Fringe
6.9
Fringe

Série FOX (2008)

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Qui aurait pu deviner où tout cela allait nous mener ? (spoilers)

Oui, Fringe commence comme une série un peu banale dans un univers SF, caractérisée par un fil conducteur très peu présent et des épisodes plutôt du type "standalone" … La comparaison avec X-Files semble inévitable, et pour ainsi dire, la série peut paraître de prime abord comme un réchauffé de son illustre prédécesseur. Il est vrai que sur la première moitié de la saison, la sauce a du mal à prendre. On ne s'attache pas immédiatement aux personnages et l'absence d'un vrai fil conducteur, en dehors de ce vague "schéma" dont on nous parle sans comprendre clairement ce dont il s'agit, n'aide pas vraiment.


C'est à peu près à la moitié de la saison que, personnellement, j'ai commencé à accrocher la première fois, et bien m'en a pris car, comme un bon vin, cela s'améliore avec le temps. En comparant la première et la dernière saison, on ne peut en effet que se rendre compte du chemin parcouru. Et même si on exclut cette dernière saison qui certes, est un peu à part (elle est elle-même extrêmement différente de la précédente), on ne peut pas contredire que rien n'aurait pu laisser présager où la série allait nous emmener. Indice : sur des terrains finalement bien loin de ceux explorés dans X-Files


Ainsi, après une saison 1 un peu longue à démarrer, on a une saison 2 qui devient déjà plus solide, même si la mythologie se construit toujours entre les lignes d'épisodes au format "standalone". Il faut dire qu'après les critiques que J.J. Abrams a dû essuyer sur le format de Lost, notamment sur le fait de ne pas pouvoir rater un épisode sous peine de perdre le fil, la volonté était ici clairement de permettre au spectateur occasionnel de pouvoir se divertir en suivant la série dans les grandes lignes avec des histoires indépendantes dans chaque épisode. Pour preuve, le fameux épisode 11 de la saison 2, écrit à la base pour la saison 1 mais non diffusé, trouve donc sa place dans la seconde saison lors de la diffusion TV (dans le DVD, il sera finalement placé en bonus), et même si on notera au moins une grosse incohérence dans la trame de la saison, il n'en reste pas moins vrai que l'épisode peut être regardé à part et qu'il n'était pas indispensable à la continuité de la première saison. Par ailleurs cette incohérence prouve à l'inverse que la mythologie, mine de rien, se construit. On commence notamment à nous parler d'univers parallèles et le sujet devient alors hautement intéressant.


La saison 3 poursuit l'arc initié dans la saison 2, tout en introduisant une grande nouveauté, puisque nos protagonistes vont avoir l'occasion de se confronter à des versions alternatives d'eux-mêmes issues de l'univers alternatif. L'occasion pour les acteurs de démontrer tout leur talent, en parvenant à insuffler une personnalité différente à leurs doubles. Dans cet exercice, une mention spéciale toute particulière se doit d'être attribuée à Anna Torv (Olivia) et John Noble (Walter). La première parvient à nous dépeindre une Olivia plus décontractée sans pour autant verser dans la caricature. Mieux encore, elle arrive aussi parfaitement à jouer une Olivia prenant la place de l'autre et essayant (plus ou moins maladroitement) de lui ressembler et vice-versa. Ainsi, même en ayant une apparence similaire à son double et en gommant certains traits de sa personnalité, on sait parfaitement, en tant que spectateur, à quelle Olivia on a réellement affaire, et ça c'est très fort ! Quant à John Noble, il était déjà excellent dans le rôle, la plupart du temps plutôt léger, du Walter que l'on connaît. Il va ici nous dépeindre avec brio une toute autre facette du personnage, particulièrement glaciale, à travers son double.


Ces doubles apparaissent ici clairement comme les antagonistes de la saison et nous réservent beaucoup de rebondissements, faisant de cette saison peut-être l'une des plus palpitantes, sans doute même le climax de la série. Les épreuves vécues par "notre" Olivia ne font par ailleurs qu'augmenter la sympathie que l'on commence à éprouver, depuis la demi-saison 1, pour ce personnage auquel on avait initialement peut-être du mal à s'attacher. On finit ici par être entièrement dévoué à sa cause et elle s'impose comme la grande figure charismatique de la série.


Après une excellente saison 3, la saison 4 va complètement nous dérouter en réécrivant toute l'histoire. Un pari osé qui ne sera pas, il faut l'avouer, une réussite totale. Le spectateur est désorienté, les explications arrivent au fil de l'eau et doivent parfois être prises pour acquises sans chercher plus loin, et du coup la dynamique mise en place notamment dans les deux saisons précédentes s'en trouve quelque peu interrompue. Pour autant, il sera toujours question d'enjeux autour des deux univers, et il reste intéressant d'observer le changement d'antagoniste et de se surprendre à finalement beaucoup s'attacher, cette fois, à la seconde Olivia, qu'on a pourtant tant détesté dans la saison précédente, confirmant au passage une fois de plus le talent et le charisme d'Anna Torv.


Ainsi, la fin de la saison parviendra à nous faire un bon pincement au cœur lorsque prendra fin cet important arc narratif sur l'univers parallèle, pour s'ouvrir sur un tout nouvel arc qui fera donc l'objet de la cinquième et dernière saison qui sera, comme on l'a dit plus haut, très différente et vraiment à part.


Pour clôturer la série, qui est déjà sur la sellette, la production a donc pu bénéficier de 13 nouveaux épisodes et a choisi de partir dans une toute autre direction, dont la saison 4 nous avait donné un aperçu sous la forme d'un épisode prequel. On se situe ici en effet dans une dystopie, un futur sombre contre lequel les protagonistes vont se battre en agissant au sein d'un groupe de résistants. Ici, le format "standalone", toujours sous-jacent dans la saison 4 malgré une mythologie désormais bien ancrée, est totalement abandonné. Loin du clone de X-Files de ses débuts, la série prend presque des airs d'un Prison Break futuriste (personnages en cavale, infiltration, jeu de piste, etc.) qui va s'avérer rapidement assez prenant. Ce nouvel arc, plus court, pourrait être perçu comme facultatif ; en effet, la fin de la saison 4 aurait en réalité tout à fait pu faire l'affaire comme fin de la série (en enlevant les amorces de la saison 5 bien entendu). Il n'en reste pas moins sympathique de retrouver nos personnages une dernière fois tout en leur offrant de nouvelles opportunités de creuser encore un peu plus leur personnalité, leurs émotions et leurs relations, et en leur offrant finalement un final encore meilleur.


Globalement, le ton général de la série est plutôt sombre et sérieux mais s'autorise quelques passages plus légers, voir humoristiques, qui sont les bienvenus, notamment autour du personnage de Walter, un peu cliché parfois (caricature du savant fou) mais finalement terriblement attachant et excellemment interprété par John Noble, deuxième grande figure charismatique de la série avec Anna Torv, sans aucun doute. Au niveau des autres personnages on retiendra également l’énigmatique et charismatique Nina Sharp, interprétée par Blair Brown, ou encore la très attachante (mais trop en retrait) Astrid (Jasika Nicole), dont le binôme avec Walter est très réussi et parfois touchant. Le personnage de Peter, pourtant central, est peut-être le moins réussi. Décrit au départ comme un surdoué au fort potentiel intellectuel, il nous démontrera certes qu’il est assez cultivé mais ses capacités intellectuelles soi-disant hors du commun ne seront pas vraiment exploitées. Il sera même parfois source d’agacement, notamment à cause de certaines de ces actions et décisions qui décevront à plusieurs reprises.


Fringe est donc une série finalement plutôt atypique, qu'il faut creuser un peu plus loin que la première saison pour en extraire toute l'essence et les atouts. La mythologie se construit doucement mais sûrement vers des thématiques initialement insoupçonnées, qui prendront de plus en plus d'ampleur et s'avéreront très prenantes, pour se clore joliment sur une saison très différente mais non moins intéressante. Une série, assez courte en termes de nombre de saisons qui aura néanmoins su me marquer, malgré les quelques petites réserves évoquées, et qui, même après un second visionnage, restera une de mes séries cultes.

Evanizblurk
9
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Créée

le 1 mai 2021

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Evanizblurk

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