDG n'ont été seulement inquiétés, mis en cause, ou même à tout le moins appelés à témoigner devant un jury.
La seule condamnation obtenue l'est au titre des pratiques commerciales trompeuses de Sackler industries. Les chefs d'empoisonnement ou de mise en danger de la vie d'autrui n'ont même pas été retenus.
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La justice a litigated : une amende monumentale de plus d'un demi-million de dollars pour que cessent les poursuites.
Un demi-million.
Entre 1999 et 2018, selon le CDC (Centers for disease and prevention), un demi-million d'Américains sont morts d'une overdose causée par des opiacés.
Sackler a donc payé plus ou moins un dollar par mort de son produit.
Le nombre de victimes a connu une hausse exponentielles depuis 2016-2017.
L'Oxycodone, lancée par Sackler en 1995, est responsable de la majeure partie de ces morts.
Le Canada a interdit cette substance à partir de 2012.
Aux États-Unis, le meurtrier court toujours.