Une myriade de chefs-d'oeuvre subversifs et poignants

Je vois à la note générale attribuée à cette émission que l'immense majorité des gens n'a malheureusement rien compris aux oeuvres audiovisuelles d'EnjoyPhoenix.


EnjoyPhoenix propose au spectateur un nombre colossal de vidéos, qu'elle sort à une fréquence très élevée. Elle y présente des produits en tout genre : produit de beauté au sens large, de décoration intérieure, de cocooning, etc.


Alors, voilà. Le travail d'EnjoyPhoenix est considéré comme superficiel, touchant uniquement les adolescentes mal dans leur peau. On dit qu'elle pratique le placement de produits à outrance. Que son travail est exclusivement centré sur sa propre personne. Et plus généralement, que son niveau intellectuel est proche de celui d'un fruit de mer quelconque.


Mais ces critiques sont largement infondées.


Derrière son air simplet et son visage si maquillé qu'il ressemble à une patinoire, EnjoyPhoenix propose en réalité une critique acerbe de la société du consumérisme à outrance. Son personnage est une caricature satyrique de la célébrité, de la beauté, et du consommateur moyen. Son amour affiché du maquillage est une critique de la société de l'apparence dans laquelle les capacités intellectuelles des individus sont sapées par une publicité vampirique. Cette thématique de la publicité est par ailleurs centrale ; ce qui est parfaitement montré par ses placements de produits à répétition. Ceux-ci sont suffisamment subtils pour avoir l'air "réels", mais aussi, pour qui sait ouvrir l'oeil, largement grossiers et graveleux.


Outre le maquillage, EnjoyPhoenix a créé une web-série de "vlogs", dans laquelle on suit les aventures d'une jeune femme aspirée par la célébrité malgré son absence de talent quelconque. La vacuité de ses activités, de ses rencontres, et de ses amitiés est révélatrice d'un mal-être social profond et angoissant. Au fil des épisodes, la série dessine un paysage superficiel à outrance, fait de faux-semblants et d'hypocrisie. Cette pâleur est subtilement évoquée par le montage : lent, mal rythmé, qui crée la sensation d'un monde malsain et terne.


Il est clair à mes yeux que le style développé par EnjoyPhoenix ouvrira la voie à une nouvelle forme de docu-fiction. Son style comme le contenu qu'elle propose fait appel à l'intelligence du spectateur et à son esprit critique et ses capacités d'analyse.


L'Histoire finira pas reconnaître cette grande dame comme un génie. Un génie avec des années-lumières d'avance sur son époque, comme Picasso, Mozart, ou Van Gogh en leur temps.

ImBatman
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le 26 févr. 2016

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