Fleabag est une trentenaire paumée qui ne sait où donner de la tête, entre son café qui ne rapporte pas un radis, sa vie amoureuse dissolue sans oublier le sexe en berne. Ne parlons même des rapports familiaux, entre sa sœur orgueilleuse, son père soumis et sa belle-mère méprisable derrière son sourire carnassier. Heureusement, Fleabag conserve son humour infaillible face aux mésaventures qui ne vont pas manquer de lui arriver...
Une très belle découverte qui est d'autant plus agréable qu'elle se limite à deux saisons. L'actrice/scénariste Phoebe Waller-Bridge adapte sa pièce du même nom, et la transposition fait merveille sur le format télé. 12 épisodes de 25 minutes, comptez au moins une dizaine d'éclats de rire pour chacun d'entre eux. La série n'ambitionne pas de révolutionner le genre, elle arrive pourtant à lui donner de toutes nouvelles couleurs en prenant son public à partie, lors des réflexions ou commentaires (toujours piquants) de son héroïne.
La grande force de Fleabag est d'arriver à abroger cette frontière de genre tout en parvenant à rendre limpide ce qui la caractérise. Ça faisait longtemps que je n'avais pas autant ri devant le petit écran. Tout cela tient à cette acuité dans l'écriture, qui parvient à créer des archétypes solides en un épisode à peine, pour mieux les déformer dans les 11 qui vont suivre. Et à ce casting aux petits oignons (Sian Clifford, Olivia Colman, Brett Gelman, Andrew Scott,...).
Mais les remerciements convergeront forcément vers Phoebe Waller-Bridge, aussi à l'aise à la plume qu'à l'écran, resplendissante à chaque minute, chaque regard et à chaque intonation.
Deux saisons qui se dévorent en une demi-journée, parfaitement assaisonnées d'un humour irrésistible et d'un casting succulent.
Une chronique douce-amère mais sacrément drôle d'une paumée, avec laquelle je gambaderai des heures sans me soucier où tout cela mènerait. La créatrice a bien insisté sur le fait que Fleabag s'en tiendrait à deux saisons, ce qui est tout à son honneur. La série aurait pu continuer, vu son efficacité à se saisir de l'ordinaire pour le rendre extra-ordinaire. Mais le risque étant de rabâcher les mêmes thèmes et problématiques, deux suffisent amplement.