Fargo, un récit noir sur blanc.
En 1996, le chef-d'oeuvre des frères Coen avait marqué les esprits tant il dépeignait de façon grinçante la complexité des relations humaines/amoureuses. Ancré dans un univers isolé et sans repaire, ce film réussit malgré tout à plonger son spectateur dans une réalité indescriptible.
Sans qu'elle soit une évidence, la série Fargo n'était pas non plus quelque chose d'impensable. Le grand boum des séries télévisées lancé il y a plus de 15 ans par HBO poursuit son chemin, se développe et donne le meilleur de la télévision. AMC, Showtime, Netflix ou encore FX, les chaînes proposant un contenu original permettent aussi à de grands noms du cinéma de tenter de nouvelles choses. Joel et Ethan Coen participe donc à cette génération d'excellence en portant la casquette de producteur exécutif, tout en laissant la réalisation à Noah Hawley.
Cette sois-disant histoire vraie se déroule en 2006, dans le Minnesota.
Lester Nygaard est un éternel looser. Difficultés financières, problèmes de couples, humiliation constante, son quotidien va véritablement changer lorsqu'il aura l'opportunité de faire un choix qui n'est pas sans conséquences. S'en suit alors un labyrinthe sans fin, entremêlé de situations drôles/gênantes et de personnages atypiques. L'ambiance créée par les frères Coen 18 ans plus tôt reste intact et parfaitement adapté au format série. La neige présentée comme une force extérieur et handicapante, symbolisme d'un problème de communication entre les différents individus (père/fille, frères/soeurs, femmes/hommes...) est toujours au centre des questionnements. Tout comme l'aspect bivalent qui réside dans la structure des relations. Chacun dispose d'un double, d'un alter-ego. En outre, elle amène aussi le spectateur à se poser la question sur ses propres décisions, qui peuvent nous permettre de ne pas suivre "le bon sens" et donc, par extension, de se rapprocher du modèle du marginal.
Au milieu de ce troisième âge d'or des séries télévisées, Fargo réussit à se trouver une place de choix. Sa force est de réussir à ne pas dénaturer le matériau original tout en l'adaptant à un format qui peut sembler dangereux. De plus, les thématiques abordées offrent à la série une dimension universelle et ce, malgré une violence décomplexée.