J’attendais Families Like Ours avec impatience. Grand admirateur de la filmographie de Thomas Vinterberg, je comptais sur lui pour livrer une œuvre à la hauteur de ses précédents travaux. Et si le pilote tient cette promesse, la suite laisse un goût amer.
Un départ prometteur
Le premier épisode est sans doute ce que la série a de plus réussi. Vinterberg y installe les bases avec justesse : une atmosphère sobre, un ton émotionnel mesuré, et surtout, une idée forte : la fermeture du Danemark qui sert d’élément perturbateur à fort potentiel. Cette décision politique/climatique fictive ouvre la porte à des questionnements cruciaux sur la migration, l’appartenance, et le déracinement. On sent le souffle d’un grand récit, à la fois intime et politique.
Une suite en perte de repères
Malheureusement, passé ce premier épisode, le récit perd en cohérence. Les personnages, pourtant bien posés au départ, se diluent progressivement dans un scénario qui semble hésiter sur la direction à prendre. Certains disparaissent tout bonnement sans explication, d’autres voient leur arc narratif se clore de façon précipitée ou complètement arbitraire. Les intrigues secondaires s’empilent sans jamais vraiment converger, et les résolutions, quand elles existent, manquent cruellement d’impact.
Un regard trop confortable sur un sujet brûlant
Mais ce qui dérange le plus, c’est le traitement de fond. Vinterberg adopte ici un point de vue résolument bourgeois sur la migration. Les trajectoires de ses personnages, souvent confortables voire privilégiées, tranchent totalement avec la réalité brutale des migrations contemporaines. Les risques, les dangers, les barrières administratives ou culturelles, et surtout la réception dans les pays d’accueil, sont à peine effleurés. Tout paraît lisse, invraisemblable, presque aseptisé. On suit des familles qui traversent l’Europe comme on part en Erasmus, sans jamais se confronter à la violence systémique du déplacement forcé.
Un geste artistique qui sonne faux
En fin de compte, Families Like Ours donne l’impression d’un projet déconnecté de son sujet. Vinterberg ne prend jamais le risque de salir son regard, de faire entrer le chaos ou la peur dans son récit. Le résultat, c’est une série qui, au lieu de donner chair à l’exil, en offre une version édulcorée, trop lisse pour être crédible, trop propre pour être vraiment sincère.