Flesh and Bone
7
Flesh and Bone

Série Starz (2015)

En débutant une série qui se focalise sur le milieu de la danse, qu'elle soit classique ou moderne, j'ai toujours peur que l'on aille vers des personnages, des enjeux ou des situations clichés. D'ailleurs, très vite, sans les chercher, j'en ai repéré beaucoup. Les personnages me semblaient sans surprises : une protagoniste qui part de sa petite ville pour fuir un cadre familial violent et réussir à New York, les danseuses qui se tirent dans les pattes, le premier rôle masculin qui couche avec tout ce qui bouge tandis que tous les autres sont a priori gays, la prof de danse impitoyable avec un fort accent et un chien minuscule soigneusement toiletté, le pianiste raté, le directeur lunatique et tyrannique, le sdf un peu poète à ses heures qui regarde les jolies ballerines monter vers leur appartement tandis qu'il reste sur le trottoir (et qui se nomme Roméo...). J'étais même un peu surprise de la façon dont la série s'est engouffrée et a mis en avant ces clichés au lieu de s'en cacher. Qu'à cela ne tienne, l'image était belle, j'étais accro à l'esthétique dès les premières minutes. Car elle avait le talent d'osciller entre des caractéristiques esthétisantes et des éléments à l'extrême inverse (de la même façon qu'est construit le générique avec, par exemple, des images dansées qui entourent celle de deux pigeons en train de copuler sur un trottoir). Alors je me suis laissée porter malgré ce que mon esprit critique me soufflait... Et tant mieux ! Car si ces personnages répondent initialement à des stéréotypes, ils gagnent peu à peu en profondeur jusqu'à paraître complètement uniques. La série prend juste assez de temps pour que l'on puisse avoir un peu d'empathie pour chacun. Aussi, les enchaînements de situations créent finalement un univers complexe qui brise tout manichéisme pour mener à un certain désordre émotionnel. S'il y a un mot que j'utiliserais pour décrire cette série, c'est "audacieuse" : audacieuse dans sa façon de prendre les stéréotypes de son genre à bras le corps pour leur redonner de la contenance, audacieuse dans sa mise en scène de la violence et de la sexualité qui sont particulièrement réalistes mais qui arrivent tout de même à trouver un écho au sein de l'esthétique de la danse et audacieuse dans son utilisation de symboles qui, comme pour les personnages ou les lieux mis en scène (ballet, strip club, appartement new yorkais), sont très stéréotypés... On dépasse cependant rapidement le lieu commun lorsque la série exploite la symbolique jusqu'aux extrêmes de ses significations (un livre et des rêves d'enfant prennent finalement vie à leur façon, la ballerine de verre ou de cristal de la protagoniste prend toujours plus de sens au fil des épisodes...). La série construit un univers assez impitoyable par le biais des rapports très durs qu'entretiennent ses personnages, de ses soudains aperçus d'une réalité cruelle ou de des séquences tragiques (au sens littéral). Mais le spectateur reste parce qu'il est transporté par ce spectacle ambivalent. Alors il voit s'articuler les scènes dansées avec cette incroyable violence pour figurer les déchirements intérieurs des personnages qui renforcent cet univers en en appelant à ses élans d'empathie. De ces mouvements à la fois contradictoires et harmonieux, de ce chaos esthétique et cathartique émerge finalement la protagoniste devenue femme et le sentiment d'avoir un peu grandi avec elle.

Ingrid_Daniel
7
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2015

Critique lue 320 fois

1 j'aime

Ingrid Daniel

Écrit par

Critique lue 320 fois

1

D'autres avis sur Flesh and Bone

Flesh and Bone
claroushh
7

A corps perdu

Je ne peux pas croire que j'ai finalement vue cette série en trois jours, avec 6 episodes le 3e jour. Je n'aime généralement pas binge watcher les séries, car ça ne permet pas de digérer l'épisode...

le 11 nov. 2015

7 j'aime

Flesh and Bone
Celine_Online
9

Flesh and bone : des étoiles plein les yeux

Pourquoi devez-vous absolument vous laisser embarquer par Flesh and bone ? C’est simple. Déjà, c’est une minisérie, ce qui signifie qu’en 8 épisodes, vous aurez un début et une fin. Pas de...

le 16 déc. 2015

6 j'aime

1

Flesh and Bone
Krol
6

Critique de Flesh and Bone par Krol

Ce n'est pas souvent dans le paysage télévisuel, que l'on a droit à une série sur la danse, qui plus est, fidèle à cet art. Il ne suffit pas de savoir tourner 3 fois sur soi-même et faire un grand...

Par

le 6 avr. 2016

5 j'aime

8

Du même critique

Happy Christmas
Ingrid_Daniel
6

It's like, you know.. Real life, but like, interesting

Une jeune femme de 26 ans vient emménager chez son grand frère, sa femme et son enfant en bas âge. Elle est complètement immature et ne fait jamais de compromis à ce propos, ce qui pose des problèmes...

le 17 oct. 2014

2 j'aime

Horns
Ingrid_Daniel
4

Ça aurait pu être vraiment bien...

Idée de départ originale mais ce film aurait certainement gagné à être plus court. Il traîne parfois en longueur alors qu'il y avait matière à ce que cela soit plus rythmé. Aussi on peut être un peu...

le 10 oct. 2014

2 j'aime

1

GasLand
Ingrid_Daniel
7

Le vrai, le faux, l'important

J'ai beaucoup hésité à regarder ce film parce que je l'ai vu décrié par de nombreux détracteurs clamant que les faits relatés sont faux. Je n'avais pas envie de perdre mon temps à regarder un tissu...

le 15 janv. 2017

1 j'aime