Rabbit hole (saison 1)

En 1999, une classe de bacheliers en pleine célébration de leur diplôme se volatilise dans la nature. Seuls trois élèves et le chauffeur de leur bus plongé dans le coma sont retrouvés, les premiers sont incapables d'expliquer la disparition de leurs camarades.
Vingt-et-un ans plus tard, Astrid, une animatrice radio et sœur cadette d'une disparue, reçoit l'appel confus d'un des survivants qui rouvre ses blessures d'enfance. Pour comprendre et surtout guérir, elle décide de mener ses propres investigations sur ce mystère toujours irrésolu...

Adaptée d'un podcast, cette série danoise séduit évidemment par l'aura énigmatique de cette incroyable disparition que personne ne parvient à expliquer par des moyens rationnels. Jouant plutôt bien sur l'atmosphère troublante qui en découle, "Equinox" va peu à peu lever le brouillard autour de cette affaire en s'aventurant sur le terrain de la folk horror, terreau parfait pour mettre en valeur la quête métaphorique de son héroïne.
Rongée par la douleur d'un passé trop longtemps éludé, Astrid va se retrouver confrontée au véritable sens de ses souvenirs et des non-dits éprouvants qui les ont gouvernés durant toute son existence. En faisant rebondir le passé au présent par des éclairages en forme de flashbacks, "Equinox" s'empare donc plus globalement de sa trame fantastique pour faire éclater symboliquement bon nombre de traumatismes refoulés liés à l'enfance ou à l'adolescence, véritables freins à une possible sérénité, et révéler la faute de ceux qui auraient pu les empêcher.

Certes, le fond du discours et la manière de l'amener n'ont rien de nouveau mais c'est finalement là que "Equinox" s'en sort le mieux, surtout dans la progression de ses flashbacks qui vont amener de véritables fulgurances (le passage en forêt de la mi-saison en premier lieu, bien sûr, mais on peut aussi citer tout ce qui se passe autour de la petite Astrid déchirée entre ses parents) et leur entremêlement avec le présent (même si elle est attendue, la conclusion est réussie en ce sens et cohérente avec le propos la série).

Seulement, alors qu'elle s'étale sur six épisodes, "Equinox" donne l'impression d'en durer bien plus. La faute en revient principalement à son format d'enquête qui voit Astrid ricocher perpétuellement d'une demi-vérité vers un demi-mensonge dans l'attente qu'un(e) autre soit révélé(e). Le procédé a beau faire illusion dans les contours encore flous du mystère, lorsque les grandes lignes de celui-ci sont connues, la redondance de cette mécanique artificielle n'en est que plus flagrante, se perdant entre certaines facilités sur l'obsession d'Astrid, des twists en forme de tampons avant la révélation finale et des personnages qui préfèrent toujours brouiller inutilement les pistes plutôt que d'en être les guides. C'est bien simple, si l'on devait débarrasser "Equinox" du superflu scénaristique qui semble n'être présent que pour temporiser les événements, il est fort probable que quatre épisodes auraient amplement suffi à nous raconter toute cette histoire sans que sa qualité de fond ne s'en retrouve entachée.

Si ça avait été le cas, peut-être que son ultime séquence, à la fois point final et possible ouverture à une suite, nous aurait donné envie d'en savoir plus en cas de deuxième saison mais "Equinox" a hélas choisi de trop faire durer les choses pour que l'on ait à coeur d'y revenir plus tard...